Par Mamadou NGAÏNAM
Bangui 5 juin 2021—(Ndjoni Sango) : Le passage des témoins devant la CPI en vue de la manifestation de la vérité dans l’Affaire Procureur contre Patrice Edouard Ngaïssona, Coordonnateur Général du mouvement Anti-Balaka continue son bonhomme de chemin. Mais ce sont les dépositions de ministre Joachim Kokaté qui suscitent les réactions tous azimuts, surtout de par certaines vérités révélées par celui qui était un témoin de taille de la période tumultueuse marquée par le passage des Anti-Balaka.
Nul besoin de rappeler que Ngaïssona est l’autorité morale du mouvement Anti-Balaka et, à ce titre c’est sur lui qu’incombe la responsabilité des actes posés par les membres de ce mouvement insurrectionnel. Ngaïssona était celui qui est proclamé Coordonnateur Général et grand financier de ce mouvement. Il est bien vrai qu’au début, c’était un mouvement insurrectionnel né suite à la rébellion armée de la coalition Séléka. C’est donc dans ce sens que plusieurs militaires et personnalités dont Joachim Kokaté l’avaient rejoint en tant que chargé des relations extérieures en vue de défendre la patrie face aux exactions des rebelles de la Seleka sur la paisible population.
Avec l’implication de ces personnalités, le mouvement a fini par s’organiser au cours de l’action. Ce mouvement a réussi la prouesse de contraindre la Seleka à cesser les exactions sur la population. S’en était suivi le départ de Chef rebelle Djotodia sous pression de la Communauté internationale.
Cependant force était de constater que les Anti-Balaka s’éloignaient de leurs objectifs et excellaient dans des pillages, vols et braquages à main armée sur la paisible population. Ces dérapages sont la suite logique de la mauvaise pratique managériale dont font montre Ngaïssona et son clan. On dirait que Ngaïssona s’est accaparé le leadership du mouvement à son profit au détriment de Kokaté, bien qu’étant son éminence grise et la tête pensante de Ngaïssona.
En rappel, Kokaté était celui-là qui avait conduit la délégation des Anti-Balaka à de rencontres de haut niveau, tels que la rencontre de Brazzaville, la rencontre avec la Minusca et autres. Cela, compte tenu de niveau intellectuel de Ngaïssona qui est très limité. Tout le monde sait que Kokaté était un homme loyal, qui a toujours manœuvré pour la République.
Très proche de Djotodia, il a pris ses distances quand la Seleka représentait une menace pour le pays en dénonçant les visées meurtrières de cette nébuleuse. Même chose quand les Anti-Balaka prenaient les Centrafricains en otage.
Mais quand il s’agissait de décider des actions au sein du mouvement, Ngaïssona écartait sans management Kokaté. C’est ainsi qu’avec l’arrivée de Samba-Panza, Kokaté a jugé utile de cesser de jouer un rôle au sein de ce mouvement et pensait qu’il ne valait pas la peine de continuer les exactions contre les musulmans. Il aurait même conseillé à Ngaïssona de mettre fin à l’existence de mouvement dont l’objectif était de mettre fin au désastre criminel de la Seleka.
Malheureusement Ngaïssana n’a pas entendu de cette oreille et a laissé faire les Anti-Balaka qui persévéraient dans leurs exactions contre la population. Le mouvement était devenu un fonds de commerce pour Ngaïssona. Les Anti-Balaka s’illustraient dans les braquages des véhicules des particuliers.
Et il fallait verser de fortes sommes d’argent, 500 000 voire 1.000.000 de Fca à Ngaïssona pour enfin récupérer les véhicules. C’est ce qu’a révélé Kokaté qui était un témoin sérieux de ces périodes troubles avec l’avènement des Anti-balaka à la CPI.
En le disant, Kokaté n’a fait qu’éclairer les juges de la Cour afin de rendre rien que la justice aux nombreuses victimes des Anti-Balaka. Les Centrafricains se demandent en quoi Kokaté devrait être un homme à abattre aujourd’hui surtout que c’est par devoir moral que cette personnalité a dit toutes les vérités pour que le monde comprenne l’historique de ce mouvement ?