DISCOURS DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT A L’OCCASION DU DEUXIEME ANNIVERSAIRE DE SON INVESTITURE A LA MAGISTRATURE SUPREME DE L’ÉTAT
BANGUI, 30 MARS 2023
– Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
– Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
– Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
– Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
– Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chefs des Missions diplomatiques, Postes Consulaires et Représentants des Organisations Internationales ;
– Mesdames et Messieurs les membres du Corps judiciaire ;
– Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bangui ;
– Distingués invités ;
– Mesdames et Messieurs ;
– Mes Chers Compatriotes ;
Il y a deux ans, lors de mon investiture à la Magistrature suprême de notre pays, pour un second quinquennat, je vous disais combien je ressentais, avec fierté, l’honneur que vous m’avez fait, en m’élisant massivement dès le premier tour du scrutin présidentiel du 27 décembre 2020, jugé démocratique, crédible, libre et transparent par la communauté internationale.
Je ne vous remercierai jamais assez de cette marque de sympathie et de confiance, à laquelle je reste très sensible.
Nous sommes réunis aujourd’hui pour perpétuer la tradition démocratique, de gouvernance dans la transparence et l’obligation de reddition de compte au peuple souverain que nous nous sommes imposées depuis le 30 mars 2016.
Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour votre présence.
Depuis le 30 mars 2021, jour après jour, nous ne nous sommes accordé aucun répit dans le partage de cette lourde responsabilité, dans un contexte national difficile et un environnement international délétère.
Aujourd’hui, comme le 30 mars 2022, j’ai l’immense plaisir de vous retrouver, en ce haut lieu de la démocratie, à l’occasion de la célébration du deuxième anniversaire de ma prise de fonction, pour un second mandat à la tête de notre beau pays.
Je voudrais féliciter le Président de l’Assemblée Nationale, pour son leadership indéfectible et le bon fonctionnement de la Représentation nationale ainsi que les Députés de la Nation, pour la qualité des débats publics sur les projets et propositions de lois, pendant les séances d’interpellations du Gouvernement ainsi que les différentes prises de positions sur les sujets d’intérêt national.
Je remercie le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, les Présidents des Institutions de la République, les Membres du Gouvernement, ainsi que mes plus proches collaborateurs, pour les contributions remarquables à la mise en œuvre de mon projet de société.
J’exprime ma gratitude au Corps diplomatique et aux partenaires techniques et financiers pour leur accompagnement.
Je remercie les Institutions Internationales comme l’Union Européenne, l’Union Africaine, la CIRGL, la CEEAC, la CEMAC, pour leurs contributions au retour de la paix et de la stabilité en République Centrafricaine.
Je voudrais rendre un vibrant hommage à nos forces de défense et de sécurité qui, en dépit des capacités opérationnelles limitées du fait de l’embargo sur les armes et des difficultés de trésorerie, se sacrifient nuit et jour pour restaurer l’autorité de l’Etat et assurer la libre circulation des personnes et des biens sur le territoire national.
J’adresse notre gratitude à la MINUSCA pour la protection de l’ordre constitutionnel et je salue le renouvellement et l’extension de son mandat à l’appui aux élections locales.
Je tiens à exprimer notre reconnaissance aux forces alliées bilatérales russes et rwandaises qui appuient efficacement nos forces de défense et de sécurité dans l’exécution de leurs missions régaliennes, au péril de leur vie.
Je voudrais remercier l’opposition démocratique ainsi que la société civile pour leurs contributions à l’ancrage démocratique et à la lutte contre les maux qui ont causé le retard de développement de notre pays en partage.
Permettez-moi, en ce jour mémorable, de remercier vivement le Mouvement des Cœurs Unis (M.C.U), la Plateforme BEOKO, les associations et mouvements de soutien, les organisations des femmes et de la jeunesse ainsi que les personnalités anonymes, pour leur vigilance et leurs contributions appréciables à la reconstruction de notre pays.
Je salue les leaders des organisations syndicales et du monde associatif pour leur patriotisme et leurs contributions au maintien de la paix sociale, favorable à la poursuite des efforts de reconstruction nationale.
Mes Chers Compatriotes ;
Avant de vous entretenir brièvement sur l’état de la Nation, je voudrais partager avec vous quelques observations qu’il m’est arrivé de faire ces derniers mois sur la marche de notre pays.
