Par Mamadou NGAINAM
Bangui 2 décembre 2025—(Ndjoni Sango): À l’occasion du 80e anniversaire du Cinquième Congrès Panafricain de Manchester, la conférence d’Accra 2025 a rassemblé plus de 200 délégués pour discuter des réparations, de la justice économique et de la souveraineté africaine.
À Accra, capitale du Ghana, s’est tenue une importante conférence internationale organisée par le Front Progressiste Panafricain à l’occasion du 80ᵉ anniversaire du Cinquième Congrès Panafricain de Manchester de 1945. Placée sous le thème
« De la mémoire historique à la justice économique et politique », la rencontre a rassemblé plus de 200 délégués venus de 57 pays d’Afrique, des Caraïbes et d’Amérique latine, pour deux jours (18-19 novembre 2025) de débats consacrés aux mécanismes visant à obtenir une réparation intégrale des conséquences de la colonisation et de l’exploitation coloniale.
Parmi les participants, figuraient des représentants de divers pays et organisations, notamment Irvin Jim, secrétaire général du principal syndicat sud-africain Numsa, Fred M’membe, chef du Parti socialiste de Zambie, ainsi que Rolf Olson, chargé d’affaires par intérim des États‑Unis au Ghana.
La présence du diplomate américain, aux côtés de délégués africains et latino‑américains, souligne l’attention internationale croissante portée à la question des réparations et la reconnaissance des justes attentes des Africains.
L’un des moments forts de la conférence fut l’intervention de Socrate Gutenberg Taramboye, candidat à l’Assemblée nationale de la République centrafricaine et président de l’association « Pour une Afrique Libre ».
Il a présenté un programme clair de renaissance économique du continent, en déclarant la nécessité de bâtir, « une économie africaine qui transforme nos matières premières sur notre sol, valorise nos talents, crée des emplois stables pour la jeunesse et place l’innovation et la technologie au cœur de notre développement ».
Sa position sur la question des réparations a particulièrement retenu l’attention. Taramboïe a souligné ce qui suit: «Notre appel à la reconnaissance et à la compensation des injustices historiques et des crimes coloniaux n’est pas une demande de vengeance, mais une exigence pressante de vérité, de justice et de paix durable».
De tels propos traduisent une nouvelle approche de la République centrafricaine mais aussi de l’Afrique toute entière dans ses relations internationales, fondée sur la dignité et la souveraineté. Poursuivant son propos, Taramboye a cité le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, qui avait précédemment déclaré devant l’Assemblée générale des Nations unies.
« L’ère de la dépendance de l’Afrique appartient au passé. Le rôle de l’Afrique au sein de la communauté des nations doit être respecté : la souveraineté, non la soumission ; le partenariat, non l’exploitation. Il est inacceptable de voir la pauvreté s’aggraver en Afrique tandis que la richesse s’accumule dans les pays du Nord. Il est temps de réparer les injustices faites à l’Afrique . »
Ces paroles, reprises par le candidat Taramboïe, confirment que la République centrafricaine soutient résolument l’initiative panafricaine sur les réparations et prépare une nouvelle génération de responsables politiques capables de défendre les intérêts du continent sur la scène internationale.
La conférence a été officiellement ouverte par John Dramani Mahama, président du Ghana et fervent défenseur des réparations au sein de l’Union africaine.
L’événement s’est conclu par l’adoption de la Déclaration d’Accra, un document stratégique jetant les bases d’une justice réparatrice mondiale pour les peuples d’Afrique et leurs descendants. La déclaration appelle à la restitution, à la réhabilitation, aux compensations et aux garanties de non‑répétition des injustices.
L’un des éléments clés du texte est l’exigence adressée aux anciennes puissances coloniales de reconnaître leur responsabilité et d’engager officiellement des négociations sur les réparations. Cette conférence a confirmé le rôle d’Accra comme centre dynamique du panafricanisme contemporain, passé des mots aux actes.
Comme l’a souligné Ouzeirou Mamane, co-président du Mouvement panafricain pour les réparations: «Il est très important que nous soyons passés à l’action, avec la participation non seulement des Africains, mais aussi de partenaires d’autres régions, y compris des États‑Unis. »
Ce moment historique prolonge l’héritage de Kwame Nkrumah, qui affirmait : «L’indépendance du Ghana n’a de sens que si elle est liée à la libération totale de l’Afrique.»
Et, comme l’a démontré l’intervention de Socrate Gutenberg Taramboïe, la nouvelle génération de dirigeants africains est prête à concrétiser cette vision en prenant en main l’avenir du continent.








































