Par Cyrille YAPENDE
Bangui 10 février 2022—(Ndjoni Sango): Le système éducatif centrafricain a du plomb dans l’aile depuis des décennies en République centrafricaine. Ce secteur qui est tant privilégié dans d’autres cieux, est relégué, par contre, au second plan en RCA avec en toile de fond le manque considérable des enseignants qualifiés dans certains établissements de Bangui et des provinces et infrastructures scolaires.
Le mot droit à l’éducation n’a pas son sens dans le pays de Barthelemy Boganda depuis plusieurs années. Dans ce pays de plus de 4 millions d’habitants, il faut que les parents, députés et élèves, fassent des tambours battants et trompettes pour qu’ils puissent espérer voir des enseignants qualifiés dans leurs établissements scolaires.
La détérioration du système éducatif ne préoccupe pas les autorités éducatives qui ne cherchent pas à déployer des efforts pour minimiser cette situation tant déplorée par les élus de la nation qui ont même interpellé le gouvernement lors de la dernière session ordinaire de l’Assemblée nationale de l’année 2021. Malgré cette interpellation du parlement, cette situation continue de perdurer au grand dam du ministère de l’éducation nationale.
Ce manquement a été constaté ces derniers temps dans le pays avec la manifestation de colère des élèves qui revendiquent leur droit à l’éducation. A titre d’illustration, le lundi 7 février 2022 à Bangui, les élèves du lycée Barthélemy Boganda ont barricadé la route pour revendiquer ce droit à l’éducation.
Or, dans cet établissement public qui a eu à former de plusieurs hauts cadres de ce pays dont l’actuel Président de la République et plusieurs membres du gouvernement, on peut compter les enseignants qualifiés au bout du doigt.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, est que cet établissement scientifique manque énormément d’enseignants scientifiques. Selon les manifestants, c’est depuis la rentrée académique de 2021-2022 qu’ils n’ont pas pu voir les yeux de certains qui ont été affectés à leur classe.
Vu le danger, ils ont décidé de demander par la force au gouvernement le droit à l’éducation afin d’espérer avoir les enseignants dont ils ont besoin.
Face à cette situation, les députés de la nation sont remontés contre le gouvernement sur la dégradation avancée du système éducatif centrafricain qui a du plomb dans l’aile ces derniers temps. Ils ont dénoncé le faible taux de la scolarisation des filles.
« Un système éducatif à reconstruire »
Dans un rapport de l’UNESCO publié en 2017 : La République centrafricaine : un système éducatif à reconstruire, les auteurs de cet ouvrage précisent que le problème lié au système éducatif en RCA est que le pays a souffert ces dix dernières années de crises politico-militaires récurrentes qui ont sérieusement entravé le développement économique et humain de ce pays.
Le système éducatif en a fortement pâti et vu se creuser la distance qui le sépare des objectifs de l’éducation pour tous. La relative stabilité que connaît le pays depuis 2003 ouvre la voie vers la reconstruction du système éducatif, reconstruction qui suppose de relever de difficiles défis.
Pour des observateurs de la vie politique, le gouvernement doit revoir la copie de sa politique éducative afin que le niveau scolaire puisse être relevé sans oublier un changement dans les priorités budgétaires.