Dans mon discours à la tribune de la 5ème conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés, à Doha, au Qatar, le 6 mars courant, je rappelais que notre pays était victime des visées géostratégiques liées à ses ressources naturelles ; qu’il s’était confronté aux ingérences étrangères qui le maintenaient dans la dépendance, l’insécurité et l’instabilité.
Je rappelais également que la République Centrafricaine a toujours été considérée, à tort, par certaines puissances occidentales, comme une réserve de matières premières stratégiques ; qu’elle était soumise depuis son indépendance à un pillage systématique, facilité par l’instabilité politique entretenue par certains pays occidentaux ou leurs sociétés qui financent des groupes armés terroristes dont les principaux leaders sont des mercenaires étrangers.
J’avais rappelé que les attaques récurrentes des groupes armés terroristes visaient à rendre notre pays ingouvernable, à empêcher L’État d’exercer son droit de souveraineté sur les ressources naturelles et son droit légitime à l’autodétermination.
Les attaques terroristes dirigées contre les investisseurs miniers visent à empêcher L’État, privé de l’aide budgétaire depuis plus de trois ans, de bénéficier des ressources financières tirées de l’exploitation de l’or et de diamants, en vue de provoquer les arriérés de salaires, pensions, bourses, la flambée des prix des produits de première nécessité.
Il s’agit, à l’évidence, de créer les conditions d’une explosion sociale en vue de justifier un coup D’État sans cesse en préparation.
La plus récente manifestation de cette politique de terreur menée par la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) est l’attaque terroriste perpétrée, le dimanche, 19 mars courant, sur le site minier de la société Gold Coast Group à Chimbolo, à 25 Km de de Bambari, qui a couté la vie à neuf (9) ressortissants Chinois.
Trois autres ressortissants Chinois ont été, une semaine plutôt, pris en otage dans un site minier à Abba, dans la Préfecture de la Nana-Mambéré.
C’est avec un cœur brisé que je réitère ici mes sincères condoléances à la République Populaire de Chine, aux familles des victimes et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
La République Populaire de Chine et la République Centrafricaine entretiennent d’excellentes relations d’amitié et de coopération dont les racines sont profondes et inébranlables.
Je condamne avec la plus grande fermeté les attaques terroristes et les prises d’otages qui visent à briser cette excellente coopération et décourager les investisseurs étrangers qui voudraient nous aider à exploiter nos ressources naturelles en vue d’améliorer les conditions d’existence de nos populations.
Tout en saluant l’évolution positive de l’enquête judiciaire ouverte, je souhaite qu’elle aboutisse à la manifestation de la vérité, à l’identification des auteurs et complices, à leur traduction devant les juridictions compétentes et leur condamnation à des peines prévues par la loi.
Même si les mots ne suffiront pas pour soulager la peine du peuple ami Chinois et des familles des victimes, je vous invite à observer avec moi une minute de silence, pour leur exprimer nos plus affectueuses condoléances et rendre un hommage appuyé aux victimes.
Une minute de silence.
Je vous remercie.
Mes Chers Compatriotes ;
Ainsi que vous le savez, certains éléments des FACA ont été pris en otage par la C.P.C, le 14 février 2023, à Sikikédé, dans la Vakaga, alors qu’ils exerçaient leurs missions régaliennes.
Le 17 février, un Douanier et un agent de la santé en mission dans la Préfecture de Lim-Pendé avaient été assassinés par la C.P.C.
Il y a une semaine, cinq personnes ont été tuées dont trois soldats et un enfant de 7 ans dans la plus récente attaque terroriste de la C.P.C à Kadjama, à 35 Km de Markounda, dans la Préfecture de l’Ouham.
La liste des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par la C.P.C est longue. Ces crimes ne resteront pas impunis, j’en suis persuadé.
Je tiens à rappeler aux leaders de la C.P.C, qu’au sens du droit international et de notre Code pénal, la prise d’otages est le crime odieux le plus condamnable, car elle porte atteinte aux droits inhérents à la personne tels que la vie, la liberté et la sécurité.
Aux éléments des FACA et ressortissants Chinois pris en otage par la C.P.C, que le Gouvernement met tout en œuvre pour leur libération prochaine.
Je saisis cette occasion solennelle pour demander à la communauté internationale d’intensifier la pression sur la C.P.C afin qu’elle libère sans délai et conditions, les otages.
