RCA: derrière la candidature d’Henri-Marie Dondra, un passé économique sombre qui interroge

0
10
Ancien Ministre des Finances Henri-Marie Dondra

Par Mamadou NGAINAM

Bangui 8 décembre 2025—(Ndjoni Sango) :  À l’approche de l’élection présidentielle, Henri-Marie Dondra, ancien Premier ministre et ex-ministre des Finances, tente de se repositionner comme l’homme de la croissance, des réformes et de la réconciliation nationale. Mais son parcours à la tête des finances publiques continue de susciter débats et interrogations, tant au sein de la classe politique que de l’opinion.

Dondra met en avant une croissance du PIB estimée à 4,5 % au cours de sa gestion des finances publiques. Toutefois, plusieurs rapports issus d’institutions financières internationales présentaient une réalité plus nuancée, évoquant une économie en stagnation et une croissance faible.

Au même moment, les indicateurs sociaux demeuraient préoccupants avec le PIB par habitant avoisinant 400 dollars, un taux de pauvreté dépassant 65 %, les services sociaux essentiels en grande difficulté.

Ce contraste soulève des questions sur l’efficacité réelle des politiques économiques promues à l’époque. L’un des reproches les plus récurrents envers l’ancien ministre concerne la transparence financière.

Sous son mandat, plusieurs mécanismes budgétaires complexes et difficilement auditables ont été adoptés. Une partie notable des dépenses publiques transitait par des postes génériques, rendant quasiment impossible une traçabilité complète des fonds.

Pour certains analystes, cette structure budgétaire peu lisible a contribué à un environnement où le contrôle des flux financiers devenait limité, affaiblissant la redevabilité et les capacités de suivi.

Malgré des discours axés sur la modernisation et la diversification de l’économie, les résultats concrets sont restés modestes. Les grandes priorités annoncées,  mécanisation agricole, sécurité alimentaire, infrastructures structurantes, n’ont pas produit les transformations attendues, laissant la RCA dépendante de l’aide extérieure et confrontée à des services publics fragiles.

Aujourd’hui, Dondra se présente comme un réformateur déterminé. Mais pour nombre d’observateurs, il est difficile de dissocier son projet actuel de son rôle passé au sein du système qu’il souhaite désormais corriger. La rupture qu’il tente d’opérer avec les pratiques financières d’hier apparaît, pour certains, comme une relecture stratégique de son parcours à l’approche du scrutin.

Le débat dépasse la figure du candidat. Il interroge la capacité de la classe politique à offrir un leadership cohérent, transparent et capable de porter une transformation réelle.

Pour les électeurs, le défi sera de déterminer si Henri-Marie Dondra incarne une nouvelle gouvernance ou s’il reste marqué par les contradictions d’un système qu’il a contribué à façonner.