INTERVIEW
Interview réalisée par Erick NGABA
Bangui 3 septembre 2021—(Ndjoni Sango) : L’artiste international centrafricain Cheguevara dit Chegué Central est de retour temporaire à Bangui où il a débuté sa carrière artistique avant d’évoluer au Gabon. Dans une interview exclusive à Ndjoni Sango où il dénonce beaucoup de choses qu’il a constatées, il demande aux autorités de son pays de valoriser les artistes du pays comme cela se fait dans d’autres pays, même au Gabon où il réside. Avec un lot de projets dans le domaine culturel, Chegué Central tente de pousser ses pairs artistes centrafricains à mieux s’organiser, à beaucoup bosser afin d’hisser la musique centrafricaine sur la scène internationale.
Ndjoni Sango: Monsieur l’artiste bonjour, après plusieurs années passées au Gabon, vous êtes revenu au pays et constaté pas mal de choses. Vous avez essayé de dénoncer dans des vidéos lives, dès votre entrée au niveau de la frontière avec le Cameroun, des choses que vous avez constatées. Pouvez-vous nous dire ce qui vous premièrement a frappé?
Chegué Central: Oui Monsieur le journaliste, au niveau de la frontière, j’ai vu des choses qui n’existent pas ailleurs. J’ai vu un pays qui n’a pas de maire. Dès que je suis rentré au Cameroun, au niveau du Gabon, Guinée Equatoriale, c’est différent. Vous sentez que les routes sont propres. Nous on n’a des routes ici comme les autres nations. L’entretien de nos routes fait défaut. J’avais fait une vidéo et vous aviez regardé que j’ai dénoncé pourquoi il n y a pas d’entretien. Pourquoi le Maire ne fait pas son travail ? C’est pourquoi, je demande à chaque Maire de chaque commune, à la municipalité de faire son travail.
Dans la vidéo, vous aviez dit aussi que le pays ressemble à la fin des temps, en langue nationale sango « Lâ ti ndani » qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
Chegué Central: Je tiens d’abord à m’excuser pour ce propos, c’est une manière d’indexer les gens, en d’autres termes pousser les gens à travailler c’est un pays comme tout autre ça fait un peu peur mais cela ne veut pas dire que c’est l’enfer. Ce que j’ai dit c’est Showbiz, c’est-à-dire le Centrafricain doit se lever pour construire son pays au lieu de le détruire.
Dans vos slogans, vous aviez dit que vous allez « devierger Bangui », qu’est-ce qu’on peut retenir de cette expression ?
Chegué Central: C’est pour moi une manière d’encourager les jeunes à créer beaucoup d’entreprises au lieu d’aller vadrouiller, ce n’est pas bon. Créer une activité qui va te permettre d’embaucher les autres personnes. En un mot créer le travail au lieu de chercher du travail. Comment est-ce que je vais devierger Bangui ? Je suis venu avec des idées pour donner à certains artistes afin d’apporter un peu de changement dans tous les domaines.
Une fois arrivée à Bangui, vous avez constaté les conditions dans laquelle les artistes Centrafricains évoluent. Qu’est-ce que vous en dites ?
Chegué Central: J’ai constaté que les artistes Centrafricains ne sont pas organisés mais il y a certains parmi eux qui essayent de faire des choses d’une manière professionnelle à l’exemple de « Bishman » qui a son équipe, son manager, et également une équipe de communication c’est à peu près ça. J’ai beaucoup à dire aux artistes, nous allons organiser un forum et des formations pour les managers et les artistes, les jeunes talentueux. Parce que si je parle de tous les artistes, il y a certains qui ne vont pas venir.
Chegué Central: En quelques sortes, ce sont des projets ? Et en dehors de cela, avez-vous d’autres projets?
Chéguévara : Oui j’ai beaucoup de choses à faire, mais pour le moment je ne peux pas vous le dire. Je réserve cela comme une surprise.
En aparté, qu’est-ce que vous pouvez dire aux autorités d’appuyer les artistes comme dans d’autres pays ?
Chegué Central: Je demande aux autorités de notre pays de respecter les artistes, de les valoriser, valoriser leurs cachets. Parce que ça m’étonne qu’un grand pays comme la RCA, le président donne trois-millions de FCFA à l’Union des Musiciens Centrafricains (UMC) de payer 400 artistes. Au Gabon, je ne suis pas un Gabonais mais pendant la fête de l’Indépendance gabonaise, on m’a donné une somme de 2000.000 de FCFA juste pour une prestation. Donc, je demande au gouvernement de monter un budget pour la culture. Un pays comme la RCA ne dispose même pas d’un monument culturel, même pas une salle pour les spectacles. « Da ti gougou » au ministère des affaires étrangères n’est pas pour nous. Et même si on nous le donne, nous allons refuser ce sont les artistes qui font la fierté d’un pays.
