RCA: discours du président Touadéra à l’occasion de la réunion du comité de crise

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Le président centrafricain Faustin Archange Touadera

DISCOURS DE SON EXCELLENCE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT A L’OCCASION DE LA REUNION DU COMITE DE CRISE

C’est avec un sentiment de fierté que je préside aujourd’hui la réunion de marquant la fin de la crise de la pandémie à Covid-19 en République Centrafricaine.

Il convient de rappeler qu’en date du 5 mai 2023,  le Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré la pandémie de COVID-19 n’est plus une urgence de santé publique de portée internationale.

Par cette même déclaration, le Directeur Général de l’OMS attire notre attention sur la circulation de nouveaux variants du coronavirus et exhorte les pays à poursuivre les efforts de surveillance.

En d’autres termes, la crise de la pandémie à COVID-19 est désormais derrière nous, mais la menace d’une nouvelle crise demeure.

Nous devons donc rester vigilants.

En effet, les rapports de surveillance de cette pandémie montrent une réduction considérable des nouveaux cas et des décès dans le monde et en Afrique subsaharienne.

En Afrique subsaharienne, le nombre de cas a baissé de 76% durant les derniers mois.

A la date du 7 septembre 2023, un nombre cumulatif de 123.466 personnes ont été testées par PCR en République Centrafricaine parmi lesquelles 15.485 ont été testées positives soit 12,5%.

Ce taux est tombé à une moyenne de 0,3% ces derniers mois. Le variant Omicron restant le variant dominant.

Certaines mesures initialement édictées seront supprimées ou allégées. C’est le cas des mesures de contrôle aux frontières.

Il nous faut poursuivre les mesures d’hygiène comme le lavage régulier des mains, la prévention et le contrôle des infections en milieu hospitalier et dans les communautés, la vaccination contre la COVID-19.

Le Ministère de la Santé et de la Population est instruit d’engager une campagne de prévention centrée sur l’engagement communautaire conformément à la politique nationale.

– Mesdames et Messieurs ;

Le 20 mars 2020, je déclarais la pandémie à COVID-19 sur le territoire centrafricain et j’annonçais des mesures urgentes en vue de la limitation de la propagation de ce fléau et la réduction de son impact socio-économique.

Aujourd’hui, je déclare, non sans fierté, la fin de la pandémie à Covid-19 en République Centrafricaine comme un problème de santé publique de portée internationale.

Mais permettez-moi de vous inviter à regarder dans le rétroviseur et apprécier avec moi les circonstances de notre succès dans la riposte contre la pandémie à Covid-19.

Vous vous souviendrez que le choc de la pandémie de COVID-19 a été une épreuve et un test de la résilience, de la réactivité, du leadership et de l’efficacité de la gouvernance des Etats et des institutions nationales, régionales et mondiales face aux menaces des évènements majeurs de santé publique de notre époque.

Conscient de ma responsabilité d’assurer la protection de la population contre les menaces, comme celle liée aux épidémies au cours desquelles un nombre important des personnes et de communautés peuvent être affectées causant des souffrances voire des pertes en vies humaines avec de graves conséquences sur les familles, la société et l’économie, je me suis personnellement engagé dans la gestion de cette pandémie.

C’est ainsi que j’ai mis en place la Cellule de Crise que je préside personnellement avec la participation de toutes les forces vives de la nation ainsi que les partenaires bi et multilatéraux.

Toute la machine étatique a été également mobilisée et responsabilisée.

Grâce à ce dispositif national de coordination et d’action multisectorielle de haut niveau, soutenu par le partenariat et la solidarité internationale, notre pays a pu lancer une offensive sans précédent qui a permis à la population centrafricaine de faire preuve d’une résilience extraordinaire face à la pandémie à COVID-19, défiant les prophètes de malheur qui prédisaient l’apocalypse pour l’Afrique et pour la Centrafrique.

Nous avons fait montre de grande capacité d’anticipation des évènements par une gestion axée sur les évidences s’appuyant sur  la collecte, l’analyse et l’utilisation méthodique des données et des informations en temps réel, en appliquant les principes universels en matière d’épidémiologie, de gestion opérationnelle des épidémies et de bonne gouvernance.

Grace à cette démarche structurée et coordonnée, j’ai très vite mesuré l’ampleur de la menace et ses conséquences sur la vie de la nation.