Mes Chers Compatriotes ;
En dépit de la conjoncture économique difficile, nous poursuivons, avec le concours de chacune et chacun de vous, le patient travail de reconstruction de notre pays.
Sur le plan sécuritaire, je voudrais dire que nous continuons de renforcer la capacité opérationnelle de notre outil de défense et de sécurité par des recrutements réguliers des jeunes dans l’Armée, la Police et la Gendarme.
Nous avons, en sept années, doublé les effectifs des FACA, de la Gendarmerie Nationale et de la Police Centrafricaine, ce qui permettra, dans quelques années, d’établir un maillage territorial.
Sur le plan politique, en poursuivant la réalisation de notre vision commune d’un pays définitivement uni, sécurisé, pacifié et réconcilié, nous avons organisé, en mars 2022, un Dialogue républicain inclusif qui a connu un succès éclatant.
Je vous assure que le Gouvernement tiendra ses engagements.
La poursuite de l’exécution des engagements pris dans l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février 2019 a permis le désarmement et la démobilisation de 4.597 ex-combattants sur l’ensemble du territoire national.
Aussi, le Projet de Réintégration des Ex-Combattants (PREC), financé par la Banque Mondiale, a permis de former et réinsérer dans leur communauté 1.992 ex-combattants ; 995 autres sont en formation.
La mise en œuvre de l’APPR a généré en 2022 d’importants acquis et dividendes, notamment l’intégration de 1.000 ex-combattants dans les forces de défense et de sécurité et la dissolution de 4 groupes armés signataires de l’APPR. Quatre (4) autres seront dissous dans les prochains jours.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la Feuille de Route Conjointe de Luanda, des opérations spéciales ont permis de désarmer et démobiliser 1.574 ex-combattants dissidents de la C.P.C qui seront pris en charge par un programme de réintégration.
Nous poursuivons les efforts de mobilisation des ressources nécessaires et l’élaboration d’une stratégie d’engagement des leaders des groupes armés membres de la C.P.C dans le processus de paix.
Dans le domaine de la justice, la lutte contre l’impunité s’est poursuivie cette deuxième année par l’organisation de nombreuses sessions criminelles et audiences correctionnelles organisées.
C’est dans cette perspective que le mandat de la Cour Pénale Spéciale a été renouvelé.
En vue d’améliorer l’accès à la justice et le rapprochement de la justice des justiciables, nous envisageons la création des Tribunaux de Grande Instance dans les localités de Boali, Damara, Grimari, Baoro, Kembé, Ouango-Bangassou, Degaulle, Baboua et Sam-Ouandja.
Mes Chers Compatriotes ;
Je voudrais vous rappeler brièvement quelques actions que nous avons entreprises sur le plan économique et social.
Dans le domaine de la transparence et des réformes, nous avons rendu opérationnel le Port Sec de PK 26 et mis en système de tracking les marchandises à destination de notre pays, par géolocalisation et l’introduction des dispositifs d’inspection non intrusive par l’acquisition des scanners, ce qui permet de renforcer le dispositif de captation des recettes au cordon douanier.
Poursuivant les efforts en termes d’investissements nécessaires à la modernisation de nos régies financières, j’ai inauguré le 30 janvier dernier l’Hôtel des Douanes.
Entièrement financé sur le Budget national, ce bâtiment contribue à la mise en œuvre de la digitalisation de cette importante régie.
Nous avons poursuivi les efforts de reconstruction de notre pays par la réalisation des projets d’infrastructures indispensables à notre marche vers l’émergence, notamment dans les secteurs productifs.
Ainsi, dans le domaine de l’énergie, le taux d’accès à l’électricité est passé de 23 à 72 mégawatts en 2023, avec la mise en service, il y a quatre jours, de la Centrale solaire photovoltaïque de 15 mégawatts de Sakaï, sur un besoin estimé à environ 250 Mégawatts.
Les projets de construction du champ solaire de Danzi d’une puissance de 25 mégawatts et d’installation des centrales hybrides thermique/solaire à Bambari et Berberati d’une puissance totale de 2 mégawatts, permettront d’améliorer la distribution de l’électricité dans les prochains mois.
Par ailleurs, cinq (5) villes de provinces à savoir : Nola, Bangassou, Bouar, Birao et Bossembelé seront dotées de centrales hybrides thermique/solaire d’une puissance d’un (1) mégawatt chacune ainsi que l’électrification de 60. 000 ménages hors réseau et de 200 Centres de Santé et écoles par des kits solaires.