Après ces multiples constats qu’est-ce que vous avez à lancer comme message aux artistes Centrafricains ?
Chéguévara : Je demande aux artistes Centrafricains de se faire respecter. Lorsqu’on ne se fait pas respecter, la politique nous gouverne et si elle nous domine, la culture devient faible et pauvre. Ce qui veut dire que si les artistes se respectent, ils ont plus de valeurs et puis ils deviennent riches. Raison pour laquelle, nous allons organiser un forum pour les artistes.
Parlons un peu de votre carrière musicale, comment est-ce que vous évoluez à l’extérieur, au Gabon où vous résidez?
Chegué Central: A l’extérieur, j’évolue comme tout d’autre artiste. J’ai un peuple derrière moi, je me bats bien et j’ai également une maison de production qui me produit. Imaginez, je chante en ma langue locale qui est le Sango, mais j’arrive à signer dans une maison de production ailleurs où on ne parle pas ma langue. Cela dit déjà beaucoup de choses. Cela veut dire que je travaille, je suis entouré des Gabonais, des Ivoiriens et autres nationalités. Il n’y a pas un Centrafricain derrière moi là où je suis. Dans mon équipe, il y a deux Ivoiriens et le reste ce sont des Gabonais. Ce qui veut dire que je travaille beaucoup et je chante toujours en ma langue nationale pour valoriser le « Sango ». Les fans me suivent partout sur le net et j’essaye d’amener parfois des petits clashes malgré que certains le prennent en mal mais c’est pour faire vivre la culture. Vous voyez ce que je veux dire ?
Donc cela veut dire que vous êtes là pour un petit moment à Bangui avant de repartir ?
Chegué Central : Je suis là en ce moment pour certaines choses. Il y a également le problème familial, et aussi pour renouveler mon passeport. En réalité, nous les artistes on devrait avoir un passeport diplomatique, cela nous permet de circuler librement mais malheureusement, chez nous on ne connaît pas encore cela.
Avez-vous un concert en vue à Bangui?
Chegué Central : Oui effectivement, le concert devrait avoir lieu le 26 août dernier mais c’était annulé. Car, il y a des partenaires qui m’ont appelé pour que ce concert soit organisé à leur manière. Donc c’est finalement ce 4 Septembre 2021 au Snack Bar Les délices de 20.000 places.
Ça sera juste l’unique concert à Bangui durant votre séjour ou bien il y en aura d’autres ?
Chegué Central: Bon si quelqu’un a beaucoup d’argents et qu’il veut m’inviter ok il n y a pas de problème mais je suis venu juste pour faire un seul concert. Mais moi, Ardawé et Bishman, nous avons beaucoup à faire. On n’a les villes comme Berberati, Douala et Bouar. Avec l’équipe que vous voyez, le représentant de Loto Cash et grâce à cette entreprise de jeux, nous allons faire beaucoup de choses.
Est-ce qu’il y a d’autres projets que vous comptez réaliser avec certains artistes centrafricains avant votre départ?
Chéguévara : Oui justement, j’ai trois featuring à faire avec Bishman, Kaïda Monganga et un autre artiste le petit Emana, le reste n’est pas un featuring mais plutôt comme des collaborations. Nous allons remixer la chanson de Kaïda du titre « Dawili ».
Mais souvent dans des vidéos lives, on voit des clashes entre vous et certains artistes Centrafricains, est-ce que c’est juste pour faire de Buzz ou bien ?
Chegué Central: Les clashes que vous me voyez faire c’est juste pour animer un peu la galerie, malgré que certains prennent cela autrement mais quant à moi c’est pour faire vivre la culture et rien d’autres.
Nous avions vu comment vous avez allumé l’artiste Izy ?
Chéguévara : Moi j’allume tout le monde, donc l’un de mes titres serait j’allume tout le monde. Ce n’est pas de la haine. Je suis venu prendre la couronne mais certains n’acceptent pas cela. Certains clashes que je fais relatent des vérités et d’autres c’est juste pour animer la galerie et j’assume.
Ndjoni Sango: Chegué Central, je vous remercie
Chegué Central: C’est à moi de vous remercier.