RCA : le député Roland Achille Bangué-Betangai interpelle le gouvernement à réguler l’entrée des étrangers qui exploitent l’or de Kouki

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Roland Achille Bangué-Betangai député de Nana Bakassa1

Par Grace NGBALEO

Roland Achille Bangué-Betangai député de Nana Bakassa1@photo Grâce Ngbaléo

Bangui 25 mars 2020—(Ndjoini Sango) : Du 13 au 18, le député de Nana Bakassa 1, Roland Achille Bangué-Betangai, s’est rendu dans sa circonscription pour une campagne de sensibilisation contre la pandémie de rougeole, l’enrôlement des enfants dans les groupes armés y compris la question d’établissement d’Actes de naissance des enfants. Suite à cette tournée, il s’indigne de la situation socio-sécuritaire que traverse sa circonscription. Notamment, l’envahissement des exploitants et transhumants étrangers dont la présence risque de basculer la région dans un chaos. Dans une interview exclusive, il fait le point de la situation au journal Ndjoni-Sango.
NdjoniSango: Vous avez effectué une mission dans votre circonscription du 13 au 18 mars dernier, quelles en sont les   raisons ?
Roland Achille Bangué-Betangai (RABB) : Suite à la déclaration de la pandémie de rougeole, nous avons effectué un déplacement avec une équipe dont le groupe gospel dirigé par Dany Ngarasso, afin de sensibiliser les parents à vacciner leurs enfants.
Nous avons eu l’opportunité de sensibiliser sur l’enrôlement des enfants dans les groupes armés, un phénomène qui n’est pas nouveau dans la région. Car, au niveau de la sous-préfecture de Nana Bakassa, sévissent   des groupes armés qui ont une capacité de recrutement au point où ils arrivent à recruter les plus jeunes. Et les jeunes qui abandonnent la scolarité pour pouvoir intégrer ces groupes armés constituent une menace pour le devenir. D’où nécessité de conscientiser les parents pour éviter que les enfants soient enrôlés dans les groupes armés.
Et il ya de cela quelques temps que nous avons entamé une campagne consistant à faire en sorte que nous établissions des Etats civils aux enfants et donc la première phase consiste déjà à faire de sorte que nous délivrions 1000 Etats civils aux enfants.
Dans votre circonscription, l’or est exploité. Peut-on parler déjà de conséquences liées à cette exploitation illégale ?
RABB:« Cette exploitation de l’or remonte il ya de cela quelques mois. Nous avons alerté les autorités politiques, les autorités administratives de l’urgence qu’il y’avait afin de réguler ce secteur d’activité surtout que la porosité de notre frontière est telle qu’il y’a une infiltration massive des sujets Tchadiens, Soudanais, Nigériens qui viennent à la recherche de l’or à Kouki . Et donc, le taux de déperdition scolaire est très élevé, dans la mesure où presque tous les enfants ont abandonné les salles de classe pour pouvoir se rendre sur le site de l’or.
Que préconiserez- vous ?
RABB: Au gouvernement, nous pensons qu’il est important d’envisager une action musclée au niveau de nos frontières pour voir dans quelle mesure du possible, réguler l’entrée de ces étrangers qui viennent exploiter indument l’or centrafricain. Et nous lançons une alerte aux parents, aux autorités administratives et politiques de tout mettre en œuvre à fin de mobiliser les enfants, que les enfants reviennent dans leur salle de classe, que les enfants reviennent au village pour travailler âprement pour le développement de notre pays.
La tension monte aujourd’hui dans votre circonscription entre les éleveurs et les agriculteurs, par rapport aux destructions des champs par les troupeaux des transhumants. Qu’allez-vous faire pour trouver un début de solution à cette situation ?
