Par Erick NGABA
Bangui 26 mai 2021— (Ndjoni Sango) : Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président rwandais Paul Kagamé, soulève des questions sur le rôle de la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca). Se basant sur l’expérience de son pays, le président rwandais remet en cause la capacité de cette mission dans l’accomplissement de sa mission.
Le Rwanda est pleinement impliqué dans le rétablissement de la stabilité et de la paix en République centrafricaine. Plusieurs contingents rwandais sont déployés dans ce pays depuis le début de la crise militaro-politique en 2013.
D’abord, des contingents au sein de la Mission onusienne (Minusca), puis des forces spéciales rwandaises qui appuient les forces armées centrafricaines dans les opérations de ratissage des groupes armés.
Dans son interview à Jeune Afrique, le président rwandais a expliqué pourquoi des troupes sont déployées en République centrafricaine.
«Nous sommes allés en RCA pour servir dans le cadre de la mission onusienne. Nous avons été approchés par l’ONU dans ce but. En Centrafrique, il y a des dynamiques compliquées : Plusieurs groupes rebelles sont présents, certains se combattent entre-deux, certains pays voisins sont impliqués et font partie du problème», a fait savoir le président Paul Kagamé.
D’après le président Kagamé, les troupes rwandaises sont déployées en Centrafrique pour deux raisons.
« Nous avons envoyé nos troupes pour deux raisons : Premièrement, pour protéger nos contingents onusiens qui avaient les mains liées. Deuxièmement, pour protéger l’intégrité du pays, et faire en sorte que les élections que le gouvernement voulait puissent se tenir. C’est pour cela que nous affrontons les rebelles avec nos troupes qui ne sont pas au sein de la MINUSCA », a-t-il précisé.
Dans la même lancée, le président rwandais a fait un lien entre la MINUSCA (Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation en RCA) et la MINUAR (Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda) qui était une mission de l’ONU au Rwanda créée en octobre 1993 et dissoute en mars 1996.
« De notre propre point de vue et compte tenu de notre expérience pendant le génocide, voire une telle situation se dégrader n’est pas acceptable. Il y a une force sur place qui est censée maintenir la Paix, mais elle est pieds et poings liés, comme en 1994 au Rwanda. Par moment, les rebelles sont parfaitement libres de circuler et de tirer sur les troupes onusiennes. Ce qui nous a amenés à nous poser la question : «A quoi sert notre engagement sur place si c’est pour fuir dès que les rebelles arrivent ? », se pose-t-il des questions.
A propos des opérations militaires et de sécurisation du processus électoral en RCA, auxquelles participent les instructeurs russes en appui aux FACA, Paul Kagamé est claire :
«Nous n’avons rien à voir avec les #Russes. Nous ne travaillons pas ensemble, mais ils sont là ! Ce que je voulais dire, c’est que si les forces rwandaises engagées dans le cadre de notre accord bilatéral n’avaient pas été là, les élections en Centrafrique n’auraient pas eu lieu, c’est une certitude, tout le monde vous le dira », a-t-il martelé.
Depuis le début de son opérationnalisation en septembre 2014, la mission onusienne fait l’objet de critique pour sa passivité et complicité avec les groupes armées. Des manifestations hostiles sont souvent organisées par des mouvements de la société civile pour soit demander le départ des casques bleus, soit le remplacement de certains contingent ou le départ des hauts cadres de la mission. Aujourd’hui, la déclaration du président rwandais vient confirmer les critiques vis-à-vis du rôle de la Minusca.