Par Eric NGABA
Bangui 12 juillet 2017 (www.ndjonisango.net): Aujourd’hui en République Centrafricaine, pays meurtri par le conflit armé, tout se passe comme s’il n’y a pas d’autorités responsables, pouvant conduire la destinée du pays, si bien que la population ne sait à quel saint se vouer. La question que l’on se pose dans ce pays est celle de savoir qui doit assurer la sécurité des populations longtemps terrorisées par les hors-la-loi, même si l’on sait que ce sont les casques bleus qui ont la charge de la sécurité nationale.
La République Centrafricaine est en proie aux conflits armés depuis le renversement du général d’armée François Bozizé au pouvoir en mars 2013 par la coalition seleka. Ceci, malgré le retour à la légalité constitutionnelle du 30 mars 2016, le pays continue de faire face à une instabilité chronique mettant à mal le processus de paix, la réconciliation nationale et du relèvement économique.
Si Bangui la capitale centrafricaine observe une accalmie depuis les six mois de l’année en cours, l’intérieure du pays est pendant ce temps à feu et à sang. Les groupes armés se comportant en véritables terroristes déciment les populations sans être inquiétés.
Le gouvernement qui ne dispose pas de ses forces militaires sur le terrain, du fait de l’embargo sur les armes et de la décomposition de l’armée, ne parvient pas à s’imposer aux hors-la-loi qui continuent de défier l’autorité de l’Etat.
En lieu et place des forces nationales, la mission onusienne Minusca est chargée de la protection de la population et d’appuyer sous divers formes les autorités centrafricaines à rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire conformément à son mandat.
Que disent la constitution centrafricaine et les résolutions de l’ONU?
La constitution de la République Centrafrique rend responsable de la sécurité des citoyens centrafricains le président de la République. Cette constitution indique dans son article 38 Alinéa 1 que Président de la République prête le serment ci-après devant la Cour Constitutionnelle siégeant en audience solennelle.
«Moi…, je jure devant Dieu et devant la nation d’observer scrupuleusement la constitution, de garantir l’indépendance et la pérennité de la République, de sauvegarder l’intégrité du territoire, de préserver la paix, de consolider l’unité nationale, d’assurer le bien être du peuple centrafricain, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge… ».
Or, les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies sont claires en matière de la protection de chaque citoyen d’un pays. Les résolutions de l’ONU sur la RCA rappellent en préambule qu’ « il incombe au premier chef à la République centrafricaine de protéger toutes les populations sur son territoire contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité ».
Ces résolutions soulignant par ailleurs que « pour être durable, toute solution à la crise centrafricaine, y compris le processus politique, doit être inspirée par les Centrafricains eux-mêmes et prévoir la restructuration des forces de sécurité nationales ».
Des discours stériles au lieu des actes concrets
Comment en est-on arrivé au stade où les citoyens centrafricains vivent comme des animaux sans défenses sur leur propre sol ?
Alors que les autorités centrafricaines, en tant que légitimes, ne doivent ménager aucun effort pour abréger la souffrance des populations abandonnées à la merci des escadrons de la mort, le gouvernement semble fuir sa responsabilité pour mettre la Minusca devant les faits qui la dépassent. Tout le monde le sait, à défaut du déploiement des forces nationales sur le terrain, les casques bleus de la Minusca assurent la sécurité du pays.
Depuis longtemps, les actions militaires de cette force onusienne sont décriées par la population. Jugée de passivité et de connivence, la Minusca ne cesse de prouver ses limites à réduire la présence des groupes armés qui terrorisent la population.
Lors de la conférence de presse conjointe Gouvernement-Minusca, le vendredi dernier à Bangui, le porte-parole du gouvernement centrafricain, Théodore Jousso, a indiqué que la situation sécuritaire est régulièrement évaluée entre le gouvernement et la Minusca.
Alors que la Minusca continue de décevoir à travers son accointance avec les rebelles, le ministre Jousso a appelé les Centrafricains à faire confiance à la mission onusienne qui n’affiche pas la volonté de stabiliser la République Centrafricaine. Pendant ce temps, les populations du sud-est du pays continuent d’être décimées par les terroristes armés qui écument une bonne partie du territoire centrafricain.