Par Cyrille YAPENDE
Bangui 30 juillet 2020—(Ndjoni Sango) : Réunis en deuxième Assemblée ordinaire du 20 au 26 juillet 2020, les Evêques de Centrafrique ont lancé un message fort sur les deux points majeurs dont font face le pays ces derniers jours. Il s’agit de la COVID-19 et le processus électoral. Ce sont là les quelques points saillants de réflexions lors de cette Conférence Episcopale Centrafricaine (CECA).
« Le message des Evêques de Centrafrique à l’église, famille de Dieu, aux chrétiennes et chrétiens, femmes et aux hommes de bonne volonté », c’est de cette manière que ces hommes de Dieu ont qualifié leur message en interpellant les autorités du pays sur deux défis majeurs : le Coronavirus et le processus électoral.
Avant de présenter certaines pistes de solutions à ces deux maux précités, les Evêques de Centrafrique ont posé deux problématiques. Comment faisons-nous face à la pandémie du Coronavirus ? Que pouvons-nous faire dès maintenant pour garantir un processus électoral crédible et accepté ?
A ces deux questions, les pasteurs ont émis des propositions en tirant des passages bibliques devant éclairer le Président de la République invité à cette grand’messe : « Moïse face au défi du bien-être de son peuple », (Nombres 11, 10-25).
Sur la COVID-19, même si le gouvernement édicte des mesures préventives pour freiner la propagation de cette pandémie, les Evêques déplorent l’insuffisance de structures adéquates de prise en charge des malades les plus graves.
« Nous faisons écho des plaintes du personnel de la santé et des malades qui sont laissés à eux-mêmes. A quand les mesures d’accompagnement », ont-ils interrogé ?
Selon eux, aujourd’hui, la reprise des activités au niveau des églises et des écoles tant à Bangui qu’en provinces demeure encore timide parce que pour eux, l’avenir sanitaire est incertain.
« Comment amener les populations à respecter les mesures barrières ? Par souci et nécessité de transparence, ne serait de transparence, ne serait-il pas indispensable de publier tous les appuis reçus (tant matériels et financiers) dans la lutte contre la maladie à Coronavirus ? Que le Seigneur dans sa bonté nous préserve de toute négligence, toute contamination et de tout détournement », a fait savoir le Secrétaire général de la CECA, Joseph TANGAKOTI.
Le contexte de COVID-19 est une situation-exceptionnelle qui requiert de la part de tous une plus grande attention. Les pasteurs des églises catholiques de Centrafrique dénoncent les marchands de la peur qui sèment la panique en privilégiant aux dépens de la population leur sens des affaires.
Par ailleurs, les évêques ne mâchent pas leurs mots contre ceux qui profitent de cette pandémie pour s’enrichir sur le dos du peuple centrafricain.
« En marche vers les élections ? »
Concernant le processus électoral, les évêques constatent que le pays continue à être confronté à un sérieux problème d’insécurité qui suscite des incertitudes et des questionnements quant à la tenue des élections d’ici fin décembre 2020.
« Il y a un réel problème de libre circulation des armes de tous calibres qui entrave la libre circulation des biens et des personnes », clament les pasteurs qui ajoutent que le processus du DDRR aurait dû gagner en régime en vue de mettre fin à toutes les détentions illégales d’armes dans leur pays.
Les soupçons de faux documents et de dysfonctionnement sur la phase en cours d’enrôlement des électeurs, dénoncés par certains compatriotes, ont préoccupé les évêques lors de cette assemblée ordinaire de la CECA. Pour ce fait, ils demandent à l’Autorité Nationale des Elections (ANE) de clarifier ces allégations car la confiance de la population à ce processus électoral en dépend.
En se basant sur la situation sécuritaire actuelle qui reste volatile et le contrôle de certaines zones du pays par les bandes armées inquiètent les prêtres qui s’interrogent si tous les candidats pourront circuler librement dans leur circonscription pendant la campagne électorale. Les électeurs exprimeront-ils librement leur suffrage ?
Sur ces deux questions parmi tant d’autres, ils suggèrent à ce que : « la promotion d’une vision commune et du bien commun pour tout le peuple centrafricain, ne pourrions-nous pas organiser assez rapidement une concertation des forces vives de la nation ? Ce processus encadré par la loi favoriserait la participation citoyenne », a proposé la Conférence Episcopale.
Pour les élections à venir, ils souhaitent à ce qu’une concertation en vue d’un consensus apparaît comme un facteur nécessaire de réussite et de cohésion sociale.