Interview réalisée par Erick NGABA
Bangui 25 juillet 2020—(Ndjoni Sango) : La situation sécuritaire que la République centrafricaine continue de traverser ne laisse pas indifférente la société civile. L’embargo sur les armes, l’opérationnalisation des FACA, le DDRR, les élections et la justice voilà autant de sujets abordés dans cette interview exclusive avec Me Mathias Morouba, Président de l’Observatoire Centrafricain des Droits de l’Homme en même tant Avocat au Barreau de Centrafrique qui demande à la population de prêter mains fortes aux Forces Armées Centrafricaines (FACA) dans la lutte contre les rebelles en vue de la pacification du pays.
NdjoniSango (NS) : Me Mathias Morouba bonjour !
Me Mathias Morouba (MM) : Bonjour monsieur le journaliste.
Me Mathias Mourouba, à travers une conférence de presse, vous avez beaucoup parlé d’appui que la population doit apporter aux FACA dans cette période très difficile malgré la présence des forces Internationales qui n’ont pas pu?
MM :L’OCDH que je dirige est partie d’un constat, vous savez que nous avons des antennes un peu partout à l’intérieur du pays, à Obo, Bangassou, Birao, Bambari, Bouar pour ne citer que ces quelques villes donc nous avons reçu les informations de nos collègues qui sont à l’intérieur du pays sur la préoccupation de la population civile d’abord, et comme vous le savez à Obo, il y a un temps ici la ville était sous alerte et la population était très inquiète simplement par ce qu’il y a les éléments de l’UPC qui avaient projet d’occuper la ville d’Obo.
A Obo, il y avait des militaires qui étaient basées dans cette ville et quand les éléments de l’UPC ont lancé leur attaque, ils ont eu une résistance. Les FACA qui sont sur place ont réussi à les mettre en déroute et jusqu’aujourd’hui, ce sont les FACA qui contrôlent la ville, qui sécurisent toute la ville d’Obo et ses environs. A un moment ici on avait suivi que dans la Lobaye notamment dans la commune de la Lessé, il y avait les hommes en arme qu’on n’arrive pas à identifier qui ont fait irruption dans cette commune et qui ont mis en danger la vie de la population.
Les FACA sont intervenues dans cette localité, elles ont réussis à mettre en déroute ces groupes armés non identifiés et probablement selon les informations que nous avions reçu, ce sont les éléments de 3R.
A Bouar récemment, il y a eu plusieurs situations, l’une de ces situations c’est celle de l’attaque de la base militaire de Wantiguira qui a environ 8 Km de Centre-ville de Bouar et les éléments de 3R ont pris d’assaut cette base militaire vers 1 H du matin en pensant surprendre nos forces de sécurité et de défense notamment les FACA puisqu’il s’agissait aussi de la base de l’USMS, vous avez suivi avec nous ce qui s’est passé dont les FACA ont non seulement mis en déroute les assaillants mais elles ont réussi en même tant à récupérer plusieurs armes de guerre et parmi lesquelles il y a les armes lourdes.
Pour revenir sur ces exemples, ce qui montre qu’aujourd’hui, les FACA sont entraines de monter à la puissance. Vous êtes au courant qu’à Ndélé, aujourd’hui les FACA ont été accueillies à bras ouvert par la population qui réclamait la présence de son armée. Face à cette situation, vous savez que le droit à la sécurité, à la sûreté des personnes, c’est un droit fondamental, c’est dans notre constitution et dans les instruments internationaux en matière des droits de l’homme.
Pour moi en tant qu’observateur Centrafricain des droits de l’homme, nous ne pouvons pas en tant que citoyen lambda rester sans réagir. C’est dans ce cadre-là que l’OCDH avait décidé de soutenir les FACA en lançant un message par ce que vous savez, en même tant que les FACA sont entraines de monter en puissance il y a un blocage de l’autre côté notamment il y a l’embargo qui a été ordonné par le Conseil de Sécurité des nations unies qui a maintenu pendant plusieurs années les armes à destination des FACA.