J’ai donc présidé personnellement les réunions du Comité national de crise qui a servi de cadre unique à la planification, au suivi-évaluation, à la mobilisation des ressources  et au développement du partenariat.

Mécanisme participatif par excellence, le Comité de crise et ses démembrements, en l’occurrence le comité technique présidé par le Premier Ministre et le Groupe de travail Méthode et stratégie présidé par le Ministre chargé de la Santé et de la Population, à assurer les qualités d’une riposte efficace et efficiente, notamment la flexibilité, le pragmatisme, la réactivité, l’agilité et l’innovation.

La pandémie à Covid-19 était gérée à la fois comme crise et une opportunité de renforcer la résilience de la population ainsi que la capacité du système de santé à l’anticipation, à la préparation et à la gestion des cas dans un contexte de crise de santé publique.

L’implication et la responsabilisation de la communauté ont servi de pierre angulaire à notre riposte par l’institution de  la surveillance à base communautaire.

Ce qui nous a permis de suivre l’évolution de la pandémie en temps réel par le dépistage et la prise en charge précoce des patients et des groupes vulnérables.

Elle  est actuellement élargie aux activités de dépistage des autres endémies, telles que la Tuberculose, le VIH et le Paludisme ainsi que les maladies non transmissibles ou chroniques, comme l’hypertension artérielle, le diabète, les cancers gynécologiques.

L’engagement communautaire est la clé de voûte qui permettra à la République Centrafricaine de réaliser la couverture santé universelle.

En effet, l’approche de l’engagement communautaire permet de mettre les soins de base à la portée de plus de 70% des populations vulnérables qui, pour des raisons diverses, n’utilisent pas les formations sanitaires.

Tout en étant guidé par les principes et les évidences, notre démarche a aussi pris en compte les considérations culturelles, anthropologiques et socio-économiques.

C’est ainsi que nous n’avons pas fermé nos frontières comme l’ont fait plusieurs pays et nous n’avons pas non plus imposé le confinement qui était considéré comme une mesure cardinale en matière de riposte à la pandémie de COVID-19.

Les écoles et les lieux des cultes religieux ont été ré-ouverts après une brève période de fermeture.

Dans le même ordre d’idées, des enquêtes et études ont été menées par l’ICASEES en vue de déterminer l’impact socio-économique de cette crise.

Des mesures idoines ont été prises en conséquence pour corriger ces impacts au niveau micro et macro-économique.

Nous avons procédé, en temps opportun, à la réduction à 14 jours de la durée de la quarantaine fixée au départ à 21 jours.

Nous avons, avec l’appui de la Banque Mondiale et de plusieurs autres partenaires, confectionné localement et distribué gratuitement 15 millions de  masques artisanaux à la population afin de renforcer sa protection et limiter davantage la propagation de ce corona virus dangereux.

En ce qui concerne la prise en charge, nous avons œuvré sur quatre axes principaux à savoir :

– (i) l’intensification de la détection précoce des cas à travers l’application de la surveillance à base communautaire, les campagnes de dépistage prospectifs et la recherche systématique des cas pendant les consultations dans les formations sanitaires ;

– (ii) la création des centres d’isolement et de prise en charge dans les formations sanitaires sur toute l’étendue du territoire pour les cas sévères en prônant le traitement à domicile des cas simples par des équipes légères itinérantes;

– (iii) le dépistage précoce et la prise en charge gratuite des comorbidités, telles que l’hypertension artérielle, le diabète;

– (iv) l’utilisation des protocoles de traitement contextualisés par l’élite médicale nationale.

Au total 15.485 personnes ont été prises en charge et le taux de mortalité est estimé à moins d’un (1%) contre 3% en Afrique subsaharienne et  32% pour en Europe.

Une campagne de renforcement de la prévention des infections en milieu de soins a été instaurée dans toutes les formations sanitaires du pays en dotant ces derniers d’appareils de production de chlore incluant la formation du personnel.

A ce jour 151 sur 200 formations sanitaires soit (75%), disposent de plateformes de production de chlore.

Suite à cette campagne, le taux de prévention en milieu de soins est passé d’une moyenne de 30% en septembre 2021 à 60,5% en avril 2023.

Dès que l’utilisation des vaccins a été autorisée par l’OMS, nous avons pris les mesures pour faire adhérer la population à ce moyen de protection efficace en combattant fermement la campagne de désinformation orchestrée contre la vaccination anti-COVID-19.

