EDITORIAL
Par Erick NGABA
Bangui 4 Août 2020—(Ndjoni Sango) : A travers l’accord de paix signé avec le gouvernement, Ali Darassa, leader du mouvement Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), a été nommé ministre conseillé auprès du premier Firmin Ngrébada, en matière de sécurité dans les zones de transhumance. Ce redoutable chef de guerre devrait prendre fonction avec comme résidence la ville de Bambari dans la préfecture de la Ouaka, permettant le retour de l’autorité de l’Etat, la mise en œuvre du programme DDRR, et des Unités Spéciales mixtes de Sécurité (USMS) dans la zone occupée par l’UPC.
L’annonce de l’installation du leader de l’UPC à Bambari à travers la conclusion de huis-clos entre lui, le gouvernement et les garants de l’accord de paix, provoque une tôlée au sein de la classe politique centrafricaine. Or, cette action du gouvernement s’inscrit dans le cadre de la mise œuvre de l’accord de paix paraphé à Khartoum et signé le 6 février 2019 à Bangui avec les leaders principaux des 14 groupes armés.
On est sans ignorer que cette rencontre à huis-clos n’est pas la première. Chaque leader rebelle passe au tour de rôle devant le chef du gouvernement, les garants et facilitateurs. Il s’agit pour ces chefs rebelles de coopérer et d’accompagner l’action que le gouvernement veut entreprendre dans les zones qu’ils occupent illégalement, en vue de la pacification du pays, conformément à l’accord de paix qui trace les pistes de sortie effective de crise en Centrafrique.
On se rappelle encore de l’installation de Sidiki Abass de 3R à Bouar ayant permis la mise en œuvre des USMS de la région nord-ouest du pays. Récemment par la même procédée, Abdoulaye Hissene, leader du FPRC, a facilité la mise en œuvre du DDRR à Ndélé, zone occupée par ses éléments.
Si aujourd’hui, la ville de Ndélé revient sous le contrôle du gouvernement à travers le déploiement des FACA ayant permis le retour de la stabilité, on peut dire que les rencontres à huis-clos avec les leaders des groupes armés ont plusieurs enjeux profitables au retour de l’autorité de l’Etat, la libre circulation et la mise en oeuvre des projets de développement local dans les zones en conflits.
Certes, Ali Darassa constitue un cauchemar pour les habitants de Bambari ayant vécu l’enfer des groupes armés entre temps. Car, on doute de sa sincérité dans la mise en œuvre de l’accord de paix en ce qui concerne ses engagements à cesser aux hostilités.
Mais, il faut retenir que son installation dans la ville ne sera pas une occupation avec ses escadrons lourdement armés. Il sera sous surveillance des casques bleus de la Minusca et des forces de sécurité intérieures afin de permettre le programme de DDRR dans la zone Est de la RCA sous la coupe des éléments de l’UPC.