Par Erick NGABA
Bangui 28 Juin 2022—(Ndjoni Sango): Ouverts le 20 pour clôturer ce 26 juin 2022 au diocèse de Bambari dans la préfecture de la Ouaka, les travaux de la session extraordinaire de la Conférence des Evêques de Centrafrique (CECA) pour l’année 2022 ont permis aux évêques de peindre le tableau de la situation de crise que traverse la République centrafricaine. Dans leur message de la fin de ce conclave, les hommes de Dieu ont énuméré en grand trois points la situation sociopolitique du pays.
1er point : l’insécurité liée à la présence des groupes armés
Les métropolites ont estimé que si une avancée significative en vue d’un retour à la paix sur toute l’étendue du territoire est constatée et doit être saluée, il n’en demeure pas moins que certaines zones et contrées de notre pays sont encore en prise, sinon sous le contrôle des groupes armés qui sévissent et maltraitent la population.
« L’insuffisance de moyens et équipements adéquats défavorisent nos militaires dans leur capacité à défendre le peuple. Cette présence calamiteuse des groupes armés est source de paralysie. Ce qui empêche les populations de vaquer à leurs occupations. La libre circulation des biens et des personnes est lourdement entravée. Les écoles et les établissements publics ne fonctionnent pas normalement. Les autorités politiques et administratives désertent leur poste d’affectation ou refusent de s’y rendre. Dans certaines villes, une crise alimentaire est à craindre en raison des destructions des champs et des vols de bœufs », ont-ils déploré dans leur communiqué final.
2ème point: la révision constitutionnelle, l’adoption de la cryptomonnaie, et la pénurie du carburant
Les évêques de Centrafrique ont relevé de nouveaux points d’attention, en ce qui concerne la situation actuelle qui ne devraient pas être occultés et passés sous silence.
« Des velléités autour de la révision constitutionnelle pendant et au sortir du Dialogue Républicain ainsi que la question de la cryptomonnaie sont aujourd’hui source d’inquiétudes et de préoccupations. A ce lot, s’ajoute la pénurie du carburant qu’endure déjà très difficilement le pays. Elle paralyse de manière générale la vie socio-économique. Elle provoque une flambée vertigineuse des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité avec une rupture des stocks », ont-il fait savoir.
Du point de vue des hommes de Dieu, la vie sociale fonctionne aujourd’hui en RCA au rythme de capacité d’approvisionnement avec cette longue file d’attente de véhicules assortie parfois de regrettables scènes de violences. « Dans nos centres hospitaliers, il est à craindre une augmentation de décès et un déficit de prise en charge en urgence et des malades ».
3ème point : la guerre en Ukraine
Par ailleurs, dans la marche des peuples et du monde, les Evêques ont rappelé que la République Centrafricaine n’évolue pas en autarcie. Elle subit, comme les autres pays du monde, les soubresauts de la crise ukrainienne.
« Le conflit entre la Russie et l’Ukraine et la présence des forces russes engagées au côté des Rwandais et des Forces Armées Centrafricaines (FACA) pour la reconquête de toute l’étendue du territoire national et pour la pacification de la République Centrafricaine, placent aujourd’hui notre pays au niveau de la diplomatie internationale dans une position assez délicate. Marqués par l’expérience des troubles militaro-politiques, nous rappelons que la guerre en Ukraine est intolérable et nous appelons les deux parties en conflit ainsi que leurs alliés à l’arrêt immédiat des combats, afin de privilégier la voie du dialogue pour une paix effective », relève les Evêques.
Ils rappellent dans leur message que la guerre signifie destruction humaine et matérielle, exactions, viols et violation des droits humains, des biens, des lieux de culte et instrumentalisation des convictions religieuses.
C’est pourquoi, ils encouragent le gouvernement centrafricain à ne ménager aucun effort pour chercher et trouver des solutions afin de soulager les souffrances du peuple centrafricain.
« C’est dans une telle situation de notre pays et du monde, complexe et difficile, que nous, chrétiens, sommes appelés au discernement, à marcher en présence et dans la lumière du Seigneur, à confesser notre foi, à vivre et à témoigner de manière fondamentale l’espérance d’une Église synodale sous le signe de la communion, de la participation et de la mission », ont-ils conclu sur la situation socio-politique que vit aujourd’hui la RCA.