RABB : « Je ne serai pas en tout cas le seul à pouvoir mener une action, visant à trouver un début de solution. Mais nous avons évoqué la question avec   la population de la circonscription de Nana Bakassa qui a décrié à juste raison l’infiltration de ces transhumants tchadiens qui viennent en tout cas endommager les champs. Vous avez vu de vos propres yeux le nombre de troupeaux que nous avons croisés dans notre déplacement. Il est indispensable que les acteurs s’assoient au tour d’une table pour essayer de discuter et voir comment nous pouvons canaliser les couloirs de transhumance pour éviter à ce que les troupeaux des bœufs dévastent les champs.
Au niveau de Kouki, les autorités locales ont initié une correspondance à l’intention du ministre en charge de l’élevage, je me chargerai de lui transmettre fidèlement cette correspondance, tout en lui présentant la situation au besoin. Solliciter la disponibilité de ses cadres afin que nous puissions repartir à nouveau dans la sous-préfecture organiser des réunions avec les éleveurs et agriculteurs pour voir dans quelle mesure nous pouvons éviter ou bien arrêter les velléités guerrières qui se pointent.
Les gens sont dans leurs états c’est parce que avec cette massive infiltration des transhumants tchadiens, nous risquerons fort bien d’amorcer d’autres possibilités qui pourraient remettre fondamentalement en cause les efforts déjà consentis pour la stabilisation de ce pays.
Je lance un appel vibrant au gouvernement de prendre ses responsabilités afin de sécuriser nos frontières, de réguler l’entrée de ces transhumants Tchadiens afin de soulager la souffrance de nos concitoyens qui ne vivent que de leurs produits champêtres.
Apparemment, l’Etat failli à ses obligations dans votre localité ? Nous voulons évoquer le problème de la santé, l’éducation.
RABB : « Je ne pourrais également pas confirmer le fait que l’Etat centrafricain nous a abandonnés. La situation de la population de la sous-préfecture de Nana Bakassa est alarmante. Je me réjouis de ce que vous avez constaté qu’il n’y a pas de structure de santé. N’eût-été l’implication de MSF Hollande, je crois pas que la population serait laisser pour compte. Vous avez constaté avec moi que pendant tout notre déplacement, les anciens forages qui sont là sont tous endommagés.
Les gens ne partent que dans la forêt à fin de trouver des points d’eau pour s’approvisionner. En ce qui concerne l’école, nous avons fait des efforts pour mettre à la disposition de nos communautés des bâtiments. Il manque cruellement des enseignants qualifiés.
Les maitres-parents que nous avons formés et qui prêtent mains fortes à la communauté, ne sont pas rémunérés dans la mesure où la bourse fait défaut ou bien, que les parents doivent avoir la disponibilité afin de soutenir ces maîtres-parents, tout cela laisse à désirer. Ils sont obligés d’abandonner des salles de classe et d’aller chercher fortune sur les sites.
Et la situation des femmes enceintes en particulier ?
RABB : J’étais écœuré sinon à la limite frustré de voir des femmes enceintes, marcher sur des kilomètres pour se rendre dans des petits postes de centre pour les visites prénatales
Je lance vraiment un cri de cœur à la communauté internationale de ne pas laisser tomber la population de Nana Bakassa, de tout mettre en œuvre pour qu’au moins nous puissions être dotés de personnels qualifiés, de centre de santé de Nana Bakassa, au besoin créer de cases de santé dans de grands groupements de Nana Bakassa afin de minimiser la souffrance de nos mamans qui marchent sur des longueurs de la journée à fin de se rendre à l’hôpital..
N’êtes-vous pas en train de préparer votre réélection  par cette mission?
RABB : Ce n’est pas une manière de préparer ma réélection. C’est pour la 20ème fois que je vais dans ma circonscription depuis 4ans que je suis investi. J’exerce comme étant le représentant de mes électeurs de Nana Bakassa, j’ai l’obligation de recevabilité, de leur rendre compte de temps en temps. Et il n’en demeure pas moins que mes intentions pour me représenter aux élections ne sont pas cachées. Mais l’heure n’est pas encore venue pour que nous puissions véritablement faire une campagne électorale.
Interview réalisée : Par Grace Ngbaleo

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