Communiqué de presse N°001 du Bureau d’Aide Juridique Centrafrique
Le Bureau d’Aide Juridique Centrafrique tient à remercier tous les participants qui ont honoré de leurs présences à la table ronde relative à une montée sans faille de nombreuses manifestations contre des soldats de la Minusca qui outrepassent leur mission.
Après plusieurs constats qu’à fait la population centrafricaine sur les actes criminels de certains contingents de la Minusca, non révélés, encore moins documentés, qui sont restés impunis, le Bureau d’Aide Juridique Centrafrique et certains experts, à travers une table ronde qui s’est tenue le jeudi 17 février 2022 à Bangui, a voulu rendre ces actes publics pour que l’opinion nationale et internationale puissent savoir ce que font réellement la Minusca en dehors du mandat que l’ONU les a assigné.
Il faut savoir que la population centrafricaine, a connu, il y a quelques années des périodes les plus horribles de son histoire liées à des crises militaro-politiques qui ont engendré des énormes pertes tant matérielles qu’humaines. Au moment où la population s’apprête à essuyer ses larmes petit à petit, certains soldats de la Minusca, continuent de semer le malheur et la désolation au sein de cette population.
Des tueries, des viols et des accidents de circulation sont devenus les termes du nouveau mandat de la Minusca en Centrafrique. Plusieurs témoignages ont été enregistrés prouvant à suffisance l’implication de la Minusca dans les hostilités mettant en danger la recherche de la paix tant souhaitée par le peuple centrafricain.
Ces crimes des soldats de « maintien de la paix », ont laissé comme souvenir de nombreux orphelins, veuves, sinistrés, déplacés, réfugiés et familles endeuillées. Ces derniers souffrent et continuent de souffrir à cause des actes commis par certains hors-la-loi qui pullulent cette mission de l’ONU.
En effet, le mandat assigné à la Minusca est déjoué au profit du commerce, du vandalisme, du voyoutisme et à l’achat des meubles et immeubles en République centrafricaine. Tous se passent comme si la RCA est une nation bananière.
Plusieurs associations des droits de l’Homme en RCA, et certaines autorités du pays ne cessent de dénoncer ces actes. Malheureusement, aucun changement positif n’est enregistré de la part de la Minusca.
Après l’opérationnalisation du Bureau d’Aide Juridique Centrafrique, il y a de cela 2 mois, ce bureau a enregistré plus de 10 demandeurs dont six (6) plaintes ont été déposées auprès du Tribunal de Grande Instance de Bangui et quatre (4) autres en préparation pour le dépôt. Soulignons au passage que le premier procès se déroulera ce 22 février 2022 au Tribunal de Grande Instance de Bangui.
Des montées de nombreux scandales liés aux délits et aux crimes de la Minusca sont en hausse. Plusieurs sites internet ont révélé des informations sur ces scandales de la Minusca. On peut citer à titre d’exemple le site http//stopun.com. Les plus marquants sont entre autres :
-L’incident du 26 juillet 2021, qui s’est produit dans la ville d’Obo, dans le Haut-Mbomou, où un officier des FACA a été froidement abattu en du contingent marocains de la Minusca basé dans la localité. Ce qui a suscité la colère de la population d’Obo qui a vivement protesté.
-Le 10 août 2021, une fillette de 11 ans a été accidentellement tuée par balle tiré par un soldat du contingent de la Minusca dans la ville de Bria, dans la Haute-Kotto.
-En novembre 2021, à Bangui, une autre adolescente de 16 ans a été écrasée par un bus de la Minusca, du contingent égyptien.
– enfin contingent portugais se livre à la contrebande de minerais, de drogue et d’armes transportés par des véhicules et des avions de l’ONU vers l’Europe. Ces pratiques ne sont pas soumises à l’inspection de la douane de la République centrafricaine, constituent un manque à gagner pour l’État.
Les résultats des enquêtes sur l’interaction des Casques bleus de l’ONU en RCA avec les criminels en RCA, ne sont pas encore rendus publics.
D’une manière générale, les Centrafricains sont privés de la possibilité de prendre connaissance des résultats des enquêtes internes de la Minusca. Ce qui ne contribue pas au rétablissement de la paix en République centrafricaine.
À plusieurs reprises, les Forces de Défense et de Sécurité centrafricaine, ont reçu des informations sur les collusions de la Minusca avec les rebelles.
Le 17 octobre 2021, suite à une opération militaire menée par les Forces de Sécurité intérieure, une vidéo a été obtenue montrant le mercenaire nigérian, Ali Darassa est entrain d’échanger avec des soldats de l’ONU.
Une vidéo a été tournée en septembre 2021, montrant des officiers de la Minusca, à bord d’un hélicoptère de l’ONU, protégeant Ali Darassa lors d’une opération antiterroriste menée par les FACA.
Tous ces actes précités n’ont pas été poursuivis, ni documentés, parce que les soldats de la Minusca se prétendent couverts des immunités diplomatiques qui ne permettent pas à la justice de les poursuivre. Mais il faut savoir que la loi centrafricaine est claire en matière de sanction des étrangers sur le sol centrafricain. C’est ainsi que l’Article 1090 du Code de la Famille centrafricain dispose en son alinéa 1 que « Les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire centrafricain ».
A titre de rappel, à ce jour, la présence des contingents de la Minusca, constitue un danger pour la République centrafricaine, pour la simple raison qu’à leur arrivée, le nombre des groupes armés a triplé de 4 à 40.
Il faut noter que dans la mission du Bureau d’aide Juridique Centrafrique, il n’est pas seulement question d’aider les victimes des actions des militaires étrangers sur le sol centrafricain, mais aussi et surtout de dénoncer ces actions criminelles. C’est ainsi qu’à l’issue de cette table ronde, les représentants de différentes associations des droits de l’Homme en République centrafricaine, ont recommandé ce qui suit :
-Il faut que les actes commis par les contingents de la Minusca soient punis ;
-Il faut mettre les victimes au centre des débats ;
-Il faut renforcer la présence des Russe en Centrafrique;
-La prise en charge et réparation des victimes des actes criminels des soldats de la Minusca ;
-L’identification des victimes sur l’ensemble du territoire centrafricain ;
-Les autorités du pays doivent prendre leurs responsabilités pour que la justice soit faite ;
-Réduire la présence, voire le retrait purement et simplement des troupes de la Minusca sur toute l’étendue du territoire au profit de la montée en puissance des FACA ;
-Contrôler les actions de la Minusca afin de réduire le nombre exorbitant des victimes en Centrafrique.
Tout compte fait, les autorités centrafricaines ont tout intérêt à veiller scrupuleusement à ce que ces recommandations des organisations œuvrant dans la lutte contre l’impunité ne doivent souffrir d’aucune faille.
Dr Kevin Yabada