J’ai instruit que toutes les mesures soient prises afin que 70% la population cible soit vaccinés d’ici fin 2022.

A ce jour, la couverture vaccinale réalisée est de 75% dépassant ainsi la cible initialement fixée. La République Centrafricaine est aujourd’hui parmi les pays au Sud du Sahara où la couverture vaccinale est la plus élevée.

Les formations sanitaires ont été dotées en matériels de réanimation, en matériels de protection individuelle et en chaîne de froid pour la vaccination.

Les capacités de diagnostic des laboratoires et de surveillance génomique ont été renforcées permettant une prise en charge précoce et un meilleur suivi des variants.

La capacité de faire le diagnostic sur la base de la charge virale sur l’étendue du pays est passée de trois (3) appareils au début de l’épidémie à 42 appareils.

Le séquençage génomique qui se faisait à l’étranger est désormais réalisable par le Laboratoire National de Santé et de Biologie Clinique, ce qui permet d’identifier les variants en circulation.

Un complexe hospitalier moderne doté d’équipements de dernier cri et d’une capacité de 360 lits d’hospitalisation pour la lutte contre les grandes endémies a été construit sur un site historique du PK 24 route de Damara et ceci sur le budget de l’Etat.

Dans cette même dynamique, plusieurs infrastructures sanitaires vont être réhabilitées à l’intérieur du pays, notamment à Berberati, Bangassou, Bambio, Nola, Gadzi, Abba et Mala avec l’appui des partenaires dont la Banque Mondiale.

Tous les hôpitaux ont été dotés d’extracteurs d’oxygène. Trois sites de production d’oxygène sont en cours de construction.

Un vaste programme de formation d’épidémiologistes de terrain a été mis en place et 52 experts ont déjà été formés.

Notre pays s’inscrit dorénavant et de façon résolue dans la dynamique de la sécurité sanitaire internationale conformément aux exigences du Règlement Sanitaire.

La République Centrafricaine est le premier pays pilote de l’OMS pour le processus d’examen de l’état de santé et de préparation aux urgences sanitaires mieux connu sous le sigle anglo-saxon UHPR.

A ce titre, notre pays est l’un des pays bénéficiaires et participants à trois programmes phases de l’OMS pour le renforcement de la capacité à la riposte à l’épidémie dans la région africaine.

Dans ce cadre, 66 cadres nationaux ont été formés dans 28 domaines différents.

Nos cadres pourront ainsi rejoindre, en cas de besoin, le pool des experts internationaux de la région africaine de l’OMS et partager au niveau continental et global notre expérience et notre savoir-faire.

La République Centrafricaine est également éligible à d’autres appuis mondiaux dont le Fonds Pandémique International (RSI 2005).

– Distingués invités ;

– Mesdames et Messieurs ;

Fort de l’histoire de notre riposte, nous sommes en droit de célébrer la victoire contre la pandémie à Covid-19 et d’attribuer cette victoire à une lutte méthodique, efficace et efficiente caractérisée par une approche  innovante et sans regret faisant de la crise de la pandémie à Covid-19 une opportunité.

Plusieurs faits attestent de la reconnaissance de la robustesse et de l’exemplarité de la riposte par la communauté internationale.

A cet égard, je suis heureux de vous annoncer le maintien du Comité de crise comme cadre de coordination unique de la sécurité sanitaire internationale.

Je saisis cette occasion pour remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont rendu possible cette victoire.

Je remercie particulièrement les agents de santé de toutes catégories, les partenaires de la coopération bilatérale, des organisations internationales, des institutions financières internationales, les ONG ainsi que tous les pays amis qui ont été aux côtés de la République Centrafricaine et nous ont manifesté leur soutien et leur solidarité durant ce temps d’épreuve.

Nous savons pouvoir toujours compter sur leurs appuis dans le cadre de la sécurité sanitaire internationale.

Une mention particulière mérite d’être faite à l’OMS, à la Banque Mondiale, au Fonds Mondial de lutte contre le paludisme, la tuberculose et le SIDA, la Chine et à Africa CDC pour leur appui extraordinaire.

Pour terminer, je rends un vibrant hommage au peuple centrafricain pour sa coopération et sa résilience tout au long de cette crise.

Je formule à son endroit ma profonde gratitude pour la confiance qu’il  a faite au Gouvernement et à moi-même dans la gestion de cette lutte.

Que Dieu bénisse et protège la République Centrafricaine !

Je vous remercie.

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