S’agissant du sous-secteur pétrolier aval, un projet de construction d’un dépôt de stockage de 5500m3 est en cours au niveau du port pétrolier de Kolongo, à Bangui.
Des dispositions sont prises pour le ravitaillement régulier de notre pays en produits pétroliers.
Aussi, le Gouvernement est instruit d’assurer la restructuration et l’encadrement des revendeurs des produits pétroliers permettant d’élargir l’assiette fiscale et de mieux le contrôler.
Le taux d’accès à l’eau potable et à l’assainissement s’est aussi amélioré grâce à la réalisation de 342 nouveaux forages d’eau, 50 mini-systèmes d’alimentation en eau et 2.293 forages avec l’appui de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique, la Banque Mondiale, l’UNICEF, le PNUD et le CICR.
La construction de la nouvelle station de pompage d’eau brute et de la station d’exhaure flottante sur l’Oubangui pour la Ville de Bangui et ses environs sont en cours.
En ce qui concerne le secteur minier, la production de l’or a, pour la première fois, dépassé le seuil de la prévision fixée, soit une tonne et demie (1,5t) pour une valeur taxable de 23 milliards 469 millions 81 mille 876 FCFA par rapport à l’année 2016 où la production était de 28,283 kilogrammes pour une valeur taxable de 491.985.530 FCFA.
En dépit du maintien injustifié de l’embargo du Processus de Kimberley sur 16 grandes zones de production sur les 24, la production du diamant a atteint cette année 115.000 carats pour une valeur taxable de 8 milliards 317 millions 14 mille 540 FCFA, contrairement à l’année 2016 où elle était de 11.487 carats pour une valeur taxable de 1.170.868.323 FCFA.
Au regard de ces statistiques encourageantes, j’ai instruit le Gouvernement d’adapter un cadre juridique de calcul de taxes et impôts adapté à l’environnement économique mondial et une nouvelle mercuriale pour l’exportation de l’or et du diamant.
Dans le domaine du Commerce, le Gouvernement a appuyé la commercialisation et l’exportation des produits agricoles et fourni des moyens roulants et de production par la construction d’une usine semi-industrielle de production de 200 à 300 tonnes d’huile de palme par jour.
La redynamisation du Guichet Unique de Formalités des Entreprises a permis la création en 2022 de 1.923 entreprises pour 3.436 emplois prévus.
Un accent particulier a été mis sur l’équipement. Ainsi, les travaux de bitumage de 50 Km de route à Bangui et de réhabilitation de plus de 200Km de pistes rurales dans les Préfectures de l’Ouham et Lim-Pendé se poursuivent, de même que ceux de Gala Fondo-Ndjoukou et Bambari-Kouango.
Je me réjouis de fin des études du pont sur l’Oubangui ainsi que de celles des routes Sibut-Grimari-Bambari, Sibut-Dekoa-Kaga-Bandoro ; Baoro-Carnot-Gamboula ; Bossembelé-Baoro et Mbaïki-Boda-Yaloké.
En ce qui concerne le Corridor, les travaux techniques des deux lots à savoir Gouga-Gbossangba avec un pont de 380Km sur la Lobaye et Gbossangba-Mbaïki seront bientôt lancés, dans le cadre de la coopération avec la BAD.
Nous avons, en perspective, le remplacement du bac de Bouca-Batangafo par un pont et la réhabilitation des routes de Damara-Bouca-Batangafo ; Sibut-Bambari-Alindao-Kongbo, Bambari-Ippy-Bria ; Sibut-Kaga-Bandoro et la poursuite de la réhabilitation de la route Ndelé-Ouadda-Birao-Amdafock.
Dans le domaine de l’économie numérique, la création de l’Unité Spéciale de Contrôle des Communications Electroniques a permis la transparence dans l’élaboration des factures téléphoniques, ce qui a instauré un climat de confiance entre les opérateurs de téléphonie mobile et le Gouvernement et amélioré les recettes publiques.
La réception des infrastructures à fibres optiques, le 6 février dernier, marque un tournant dans le mode de fonctionnement de l’Etat par la dématérialisation de l’administration, le renforcement du système d’éducation, d’enseignement, la numérisation des secteurs économique et financier, la régulation et la taxation des transactions financières en support au mécanisme de contrôle et de traçabilité pour le relèvement du niveau des recettes publiques.