Donc, nous avons dit en même tant que les gens sont entrains de faire les efforts, pour sécuriser la population en même tant on ne leur donne pas les moyens de leur mission c’est dans ce cadre-là que nous disons dans un premier temps que nous voulons témoigner en tant que population de notre soutien en faveur des FACA et apporter module contribution en terme de dénies, support matériel pour témoigner que nous les soutenons dans le travail qu’elles entraînent de faire pour nous sécuriser en sacrifiant leur vie. Cela signifie qu’elles donnent leur vie pour protéger la population civile, le territoire centrafricain et protéger aussi les biens appartenant au peuple centrafricain.
En témoignage de ce qu’elles font, nous pensons leurs apporter un soutien symbolique voire même modeste mais c’est une contribution spontanée des uns et des autres. La deuxième situation c’est seule de l’histoire de l’embargo, vous savez vous ne pouvez pas vous demandez à quelqu’un de protéger les citoyens alors qu’ils n’ont pas les moyens de le faire. Aujourd’hui, les FACA ont reçu plusieurs formations sinon le recyclage à plusieurs niveaux. Il y a déjà les contingents EUTM qui ont assuré la formation, après cette première phase de formation, il y a une formation donnée par les Russes donc en même temps, elles suivent plusieurs formations, certaines sont allées à l’extérieur qui a été formées et ils sont revenus.
Pour dire que la communauté internationale a veillé à ce que les FACA reçoivent la formation adéquate pour leur permettre d’être en mesure d’accomplir comme ils se doivent leur mission. Si on continu à maintenir l’embargo sur les FACA, au fait c’est une manière de dire au peuple centrafricain d’écouter vous n’allez plus être protégé par vos FACA par ce que en même temps vous ne pouvez pas leur demander de se former, en même temps vous leur dites que vous n’avez pas les moyens malgré la formation que vous aviez reçu.
Donc, nous disons aujourd’hui l’embargo n’a plus de sens, n’a plus de justification c’est la raison pour laquelle nous avons lancé la signature d’une pétition que nous attendons envoyer dans ce jour-là au niveau de Conseil de Sécurité des nations unies pour leur faire comprendre aujourd’hui tout le peuple Centrafricain ne veut plus entendre parler d’embargo sur les forces armées Centrafricaines, nous n’en voulons plus.
Nous sommes en train d’aller vers les élections. Pensez-vous que quand la RCA ne serait pas pacifiée par ce que le processus de DDRR ne peut être accompli, par ce que nous pouvons tenir ces élections à un délai prévu?
MM : Ecoutez ! Aujourd’hui les élections rentrent dans les mesures relatives à la démocratisation de tout un peuple, ça fait partie de la démocratie et donc vous ne pouvez pas parler d’élection sans parler de la démocratie en même temps. Qui dit démocratie dit qu’implication du peuple et en même temps dit qu’il faudrait que les peuples soient en mesures d’aller exprimer librement son choix.
Mais c’est lorsqu’il y a des obstacles. Mais l’unique institution en charge c’est l’Autorité Nationale des Elections (ANE). Il appartient à l’ANE de nous dire si au jour d’aujourd’hui avec tout ce que nous sommes entrains de vivre, est ce qu’elle est en mesure d’organiser les élections dans des bonnes conditions ?
Concernant la question des droits de l’homme. Depuis un certain temps, le centrafricain lambda se plaint d’une politique de justice deux poids, deux mesures. Est-ce que depuis quelques années ou depuis quatre ans que le régime a changé après la transition, est ce qu’il y a amélioration au niveau de justice ?
MM : L’accès à la justice et nous préoccupons de la question de la justice pour les plus riches sur les plus faibles et c’est la raison pour laquelle au sein de l’OCDH, nous avons mis en place en partenariat avec des organisations internationales ou locales une équipe d’Avocats, les collectifs des Avocats qui reçoivent les victimes, qui reçoivent en même temps les plaintes des victimes et apprécient cette plainte, les aides à constituer leur dossier afin de saisir la justice.
La deuxième chose c’est qu’on n’a vu récemment la cour criminelle qui a tenu plusieurs audiences, chaque année on n’a au moins une audience de la cour criminelle à Bangui comme à l’intérieur du pays, ça c’est un constat que nous avons fait.