Un programme DDRR réaliste pour conduire la RCA vers une paix durable

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Des armes déposés par des ex-combattants à Kaga-Bandoro @photo Hassan Djazouli, un ex-combattant du MPC

Par Erick NGABA

Bangui 9 Octobre 2021—(Ndjoni Sango): Afin de pacifier la République centrafricaine qui traverse un conflit armé de plusieurs décennies, le gouvernement, avec le concours des partenaires techniques et financiers, a mis en place un programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Rapatriement (DDRR) des groupes armés dans le pays. Après l’exécution d’un pré-DDRR de 2015 à 2017, le président de la République, Faustin Archange Touadera, a lancé le 17 décembre 2018 à Paoua, au nord du pays, le grand programme DDRR, en présence des représentants de la communauté internationale.

Financé à hauteur de 30 millions de dollars américains par les partenaires techniques et financiers, notamment la Banque mondiale, la Minusca, les Etats-Unis, et l’Union européenne, le DDRR constitue aujourd’hui, un élément catalyseur du processus de paix en République centrafricaine. Car, le défi qui s’impose au gouvernement centrafricain et à ses partenaires pour pacifier le pays, c’est de parvenir au désarmement des groupes armés signataires et non signataires de l’accord de paix du 6 février 2019.

Depuis son lancement en 2018, le programme DDRR a déjà enregistré l’adhésion de plus de 4 000 jeunes combattants, selon le ministre chargé du programme DDRR, Jean Willybiro-Sako, lors du lancement d’une ultime opération du DDRR à Bangui.

«Nous avons commencé le programme DDRR, il y a au moins, trois ans déjà. Plus de 4 000 jeunes sont venus se faire enregistrer», a-t-il fait savoir aux confrères de radio Guira FM.

Le programme vise en tout un effectif de 7000 combattants issus des groupes armés dans le pays. Le constat qui se dégage aujourd’hui sur le terrain, est qu’il y a  encore des combattants réticents à ce programme, à l’exemple de l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darrassa.

Or, les autres groupes armés signataires de l’accord de paix du 6 févier 2019 avec le gouvernement, au nombre de 13 sur 14, ont adhéré à ce programme considéré comme la seule issue pour la stabilisation du pays. Le ministre en charge de ce programme en a tiré l’attention des groupes réfractaires:

« C’est leur responsabilité, parce qu’après, nous ne pourrons plus répondre d’eux dans les actions qui seront menées. Ils savent eux-mêmes que s’ils sont détenteurs d’une arme de manière illégale, ils vont faire face aux services judiciaires. Donc, tous les porteurs d’armes n’ont aucun intérêt à persévérer dans cette voie, mais plutôt à venir dans un programme qui les valorise et qui leur donne les moyens de bien vivre dans la société », a-t-il martelé.

Le dialogue républicain comme un ingrédient indispensable pour la réussite du DDRR

La réussite de ce programme DDRR qui doit se distinguer des précédents programmes, découlera de la mobilisation et de l’adhésion de tous combattants armés qui écument le territoire centrafricain. Il est donc indispensable pour les groupes armés de déposer les armes afin d’œuvrer désormais en faveur de la paix.

C’est pourquoi, la tenue du Dialogue républicain doit apporter des réponses claires pour la mise en œuvre du programme de désarmement dans le pays. Étant donné que le DDRR fait aussi partie des sujets inscrits à l’ordre du jour, des recommandations fortes qui seront assorties de ces assises, doivent contribuer à la réussite de ce programme de la pacification de la RCA.

Dans cette même ligne d’idées, des acteurs politiques, sociaux et religieux qui se sont concertés du 27 au 29 Septembre 2021 à Rome, à l’invitation de la communauté Sant ’Egidio ont, dans leur déclaration, demandé « solennellement aux groupes armés de déposer les armes, de déclarer le cessez-le-feu définitif et de cesser la pose des mines anti- personnelles pour rentrer dans la République et accepter le DDRR ».

Tout porte à croire que le désarmement des combattants constitue un vecteur pour parvenir à une paix durable en République centrafricaine. Grâce à ce processus, les ex-combattants intègrent l’armée nationale selon les critères définis par le Comité stratégique. Le programme a donné la possibilité à d’autres ex-combattants, de s’orienter vers d’autres métiers que celui des armes afin de gagner dignement leur vie.

« Grâce au DDRR, j’ai décidé de mettre fin à la rébellion. Aujourd’hui, j’ai pu revivre ma vie dignement. J’étais commerçant avant de prendre les armes. C’était une erreur comme on dit, l’erreur est humaine. J’ai compris plus tard que la rébellion c’est le chemin de la mort ; c’est détruire son pays, son avenir et aussi la vie de sa famille. Je déconseille cela à mes compatriotes. Je répète encore : la rébellion c’est le chemin de la mort et de destruction de son pays. J’ai une femme et deux enfants. Aujourd’hui, le DDRR m’a permis de reconstruire ma vie et de vivre en paix avec ma famille », témoigne Ousman Abacar, un ex-combattant démobilisé et réintégré qui exerce son commerce au PK5 dans le 3ème arrondissement de Bangui.

De plus en plus, le DDRR suscite l’engouement des combattants armés qui décident d’enterrer la hache de guerre.

« Chaque chose a son temps, remettons nos armes et unissons-nous pour reconstruire notre pays, la République centrafricaine », a posté sur sa page Facebook, Hassan Djazouli, un ex-combattant du Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), en septembre 2020 à Kaga-Bandoro.

D’après l’accord du 10 mai 2015 du forum de Bangui, le Programme National du DDRR (PNDDRR) dispose de deux possibilités pour mener à bien le processus de désarmement. Il s’agit de l’intégration des ex-combattants dans les différents corps de l’armée nationale et leur réinsertion socioéconomique.

Selon le PNDDRR, ce sont au total 817 ex-combattants qui sont incorporés au sein de différents corps de l’armée nationale. Ajoutant à ces possibilités, figure aussi le volet des USMS.

Les USMS, un élément catalyseur pour la stabilité des couloirs de transhumance

Grâce à l’accord de paix du 6 février 2019, signé entre le gouvernement les 14 principaux groupes armés, un programme dénommé Unités Spéciales Mixtes de Sécurité (USMS) a vu le jour.

La mission assignée aux USMS dont les éléments sont composés des ex-combattants formés et des éléments des forces de défense et de sécurité, est d’assurer la sécurité des couloirs de transhumance dans les régions occupées par les groupes armés, à travers des patrouilles mixtes et d’autres mécanismes de règlement de conflit.

Il s’avère aujourd’hui que le DDRR demeure l’ultime voie pour la pacification de la République centrafricaine. C’est comme l’a indiqué le Chef de l’Etat centrafricain, Faustin Archange Touadera dans son discours de lancement du programme DDRR :

« C’est bien un grand plaisir pour moi que d’avoir à procéder au lancement officiel du programme pour la paix, la réconciliation nationale et le dialogue entre les différents acteurs du DDRR. En effet, depuis mon accession à la magistrature suprême de l’Etat, je n’ai cessé de rappeler à mes compatriotes, que le DDRR, la RSS, la réconciliation nationale et le dialogue sont les seules voies de sortie de crise et de relèvement de notre pays ».

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