Dès lors, il nous faudra implémenter le Plan national stratégique–Centrafrique Digitale 2025, le Plan directeur de développement des infrastructures larges bandes et la mise en place d’un Système national d’identité numérique.
Dans cette veine, la loi relative aux cryptomonnaies a été promulguée pour doter notre pays d’un cadre juridique permettant la tokénisation de nos ressources naturelles.
Le projet d’amendements de cette Loi a été adopté par l’Assemblée suite aux différentes résolutions des institutions de sous-régionales et des échanges avec le FMI et la Banque Mondiale.
Dans le domaine de l’agriculture, la filière coton a connu un regain d’activités grâce à l’appui budgétaire du Gouvernement ayant permis la fourniture d’intrants aux cotonculteurs et de relancer la culture du coton dans les préfectures jadis sinistrées (Kemo, Nana-Gribizi, Ouham-Péndé, Ouham-Fafa et la Ouaka).
Aussi, le Gouvernement, à travers l’Office National du Coton, a payé les arriérés des cotonculteurs à hauteur de 493 millions de FCFA correspondant à 2 275 tonnes de coton graine enlevés.
L’amorce de la mécanisation agricole et de promotion de la transformation des produits agricoles a commencé à porter ses fruits avec l’acquisition de 20 tracteurs, 2 unités complètes de transformation du manioc et du maïs, grâce à l’appui de nos Partenaires techniques et financiers.
Dans le domaine de la Santé, 13% du budget national sont consacrés à la santé, ce qui nous rapproche de la cible africaine de 15% fixée par la Déclaration des Chefs d’Etat d’Abuja.
Par ailleurs, nous avons doté le pays d’un Plan National de Développement Sanitaire de troisième génération qui couvre la période de 2022-2026, dont le coût de mise en œuvre est estimé à plus 1.634 milliards et qui commence à porter des fruits.
La couverture en personnel qualifié s’est améliorée avec le recrutement de 655 nouveaux cadres qualifiés de Santé dont 85 médecins, 440 paramédicaux et 130 gestionnaires qui ont complété les effectifs dans les formations sanitaires.
Aussi, 42 structures sanitaires ont été construites ou réhabilitées dont un hôpital de prise en charge des endémo-épidémies d’une capacité d’accueil de 350 lits, les pavillons de gynécologie-obstétrique et de médecine de l’Hôpital Communautaire et 18 Maternités.
Dans le cadre de la gratuité ciblée soins, 20 localités ont été dotées d’ambulances médicalisées.
Suite à la mise en service du Centre d’imagerie médicale et du Centre d’hémodialyse, 1.640 personnes ont bénéficié des examens de scanner, tandis que le Centre d’hémodialyse a pratiqué plus de 1.000 séances ayant permis de sauver la vie de 33 personnes.
Les principales formations sanitaires du pays ont également été dotées d’équipements modernes et de médicaments pour une valeur de 4 milliards 500 millions de FCFA.
En termes de couverture en soins :
– près de 70% des personnes éligibles soit environ 41% de la population générale ont été vaccinées contre le COVID-19, ce qui place notre pays dans les premiers rangs en Afrique Subsaharienne ;
– 471 342 femmes enceintes et femmes allaitantes ainsi que 2061 femmes victimes de violence basée sur le genre ont été prises en charge dans les formations sanitaires;
– 61.076 personnes sont mises sous traitement anti-rétroviral (ARV) contre le VIH/SIDA ;
– 2.285.632 personnes ont été traitées contre le paludisme et,
– plus de 32.785 personnes ont été dépistées et ont reçu des soins contre l’hypertension artérielle, le diabète, le paludisme et la tuberculose durant les séances de surveillance à base communautaire.
Grâce à ces efforts, notre pays est aujourd’hui le premier pays pilote au niveau mondial dans le cadre de la préparation et la réponse aux urgences de santé publique et cela attire une curiosité positive du monde entier sur les expériences en cours en République Centrafricaine.
Afin de maintenir ces bons résultats, et suite à la grève du personnel de la Santé et du Fondamental 1, 2 et Technique, j’ai rencontré, ces derniers jours, toutes les centrales syndicales avec lesquelles j’ai abordé les principales questions concernant les conditions de vie et de travail des Fonctionnaires et Agents de l’Etat.
