Anicet Georges Dologuelé, candidat de l’URCA/@Eric Ngaba
Ndjoni-Sango (02/02/16): En prélude au second tour des élections présidentielle et législatives en République centrafricaine, le candidat de l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA) Anicet Georges Dologuélé, arrivé en tête des résultats du premier tour de la présidentielle du 30 décembre 2015 23,74% des voix, accorde une interview à la rédaction de Ndjoni Sango. Suivez l’intégralité de l’entretien.
Ndjoni-Sango (NS) : Monsieur le Président de l’URCA, à l’issue du premier tour, vous avez obtenu 23,74% des voix. Quel est votre sentiment ?
Anicet Georges Dologuélé (A.G.D): C’est plus proche de 24% que 23. C’est un sentiment de satisfaction. Mais en même temps, l’écart avec le (…) n’est pas si grand que ça. Et donc, nous devons travailler beaucoup pour le second tour afin de dépasser les 50%. Donc, c’est déjà bon d’être un premier au premier tour, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aller auprès des électeurs pour les mobiliser. Il faut faire en sorte que le second tour soit plus aisé.
NS : (…) Plus de courage et de détermination.
AGD: (…), mais au-delà du courage et de la détermination, j’ai eu le réel envie de contribuer à ce que la République centrafricaine sorte de la situation par laquelle elle est. C’est pour ça (…). Je pense que mon passé professionnel et mon expérience multiforme me donnent la légitimité de faire en sorte que notre pays change. Et comme je l’ai dit et répété, ça sera la troisième transition avec l’implication de tous les talents centrafricains et un leadership de (…).
NS : Comme Parti des riches centrafricains. Comment réagissez-vous à cet état des faits? Qu’en pensez-vous?
AGD: Je pense que l’URCA, parti créé il y’a deux ans, j’ai beau cherché là-dedans mais je ne vois aucun riche en commençant par moi-même. Vous savez que l’URCA a plus de 300.000 militants dans le pays. S’il y’avait plus de 300.000 riches, la République centrafricaine ne serait pas à ce stade-là. Non, il ne faut pas insulter les Centrafricains de toutes les régionsqui ont bien voulu rejoindre un jeune parti politique, et qui à leur premier coup d’essai, ces Centrafricains ont mis leur candidat au deuxième tour de l’élection présidentielle. Il ne faut pas les injurier, il faut les respecter.
NS : Vos concitoyens confirment que les agents de l’Etat gardent un mauvais souvenir des arriérés qui correspondent à la période à laquelle vous étiez encore aux affaires. Que comptez-vous faire actuellement si vous êtes élu Président de la République?
AGD: Moi-même je garde les mauvais souvenirs de toutes les souffrances que j’ai endurées pour mettre de l’ordre dans le pays pour attirer les Institutions de Bretton Wood, attirer les bailleurs de fonds dans ce pays. Mais cette souffrance a payé. J’ai souffert moralement, mentalement pour faire ce travail, c’est un travail ingrat que j’ai réussi avec beaucoup de détermination. Aujourd’hui, ces Institutions sont là. Vous voyez qu’au début de la transition, ce sont ces Institutions qui paient les salaires. Avec la coopération bilatérale qui comme vous le savez, arrivent plus aisément. Quand les Institutions de Bretton Wood sont là, il a fallu un travail, et ce travail, c’est moi qui l’ai fait. Les fonctionnaires se plaignent de ces revues de salaires, je n’ai pas voulu les (…), vous le savez. Je n’ai pas voulu qu’il y’ait des mutineries qui sont cassé des entreprises, je n’ai pas voulu que ces milliers d’emplois aient été détruits, et que toutes les recettes de l’Etat aient été baissées par ce désordre. Je suis venu les réparer, j’ai réparé, et qu’aujourd’hui, ça permis qu’il y’ait une meilleure régularité au niveau des gouvernements qui m’ont succédé. Construire un pays, c’est verser régulièrement les salaires des fonctionnaires et c’est le pays tout entier. Et les arriérés, vous verrez que notamment si je suis élu, et que nous créons des richesses, la régularisation de ces arriérés ne sera pas difficile. Donc, tournons-nous vers l’avenir, tournons-nous vers les emplois à offrir aux jeunes. Parce que vous savez, les fonctionnaires sont estimés à vingt et quatre mille (24.000) personnes. Mais il y’a 30.000 jeunes qui entrent tous les ans sur le marché de l’emploi, 30.000 par an, beaucoup de monde. Il faut également s’occuper de ces 30.000 jeunes. Chaque année, on s’occupe des nouveaux jeunes qui entrent. En plus des 26.000 qui sont dans la Fonction publique, il faut s’occuper des 30.000 qui entrent tous les ans. Aujourd’hui, si vous faites le calcul, on dépasse plus de 250 à 300.000 jeunes qui chôment, qui ont des diplômes qu’il faut mettre en valeur. Il faut également s’occuper des 26.000 qui ont déjà la chance d’être là.
