Par Kizer MAIDOU
Bangui 22 octobre 2020—(Ndjoni Sango) : Le 17 octobre de chaque année, le Monde célèbre la journée mondiale du refus de la misère. Pour cette 28ème célébration, la rédaction de Ndjoni Sango vous propose un entretien avec Niek Tweehuisen, Responsable du mouvement international ATD Quart Monde en Centrafrique, un mouvement qui milite pour la liberté et le Droit de l’Homme dans le Monde. Le mouvement s’est implanté en Centrafrique depuis 1983 par le père fondateur Joseph Wresinski à Markounda. Niek TWEEHUIJSEN a pris le relais de la mission en Centrafrique après plusieurs autres en 2017.
Ndjoni Sango (NS): Le 17 octobre de chaque année le monde célèbre la journée mondiale du refus de la misère. Pourquoi une journée du refus de la misère ?
Niek Tweehuisen (NT) : C’est une journée qui a été proclamée par les Nations Unies, ça veut dire que dans tous les pays du monde, cette journée est célébrée. Même si ATD-Quart Monde est à l’origine de cette journée, ce n’est pas juste le fait de notre organisation. Mais c’est parce qu’on veut que tous ceux qui défendent le droit de l’Homme s’unissent par une seule voix pour dire qu’on doit mettre fin à la misère dans le monde.
NS : Quelles sont les priorités du mouvement international ATD-Quart Monde au sujet des plus démunis en Centrafrique, sachant que c’est un pays post conflit ou la majeure partie de la population qui la compose vit des revenus faibles ?
NT : Le combat pour refuser la misère est aussi se battre contre la détresse, la violence et contre l’injustice. Ce combat est pareil dans tous les pays du monde, on voit des actes de solidarité ici en Centrafrique que l’a d’où je viens. On voit des initiatives qui sont prises au niveau des quartiers pour lutter contre la misère qui sont des exemples pour d’autres pays. Alors je ne peux pas dire que la pauvreté n’a que de valeur uniquement dans les pays dit pauvres. L’exclusion est un phénomène qu’on trouve partout dans les sociétés.
NS : Agir ensemble pour gagner la justice sociale et environnementale est le thème de cette année. Comment appréhendez-vous la question de justice et de l’environnement en RCA ? Surtout que certaines localités font face en ce temps à la montée des eaux ?
NT : Il y a des familles qui disent que la destruction de la nature, ça ressemble à ce que nous vivons. La nature c’est l’homme qui la détruite, mais quand c’est l’homme qui dit aux pauvres que c’est de ta faute que tu vis dans la misère c’est là qu’il sent la honte. Parce que lui, il se bataille tous les jours pour sa survie et si ce combat n’est pas reconnu il se sent seul et n’avance pas parce qu’il a besoin des autres.
NS: Pouvez-vous nous dire quelle est la particularité de la célébration de cette année ?
NT : Face à la pandémie du coronavirus, nous avons choisi de célébrer cette journée en petite délégation avec d’autres associations. Parmi cette délégation nous avons des familles très pauvres de Bangui, Bimbo, Bégoua, de Boali et de Bossangoa. Tous sont allés à la rencontre de leur Maires, nous avons rencontré le Maire de Bangui qui a beaucoup pris de temps pour échanger avec les familles plus pauvres.
Les familles se sont levés et disent oui nous voulons travailler ensemble avec vous pour combattre la misère parce qu’à seuls nous ne pouvons pas avancer. Une chose que félicitent tous les Maires des arrondissements et des villes respectives citées ci-haut.
NS : Pouvez-vous nous faire part de votre regard en Centrafrique, notamment à travers les vécus. Peut-on mettre fin à la misère ?
NT : La misère n’est pas une fatalité, c’est l’homme qui la créer, il peut la détruire. On forme l’humanité ensemble, si chacun tient raison de l’autre, il y’aura des avancées possibles. J’ai vécu dans beaucoup de pays en Afrique ainsi qu’en Europe, partout je vois les mêmes choses, le phénomène de la misère est partout. Ce qui fait la différence d’un pays à l’autre ce sont les gens.
Je connais ici des gens qui sont très engagés aux côtés des gens plus pauvres je dis on forme une humanité. Pour beaucoup de raisons, il y’a un grand travail à faire, mais je vois un espoir, celui des jeunes, des parents et des enfants.
Je vois des gens qui mettent leurs épaules sur ce grand chantier parce qu’ils veulent que ces familles aujourd’hui exclus puissent faire partie de cette famille qu’on appelle Humanité.