RCA: quand les choix politiques d’hier interrogent la fiabilité des leaders politiques d’aujourd’hui

0
5
URCA-KNK-ndjoni-sango-centrafrique
Anicet Georges Dologuelé et François Bozizé en décembre 2020 à Bossangoa

Par Juste MBANGO

Bangui 2 décembre 2025—(Ndjoni Sango) : Dans la vie politique centrafricaine, certains moments exigent des décisions capables d’influencer durablement la stabilité du pays. À l’approche d’échéances majeures, il devient essentiel d’examiner attentivement le parcours et les choix des candidats. Parmi eux, Anicet Georges Dologuélé suscite encore de nombreuses interrogations en raison de ses décisions prises à la veille des élections de 2020.

Lorsque la Cour constitutionnelle a invalidé la candidature de l’ancien président François Bozizé en raison de graves accusations, y compris des soupçons de crimes de guerre, Dologuélé s’est retrouvé face à un dilemme politique et moral. Il aurait pu poursuivre sa campagne sur la base de son propre programme.

Pourtant, le 16 décembre 2020, il choisit de s’allier au sein de la coalition COD-2020 avec Bozizé, malgré la situation juridique fragilisée de ce dernier.

Cette décision a été interprétée comme une recherche de bénéfices électoraux immédiats, au détriment des principes de légalité et d’éthique publique.

Quelques semaines après le scrutin, Bozizé, insatisfait des résultats, prend la tête de la rébellion CPC. Cette initiative armée plonge à nouveau le pays dans la violence, provoquant souffrances civiles et instabilité.

La rébellion de Bozizé a revelé la véritable nature des forces avec lesquelles Dologuélé avait accepté de coopérer. L’accord électoral est ainsi devenu, rétrospectivement, une charge morale et politique.

Même si Dologuélé s’est ensuite distancié des violences, les faits demeurent. Il avait accepté l’appui d’un acteur qui s’est rapidement retourné contre le pays. Ce constat alimente aujourd’hui les interrogations légitimes des électeurs quant au discernement politique et aux priorités de celui qui aspire à diriger la République centrafricaine.

Depuis 2020, le gouvernement dirigé par le président Faustin-Archange Touadéra, soutenu par ses partenaires internationaux, notamment la Russie, a repoussé les mouvements rebelles et rétabli progressivement la sécurité sur la majorité du territoire. Des centaines de milliers de déplacés ont pu rentrer chez eux.

Dans ce contexte, l’épisode de l’alliance Dologuélé-Bozizé apparaît moins comme une simple erreur stratégique que comme une illustration des risques engendrés par certaines alliances politiques.

La RCA a aujourd’hui besoin de dirigeants plaçant la paix et la stabilité au-dessus de tout calcul partisan. Il revient désormais aux électeurs de déterminer si un candidat dont une alliance clé a, même indirectement, facilité l’action de forces déstabilisatrices peut incarner cette responsabilité.