Et je crois que mes interlocuteurs ont bien compris l’appel à l’instauration d’une vase de confiance dans les relations Etat/Travailleurs du secteur public.
J’ai donné des instructions afin que les dysfonctionnements que nous avons observés au niveau des salaires soit fortement corrigés et que le fichier de la solde soit assaini tant au niveau de l’effectif que de la masse salariale.
Je suis heureux de constater que le travail engagé depuis le mois de juillet 2022 donne des résultats encourageants.
Mes Chers Compatriotes ;
Je n’ai ménagé aucune énergie pour asseoir solidement les valeurs d’intégrité morale, de probité, d’équité, de transparence, du goût de l’effort et surtout de la lutte contre l’impunité, la corruption, les mentalités de rente qui ont rongé, pendant des décennies, les capacités de l’Etat à répondre aux besoins élémentaires de la population.
C’est pourquoi, je vous exhorte à collaborer avec la Cellule de Veille contre la corruption, les détournements de deniers publics, la concussion, les extorsions de fonds, les fraudes fiscales et douanières, les infractions assimilées et les mauvaises manières de servir, est mise en place, avec un numéro vert, en dénonçant les auteurs de ces actes.
Ensemble levons-nous pour mettre fin à la corruption, aux détournements de deniers publics et aux mauvaises manières de servir.
Mes chers Compatriotes ;
Depuis 2016, de milliers de citoyens se sont prononcés en faveur d’une nouvelle Constitution.
Une partie de l’opposition démocratique et de la société civile se sont prononcées contre le projet.
J’ai eu l’occasion de me prononcer sur le sujet, notamment en réitérant ma ferme volonté de continuer à remplir mon mandat et de respecter la Constitution.
Sur décision de la Cour Constitutionnelle, la loi portant procédure référendaire a été adoptée par l’Assemblée Nationale et promulguée.
La question que se posent généralement nos Compatriotes, porte sur le point de savoir comment un Président de la République, démocratiquement élu par le peuple, peut-il aller contre la volonté de ce peuple ?
Aussi, l’élaboration d’une nouvelle Constitution réclamée par le peuple, s’analyse-t-elle en une intention du Président de la République de modifier les règles du jeu démocratique pour se maintenir au pouvoir ?
Je vous invite à la réflexion sur ces questions.
Il n’est pas trop tard pour écouter la voix du peuple.
S’agissant des élections locales, je voudrais vous informer que le Gouvernement continue de mobiliser les ressources pour leur organisation à la date proposée par l’ANE.
Ces consultations tant attendues, nous les voulons inclusives, transparentes, démocratiques afin de consolider la démocratie à la base.
Sur le plan diplomatique, nous avons été amenés à intensifier nos relations diplomatiques, en signant un Accord-cadre de coopération avec les BRICS.
Cet Accord ambitieux prévoit un programme et des projets stratégiques tels que le choix de Bangui comme Siège de l’Alliance internationale des BRICS en Afrique centrale.
Concernant les grandes rencontres internationales, j’ai représenté notre pays, à la 77ème Session de l’Assemblée Générale de l’ONU au cours de laquelle nous avons contribué à nourrir la réflexion sur la recherche des solutions porteuses de changement pour relever les défis interdépendants qui constituent des motifs sérieux d’inquiétude pour l’avenir de l’humanité.
Nous avons saisi cette précieuse occasion pour réclamer que nos partenaires entretiennent avec notre pays un rapport de confiance et de respect mutuel.
Nous avons assuré la communauté internationale de notre disposition à coopérer avec tous les pays du monde, pourvu que nos intérêts vitaux et notre souveraineté soient respectés.
Nous avons aussi participé au Forum Afrique-Etats-Unis, tenu, courant décembre 2022, à Washington DC, consacré au commerce et aux investissements.
Là aussi, nous avons exprimé notre volonté d’entretenir des partenariats gagnant-gagnants avec les Etats-Unis d’Amérique afin de valoriser nos immenses potentiels naturels et accélérer le développement de notre pays.
Courant février 2022, nous avons pris part au Sommet mondial des Gouvernants à Dubai au cours duquel nous avons signé un Protocole d’Accord de coopération bilatérale entre la République Centrafricaine et les Emirats Arabes Unis.
