EDITORIAL
Par Erick NGABA
Bangui 16 Août 2021—(Ndjoni Sango) : Abdou Karim Meckassoua, l’homme politique centrafricain qui œuvre souvent comme un sous-marin dans les manœuvres de déstabilisation en RCA, est finalement rattrapé par l’histoire. Politiquement noirci, l’homme est devenu victime de ses propres jeux de coup bas.
La déchéance de l’ancien président du parlement centrafricain et député de la deuxième circonscription du 3ème arrondissement de la ville de Bangui, est apparu comme un coup de massue. Au cours de sa carrière politique sous le régime Touadera, Abdou Karim Meckassoua encaisse politiquement des coups durs qui le coulent aujourd’hui. Politiquement, l’homme ne peut désormais peser dans l’environnement politique centrafricain. Son image politique est entachée.
Le casier judiciaire du président du Chemin de l’espérance est désormais noirci, car les poursuites judiciaires vont encore rendre les choses plus complexes. Car, imbibé dans des manœuvres dilatoires, l’opposant politique est rattrapé par la réalité.
Le nom de Karim Meckassoua est cité plusieurs fois dans les projets de conspiration, de déstabilisation du pays. Il est parfois cité comme le principal bailleur des groupes armés.
En 2015, un leader rebelle du FPRC du nom de Zoundéko avait officiellement cité sur les ondes de Radio Ndekeluka le nom de Karim Meckassoua comme le principal financeur du mercenaire tchado-nigérien Ali Darrassa de l’UPC pour pouvoir renverser le pouvoir à Bangui.
Le rapport d’experts des Nations unies publié en juin dernier est venu montrer le vrai visage de Meckassoua. Son rôle dans la Coalition des patriotes pour le changement CPC de François Bozizé. Si ce dernier a pu réunir autour de lui les principaux leaders des groupes armés pour créer la rébellion CPC, c’est bel et bien possible grâce à l’homme politique Karim Meckassoua qui rêve d’arriver au pouvoir par tous les moyens.
Dans le cadre de ses enquêtes sur la structure de la CPC, le Groupe d’experts a recueilli des informations sur le rôle de Karim Meckassoua, ancien Président de l’Assemblée nationale et candidat à l’élection présidentielle.
« Au début de l’année 2020, des membres et des individus associés à l’ex-Séléka avaient confirmé au Groupe d’experts que Meckassoua poussait les groupes armés et l’entourage de François Bozizé à lancer une action militaire pour destituer le Président. Plus récemment, des membres du MPC et du FPRC ainsi que certains acteurs politiques ont expliqué que Meckassoua avait participé à la préparation de la tentative de coup d’État du 13 janvier, en coordination avec Bozizé et son entourage, ainsi que Nourredine Adam, Ali Darassa et plusieurs « généraux » du MPC. Selon ces témoignages concordants et crédibles, Meckassoua espérait diriger un gouvernement de transition si le coup d’État de la CPC aboutissait. D’après de nombreux membres de la CPC, après l’échec du coup d’État, il a tenté de persuader Darassa de faire venir des renforts et de poursuivre l’offensive. Il aurait contacté un intermédiaire pour convaincre des mercenaires soudanais de traverser la frontière et de protéger Darassa et ses troupes alors qu’ils avançaient vers Bangui. Les mêmes sources ont indiqué que Darassa ne s’était pas laissé convaincre, avait refusé d’avancer et décidé de retirer ses troupes », a indiqué le rapport du groupe d’experts en quelques paragraphe.
Aujourd’hui, Karim Meckassoua récolte ce qui a semé. Sa déchéance par la Cour constitutionnelle n’est qu’une partie de sanctions contre ses multiples torts causés à la République. La justice doit être rendue. Mais, il faut dire qu’il n’est pas le seul homme politique centrafricain à œuvrer dans la déstabilisation du pays.
Les hommes politiques de sa nature qui veulent le pouvoir de l’Etat par tous les moyens sont nombreux dans ce pays. Ils doivent être tous rattrapés par l’histoire pour que la République centrafricaine puisse respirer paisiblement.