NS : Selon l’opinion couramment répondue, vous êtes au service d’une classe (…). On vous prête l’intention (…) de prendre une commission de 10% sur toutes les transactions (…). Que répondez-vous à toutes ces malveillances?
AGD: Euh bien, il faudrait que nous puissions mener des campagnes sur des projets de sociétés. Et donc sur ce que nous proposons aux Centrafricains pour demain, il faut également que vous puissiez en tant que journaliste faire des investigations. Au niveau du FMI et de la Banque mondiale pour comprendre si un seul texte qui leur permet de verser des commissions à un ministre des Finances. Il faut aussi que vous fassiez des investigations pour trouver dans ce pays un seul commerçant, un seul homme d’affaire ou une seule entreprise qui ait versé un seul centime à Dologuélé. Quand on aura fait ça, on pourra discuter. Mais il ne faut pas que nous puissions volontairement piétiner le Code de bonne conduite que nous avons tous signé, et mettre la campagne résolument sur le cap de la diffamation et des injures. Nous devons respecter le Code de bonne conduite. Ils ont tellement souffert, et ils savent pourquoi ils ont souffert. Il y’avait des dirigeants qui étaient là quand le pays a été massacré. Je n’y étais pas. Vous parlez des arriérés de salaires, de quelques arriérés de salaires que je n’ai pas été seul à cumuler, tous ceux qui m’ont succédé ont accumulé. Même si les entreprises d’Etat ont été chiffonnées, pour payer le salaire pendant quelques années, on a fait en vase communiquant, on a appauvri l’Etat toujours. Parce que, détruire les entreprises publiques pour payer les salaires, on crée de nouveaux problèmes. Donc, un pays c’est un tout, et le désastre dans lequel nous sommes, il y’avait des gens aux commandes. Et le désastre dans lequel nous sommes, ne faisons pas comme si les Centrafricains n’ont pas souffert. Comme personne au monde ne peut imaginer que (…), il y’avait des dirigeants qui étaient là, il y’avait un Chef du gouvernement. Cela ne s’est pas fait en un jour. Parlons-en, ça ce n’est pas de la diffamation, c’est de la réalité. Parlons-en, qui était aux commandes quand le pays a fait sa descente aux enfers? Ce n’était pas le Premier ministre Dologuélé.
NS : Votre entourage a la réputation d’être suffisant, noble, et ne s’occupe pas des préoccupations des populations. Quelle solution envisagez-vous pour corriger cette perception?
AGD: Ce que vous appelez mon entourage, vous savez que je suis quelqu’un qui suis assez réservé, qui vit avec sa petite famille. Et donc, quand on ne connait pas trop ce que je fais, on m’invente un entourage. Le bing-bing, moi je ne suis pas quelqu’un de bing-bing. Vous voyez, j’ai une vie assez sobre. Mais, tous ceux qui sont autour de moi c’est-à-dire les partisans, c’est-à-dire les membres de l’URCA, c’est-à-dire ceux qui m’ont aidé à faire campagne pour avoir les 24% de suffrage des Centrafricains. S’ils étaient perçus comme des bing-bing, personne n’aurait voté pour moi. Parce que nous sommes plus proches de la population, beaucoup plus de la population que ceux qui se disent aujourd’hui plus proches de la population. On ne l’a pas vu dans le suffrage des urnes. C’est parce que nous sommes plus proches de la population que la population s’est reconnue en nous. Donc encore une fois, arrêtons d’insulter nos électeurs. Si j’étais bing-bing, si j’étais perçu comme quelqu’un de distant, si j’étais perçu comme quelqu’un de méprisant vis-à-vis de la population, elle me l’aurait montré dans les urnes. C’est ça le propre des élections. Dans les élections, c’est la vérité qui sort. Ce ne sont pas les mensonges, ce n’est pas ce qu’on invente en petit comité, ce n’est pas ce qu’on essaie de mettre dans la bouche des journalistes, c’est la vérité qui sort. Donc, respectons cette vérité-là.
NS :Monsieur le Président, Léopold se déplace difficilement, Audrey veut étudier à l’Université moderne, Z a peur de sortir la nuit par crainte pour sa sécurité et Mamadou vient de (…). Que feriez-vous pour rendre leur rêve accessible?