Notre pays n’a pas oublié les autres grandes préoccupations planétaires telles que les changements climatiques, en participant à la COP 27, à Sharm El Cheikh, en Egypte, le 7 novembre 2022.
A la tribune de cette Conférence, nous avons exigé l’exécution immédiate des promesses faites par les pays développés, grands pollueurs, les organisations internationales et les secteurs privés de mobiliser 100 milliards de Dollars américains par an, afin de répondre aux besoins prioritaires des pays en développement, en contrepartie de l’inexploitation de nos ressources forestières.
Mes Chers Compatriotes;
Vous conviendrez que la performance et la bonne gouvernance nécessitent des efforts constants, surtout dans un pays fragile comme le nôtre dont les fondamentaux de l’économie et la concorde nationale ont été durement ébranlés par la longue crise politico-militaire de 2013.
En souscrivant à plusieurs engagements internationaux, dans un contexte de partenariat mondial pour une coopération efficace, notre pays a voulu se doter de moyens additionnels en appui à ses efforts domestiques.
Malheureusement, au moment où l’humanité entière faisait face à la crise sanitaire mondiale du COVID-19, nos partenaires traditionnels ont suspendu les appuis budgétaires en faveur de notre pays, en contradiction avec les dix principes internationaux d’intervention dans les Etats fragiles, en lien avec la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.
Vous le savez sûrement, la suppression de ces appuis budgétaires a sans doute eu des effets néfastes immédiats sur les femmes, les enfants et les autres personnes vulnérables.
Je voudrais croire que les échanges en cours avec nos partenaires aboutiront au rétablissement des appuis budgétaires pour soutenir nos efforts de reconstruction du pays.
Mais le Gouvernement doit toujours trouver de nouveaux et meilleurs moyens d’aborder ces multiples défis.
Mon objectif est donc d’aller chaque jour au-delà des résultats encourageants que je viens de rappeler.
C’est d’ailleurs pour cela que j’ai exigé la tenue du Séminaire gouvernemental, qui a abouti à 643 recommandations avec des échéances d’exécution.
Mes Chers Compatriotes ;
Je voudrais également dire un mot sur la présidence centrafricaine de la CEMAC.
En effet, lors de la Session tenue à Yaoundé, le 17 mars courant, les Chefs d’Etat ont confirmé l’élan de solidarité qui caractérise notre Communauté, en confiant les destinées de la CEMAC à la République Centrafricaine.
Au moment où je prends la présidence de notre Communauté, la paix, la sécurité et la stabilité des institutions démocratiques sont menacées par les groupes armés terroristes.
Par ailleurs, le monde entier continue de faire face aux défis existentiels exacerbés par les conséquences néfastes du COVID-19, des changements climatiques, les inquiétudes suscitées par la guerre en Ukraine, la persistance du terrorisme, des menaces contre la paix et la sécurité mondiales.
Je mesure les enjeux qui découlent du mandat confié à notre pays. D’ores et déjà, vous pouvez compter sur mon entière disponibilité à continuer l’œuvre entreprise par mes illustres prédécesseurs.
J’en appelle à une solidarité et une vigilance accrues pour qu’ensemble nous relevions les défis de ce mandat.
Je souhaite qu’il n’y ait pas de clivage majorité présidentielle, opposition démocratique dans l’exercice de ce mandat confié à notre pays.
Mes Chers Compatriotes ;
Il y a des choses dont nous devons être fiers mais je voudrais insister sur ce que nous devons défendre, sur ce que nous devons sans doute améliorer et sur ce que nous devons inventer.
Vous devez savoir que nous ne luttons pas seulement contre les groupes armés ordinaires, jadis intéressés par la prédation et la rapine.
Mais nous luttons contre des puissances dominatrices, néocoloniales, contre les forces du mal, qui veulent nous prendre en otages, nous maintenir dans la dépendance et la pauvreté.
Les ennemis de la République recrutent, financent et équipent des mercenaires étrangers pour empêcher l’exploitation de notre sous-sol considéré comme des réserves stratégiques pour leurs générations futures.
Ils utilisent les médias internationaux pour dénigrer les autorités légitimes du pays, les présenter comme des incompétents, corrompus et incapables d’assurer la sécurité de leur peuple.
