Par Chrisnie KEZIA
Bangui 4 Mai 2020—(Ndjoni Sango) : Si l’on vient d’arriver si on ne connait pas encore le paysage politique centrafricain, le torchon brûle en ce moment entre le Kwa Na Kwa et le Mouvement Cœurs Unis, ressemble à un jeu d’Arcade mis à la disposition des Centrafricains. Tous sont attirés dans leur piège. En vérité, c’est un combat d’intérêt entre les membres d’une même famille, divisée à cause des biens et matériels de la République centrafricaine. La lutte s’annonce rude entre l’aîné (KNK), et son cadet le ( MCU), en prélude des élections groupées de décembre 2020. Analyse !
Le retour en tapinois au bercail de l’ancien Président François Bozizé après sept années d’exil en Ouganda, a bouleversé les rêves, détourné les positions, les stratégies politiques d’une part et d’autre part, fait renaître de l’espoir aux assujettis et aux déçus du régime Touaderate. Mais aussi, ce retour a réveillé la haine, le mauvais souvenir des oppressés de Bozizé et ses enfants.
Depuis la chute du perchoir de l’Assemblée nationale d’Abdou Karim Meckassoua, toutes les lignes et arrangements politiques pour un nouveau mandat présidentiel de Touadera ont du plomb dans l’aile.
2)Est-ce que François Bozizé est un obstacle pour la survie politique du professeur F. A TOUADERA ? Si oui, comment ? L’ancien recteur de l’Université de Bangui doit sa victoire à la présidentielle de 2016 à l’homme du 15 mars 2003. Souviens-toi, de l’Université puis à la primature pendant cinq années, où Faustin Archange Touadera a servi aux côtés de son adversaire actuel comme premier ministre.
Leur complicité était étroite et qu’il a fallu le dialogue de Libreville imposé par les Seleka et l’opposition démocratique pour que le lien entre les deux se scinde. Le départ de Touadera de la primature n’a pas tardé, son mentor va, lui aussi, à son tour, quitter manu militari. Rappelle-toi du coup d’Etat du 24 mars 2013.
La confiance existait entre l’ancien chef d’Etat et son ancien Premier ministre. Cela s’est traduit par la déclaration de FAT en fin 2015, candidat d’alors à la présidentielle. Selon certains de ses proches, le professeur a déclaré que si son parrain Bozizé postulait, il n’allait pas faire acte de candidature.
Cette déclaration a ému plus d’un. Il a donc gagné la confiance des oranges qui avaient espéré de revenir aux affaires par le truchement du mathématicien. Mais hélas ! Pendant le second tour de la présidentielle, les apprentis politiques seront surpris de la déclaration du général d’armée en exil, qui a demandé à tous les travaillistes (KNK), de soutenir Anicet Georges Dologuélé. Tout en sachant que le candidat Touadera est le premier vice-président du parti KNK.
3) Une farce politique ou une duperie contre l’ancien premier ministre de Patassé au second tour de 2016 ? Aujourd’hui, certains observateurs sociaux politiques estiment que le président Touadera devait sa victoire aux travaillistes. Car, l’appel de François Bozizé n’a pas été obtempéré par les oranges, estimant que leur camarade est mieux placé pour répondre à leur souci. Ils ont été massivement aux urnes défiant l’appel de leur guide, en votant le locataire actuel du palais de la renaissance. Cet acte de défiance, on peut le remarquer à travers le nombre des voix obtenues de Dologuélé dans les fiefs de François Bozizé.
A vrai dire, Bozizé a donc dupé Dologuélé. C’est un jeu footballistique des techniciens pour que l’attaquant puisse marquer le but. Tu le sais bien, c’est l’unique joueur qui marque le but, mais la victoire appartient à tous ses co-équipiers, ses entraîneurs voire ses supporteurs. Bozizé savait que s’il a ouvertement soutenu Touadera à la présidentielle, tout en sachant que des voix ont dénoncé sa mauvaise gouvernance, son népotisme, sa gabegie et surtout sa mauvaise politique sécuritaire.
Bref, son « bon petit » serait surveillé de près par les défenseurs et n’aurait pas pu marquer le but. En rappel, le candidat déchu Dologuélé fut premier ministre d’Ange Félix Patassé avant d’être remplacé par Martin Ziguélé en 2002. Bozizé a mainte reprise combattu Patassé jusqu’à l’évincer du pouvoir le 15 mars 2003. Logiquement et généralement, Bozizé ne peut pas permettre au complice ou au fils politique de son adversaire de gérer les affaires justes après son départ, car, des secrets y errent encore. Il lui faut quelqu’un de confiant comme Toudera pour protéger son secret et ne pas dire ses escobarderies.
4) Adhésion sans condition, démission en cascade Avant la création du Mouvement Cœurs Unis du président Touadera, le KNK est vidé de ses substances. Des cadres, des partisans et des supporteurs ont volontairement quitté le navire.
Pour certains, contribuer à l’édifice du pays et pour d’autres reprendre les mains dans les affaires de l’Etat. C’est dans cette recherche de la mango F cratie qu’on a connu le crochet des anciens griots, des traitres, des agents de renseignements et de trahison, des fonctionnaires furtifs, des bi-salariés, pour ne citer que ceux-là. Mais, certains seront déçus au lendemain de leur micmac. Le président a déjà verrouillé le clavier de son ordinateur politique. Une équipe est mise en place pour trier parmi les venants, les catégories des personnes précitées. Soudain, la frustration est giclée. Le KNK est scindé. Le bras de fer est donc lancé.
5) Bonnet blanc, blanc bonnet ? Le scénario entre MCU et KNK risque de fragiliser davantage le pays déjà à terre. Les deux se connaissent mieux. Ne dit-on pas que, quand les éléphants se battent ce sont les fourmis qui meurent?
Et si réellement le KNK se soucie de ce pays qu’il a abandonné aux mains des rebelles, il fera mieux de revoir sa stratégie ? Le champ politique n’est pas seulement le palais. Le chantier est vaste. François Bozizé pourrait mieux corriger ses erreurs comme il aimait le dire, dans la création des entreprises, de formation des jeunes filles et garçons et bien d’autres domaines.
Le MCU de l’ancien premier ministre de Bozizé, ancien recteur de Bangui et ancien premier vice-président du KNK patine. Il peine à convaincre la population meurtrie qui pensait qu’avec l’élection de Touadera, il aurait vite retrouvé la paix. Mais hélas ! Ce rêve tarde à se réaliser. Le chef de l’Etat a choisi une alternative pour la paix, d’abord avec les bourreaux du peuple.
En tout cas, si le mathématicien persiste et signe dans sa logique, il sera confus dans la lutte une prochaine fois. Car, tous ses détracteurs nationaux et internationaux se groupent désormais derrière son ancien patron Bozizé pour l’évincer du palais. Cependant, rien ne dit que c’est Bozizé qui viendrait aux affaires. La politique est politique.