AGD: Bon moi, je pourrais dire à mes enfants, notamment Léopold qui se déplace difficilement, parce que nous n’avons pas de routes. Et si nous n’avons pas de routes, on dit que la route du développement passe par le développement de la route. Nous avons dans ce programme un vaste chantier pour la construction des infrastructures. Que ce soit des infrastructures terrestres, que ce soit des infrastructures aériennes. Nous devrons faire en sorte que ce pays qui est déjà enclavé ne soit pas encore enclavé à l’intérieur du pays. Parce que cela fait un double enclavement qui a des conséquences sur les mentalités. Vous savez qu’il y’a des villes dans ce pays, des villes c’est-à-dire des préfectures où des enfants qui ont 9 ans n’ont jamais vu une voiture de leur vie. Depuis leur naissance jusqu’à l’âge de 9 ans, ils n’ont jamais vu une voiture. Parce que précisément, aucune voiture ne peut se déplacer jusqu’à ces villes-là. Ce n’est pas acceptable. Nous devons faire en sorte que, déjà enclavé, que nous ne puissions pas à l’intérieur du pays être enclavés également. Donc, il faut permettre à Léopold d’aller où il veut dans ce pays. Quant à ma fille Audrey, j’ai dit dans le programme que je vais construire une nouvelle université. On ne peut pas continuer à faire de rafistolage avec une université qui a été construite en 1972 pour 300 étudiants, et qui a aujourd’hui plus de 10.000 étudiants. On va vers 20.000, nous allons construire une nouvelle université digne de ce nom, avec des facultés décentralisées pour permettre aux jeunes de faire des études dignes de ce nom, des études de qualité. Quelques années avant dans ce pays, les Centrafricains allaient et venaient où ils veulent. Mais aujourd’hui, on ne peut plus se déplacer, on a peur. Le couvre-feu, lorsqu’il n’y a pas de couvre-feu, on ne plus se déplacer. Nous allons mettre la sécurité dans ce pays. Nous allons faire en sorte que chaque Centrafricain n’ait plus peur. Nous voulons à ce que chaque Centrafricain se dit, avec Papa Dologuélé, il y’aura la sécurité. Il faut qu’ils en soient convaincus que ça va se faire. Euh, Mamadou, il a du rêve de commerçant. Il porte un nom musulman. Il se dit que la situation qui a lieu maintenant, je ne sais pas comment je vais faire. Ce que Dologuélé veut faire, c’est de créer des richesses, et chaque jeune centrafricain qui veut investir contribuera à la création de ces richesses-là quel que soit son origine ethnique, sa région et sa religion. Mamadou, je lui créerais toutes les conditions pour qu’il puisse investir dans le domaine qui l’intéresse dans ce pays.
NS : Monsieur le Président, Sabine ne veut plus sa faire opérer en Europe mais à Bangui. Guy quant à lui veut de l’électricité à (…). Maria veut du sport et des équipes centrafricaines qualifiées parmi les pays d’Afrique. Qu’en dites-vous à ces diplômés qui aspirent à trouver du travail? Tous ces jeunes peuvent-ils compter sur vous?
AGD: Je pense que, pour que mes jeunes là puissent avoir accès à ces situations, on va commencer par le vœu de Guy, c’est-à-dire, s’il n’y a pas d’énergie, s’il n’y a pas d’électricité, c’est compliqué de faire le reste. Et donc, nous avons dans le projet de société, des actions qui permettront très rapidement, s’il y’a des actions à court terme, à moyen terme ou à long terme. Il y’a des actions qui permettront de faire rapidement de faire en sorte qu’il y’ait un souffle énergétique, moins de délestage à Bangui, qu’il y’ait juste d’électricité en province où les gens naissent, vivent et meurent sans avoir aperçu une seule ampoule électrique. Nous allons remédier à cela partout dans le pays pour que le reste soit possible. Sabine, pour qu’elle se fasse opérer e Afrique ou en Europe, il faudrait deux choses: la première est celle qu’il faut des médecins de bonne qualité, bien formés. C’est pour ça qu’on a parlé tout à l’heure de nouvelle université. Il faut des médecins qui soient de bonne qualité, qui soient bien formés et qui soient correctement payés; la seconde chose, il faut qu’il y’ait des centres hospitaliers équipés et qui fonctionnent. Cela fait partie des choses qui sont à notre portée et qui sont au centre de notre programme. Si après les élections, nous avons déjà des solutions pour répondre à ces préoccupations. Ensuite, nous verrons avec les médecins centrafricains, ceux qui sont déjà là, qui sont formés en Europe pour voir comment améliorer leurs conditions de vie pour qu’ils puissent s’intéresser à soigner leurs compatriotes et partout dans l’arrière-pays. Maintenant le sport, vous savez que les jeunes, quand ils sont occupés, quand ils font des études, il leur faudrait également s’épanouir. Et le sport permet d’être un bon ambassadeur pour un pays. Quand vous avez des sportifs de haut niveau qui portent le nom du pays partout dans le monde, mais vous avez des pays africains qui n’ont été connus que grâce au sport. Dans notre programme, nous prévoyons un Lycée Sport/Etude, c’est-à-dire un lycée où les meilleurs parents forts dans tous les domaines iront étudier l’entrainement du sport qui va les préparer à être des sportifs de haut niveau. Nous mettrons en place des infrastructures de sport un peu partout dans le pays pour que les jeunes puissent s’épanouir physiquement. C’est pour ça que petit à petit, on va préparer les Centrafricains à jouer dans des équipes qui (…).
NS: Monsieur le candidat Anicet Georges Dologuélé, nous vous remercions.
Propos recueillis par Juvénal KOHEREPEDE