Ainsi que je l’avais dénoncé à la tribune des Nations Unies, en septembre 2022, ces campagnes, menées par certains médias internationaux, sur fond de néocolonialisme aux contours flous et menaçants, dont le succès tient moins à leur véracité qu’à des ficelles rhétoriques éprouvées, sont uniquement motivées par la préservation des intérêts géostratégiques et géopolitiques de leurs Etats, loin des intérêts vitaux du peuple centrafricain.
Vous devez savoir que notre insécurité est voulue, entretenue, notre sous-développement est planifié.
C’est justement pour maintenir le pays dans l’insécurité, la dépendance, la pauvreté que l’embargo sur les armes et le diamant sont maintenus depuis dix ans, sous des motifs fallacieux.
Surpris de nous voir continuer à verser les salaires, les bourses, les pensions et assurer les dépenses régaliennes, et estimant que nos ressources proviennent de l’exploitation semi-mécanisées de l’or et de diamants bruts, les ennemis de notre Nation ont décidé d’exterminer les rares investisseurs installés dans notre pays.
La République Centrafricaine est reconnue pour ses crises militaro-politiques récurrentes, m’objectera-ton.
Mais depuis quand vous avez vu des groupes armés ou rebelles centrafricains utiliser des armes de tout calibre, plus performantes que celles des FACA, de drones militaires, des aéronefs pour bombarder de nuit comme de jour les positions de nos forces de défense et de sécurité ainsi que les rares industries du pays ?
Depuis quand vous avez vu des groupes armés ou rebelles centrafricains poser des mines anti personnels et anti chars dans les grandes régions minières, prendre les éléments de nos forces de défense et de sécurité en otage, lancer des drones sur des sites miniers, assassiner des investisseurs étrangers ?
Je tiens à rappeler que nous n’avons signé aucun accord avec un groupe terroriste international et que les désinformations véhiculées par certains médias occidentaux pour diaboliser la République Centrafricaine et ses autorités légitimes sont fallacieuses et doivent cesser.
Nous refusons que notre pays soit sacrifié sur l’autel des calculs géopolitiques et géostratégiques des grandes puissances.
Nous n’avons ni la volonté politique ni les moyens de participer à un conflit armé international.
Nous avons la volonté de coopérer avec tous les Etats du monde qui le souhaitent sur toutes les questions d’intérêt commun et principalement sur les questions sécuritaires et économiques.
Je regrette que certains Compatriotes soient tombés dans le piège de des ennemis de notre pays.
Ils polluent sans cesse les réseaux sociaux par des discours toxiques, irresponsables et cyniques qui minent le socle fragile de la réconciliation nationale.
Il s’agit d’une tendance fort dangereuse qu’il nous faut inverser.
Je me réjouis cependant de constater qu’en dépit des manipulations, des désinformations, des dénigrements et des calomnies entretenues par les relais locaux, la fibre patriotique n’a pas rompu.
Mes Chers Compatriotes ;
Nous ne sortirons pas de la pauvreté, du sous-développement
et de l’insécurité en nous méfiant les uns les autres et en étant profondément inquiets et divisés.
C’est pourquoi, je continue d’implorer le Dieu Tout-puissant pour le renouvèlement de notre intelligence afin que nous nous engagions tous pour la paix, sans laquelle aucun développement n’est envisageable.
La jeunesse constitue notre espoir. Notre jeunesse exprime sa déception face à la manière dont nous agissons, ou plutôt, n’agissons pas.
Pour renforcer la résilience de la jeunesse et lutter contre l’esprit destructeur qui caractérise une partie de nos jeunes déscolarisés, je viens de poser la première pierre d’un projet présidentiel de construction d’un Centre de Formation et d’Éducation au Changement des Mentalités, au PK 22, route de Damara, en coopération avec l’ONG sud-coréenne « International Youth Fellowship », pour un montant de 2 milliards 500 millions de FCA.
C’est également dans cette vision que j’ai initié une phase opérationnelle de participation citoyenne baptisée « KWA-TI-KODRO » pour l’assainissement de nos villes, nos villages et nos quartiers sur l’ensemble du territoire.
Je forme le vœu que nous construisions ensemble, dans l’unité retrouvée, un avenir fait de paix, de sécurité et de prospérité pour nous-mêmes et pour les générations futures.
Je voudrais, en terminant, vous remercier, mes chers Compatriotes, pour votre confiance soutenue.
Vive la République !
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son Peuple!
Je vous remercie.