DISCOURS
DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT
A L’OCCASION DE LA CEREMONIE DE LA REMISE OFFICIELLE DU PROJET DE LA NOUVELLE CONSTITUTION A LA DIRECTION NATIONALE DE CAMPAGNE.
BANGUI, LE 10 JUILLET 2023
Lieu : Hémicycle de l’Assemblée Nationale
– Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
– Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
– Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
– Mesdames, Messieurs les Membres du Gouvernement,
– Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs, Chefs de missions diplomatiques, Postes consulaires et Représentants des Organisations Internationales,
– Monsieur le Directeur National de campagne pour le référendum constitutionnel,
– Mesdames et Messieurs les Députés,
– Mesdames et Messieurs les membres de la Direction nationale de campagne pour le référendum constitutionnel,
– Distingués invités ;
– Mesdames et Messieurs ;
L’analyse de l’histoire de l’humanité fait apparaître de grands changements générés par des courants de pensée ambitieux portés par des hommes d’Etat et des esprits acquis à la rénovation, à la modernisation et au progrès de leurs sociétés naguère victimes de destruction, de pillage et de vandalisme.
Le peuple centrafricain, chacun le sait, a subi pendant des décennies, de grandes douleurs, de tragédies, des brimades, des événements terribles qui ont profondément miné son développement socioéconomique et l’a condamné à la pauvreté et à la misère.
Mais ce peuple épris de paix et de liberté, aspire comme tous les peuples du monde à une paix durable, au développement intégré et à l’émergence.
Il l’a toujours prouvé par sa résilience, son travail opiniâtre, sa détermination à tourner cette page sombre de son histoire.
Aujourd’hui, je suis particulièrement heureux de vous accueillir à l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, à l’occasion de la cérémonie de remise du projet de la nouvelle Constitution de la République Centrafricaine à la Direction Nationale de Campagne, en vue du référendum du 30 juillet 2023.
Avant d’y procéder, je voudrais saluer la présence parmi nous du corps diplomatique, des responsables des organisations internationales et de l’ensemble la communauté internationale, fidèles témoins de la marche de notre démocratie.
Je tiens à saluer la présence massive des représentants de tous les corps constitués de l’Etat, des leaders des partis politiques de la majorité et de l’opposition, des associations, des organisations de la société civile, des chefs traditionnels, des femmes et des jeunes, des minorités, des victimes des crises, à cette importante cérémonie qui marque une nouvelle étape de l’évolution de notre société.
J’exprime notre admiration et notre reconnaissance à nos forces de défense et de sécurité, ainsi qu’à leurs compagnons d’armes des forces bilatérales russes et rwandaises, pour leur sens de sacrifice éprouvé tous les jours dans le combat pour le respect des droits de l’homme, la stabilité, la sécurité, la paix et la sauvegarde de la démocratie.
Je remercie également la MINUSCA pour ses efforts de stabilisation de notre pays et de consolidation de l’Etat de droit et de la démocratie.
Je ne saurais oublier tous les pays frères et amis qui, depuis de longues dates, entretiennent avec notre pays des relations cordiales de fraternité et d’amitié ainsi que les partenaires techniques et financiers sans les concours desquels nos efforts de relèvement seraient vains.
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs ;
Si dans bien de pays, la Constitution qui régit la vie de l’Etat, par l’organisation des pouvoirs publics, la définition du fonctionnement des Institutions publiques, l’organisation de la société nationale, la gestion du patrimoine national, est conçue pour la pérennité et la stabilité des institutions, il n’en demeure pas moins qu’elle est souvent modifiée et complétée, suivant les règles de chaque pays, pour son adaptation aux exigences sociopolitiques et socioéconomiques, nationales et internationales.
En ce qui concerne la République Centrafricaine, ainsi que je l’avais rappelé dans mon adresse à la diaspora centrafricaine, le 24 juin 2023, à Paris, la question de la révision ou du changement de la Constitution a été posée par certains Compatriotes avisés, dès le lendemain de sa promulgation, le 30 mars 2016, alors que les institutions prévues n’étaient pas encore totalement mises en place.
Des constitutionnalistes centrafricains ont estimé que la Constitution du 30 mars 2016 était inapplicable, car elle serait « mal fagocitée ».
Certains Compatriotes avaient appelé à réviser la Constitution aux lendemains de mon investiture, le 30 mars 2016, afin de neutraliser les contradictions, éliminer les aberrations, combler les lacunes ou traquer les incohérences.
D’autres, plus critiques, ont estimé que la Constitution soumise au référendum, en 2015, était « mauvaise et ce principalement et fondamentalement parce qu’elle est tout, sauf la loi fondamentale des Centrafricains », motifs tirés de ce qu’elle aurait été adoptée par un Conseil National de Transition, autorité illégitime d’une part, et rédigée par d’experts étrangers commis par la communauté internationale, d’autre part.
L’idée de la réécriture de la Constitution ainsi lancée dès 2016 a fait son cours et a pris une nouvelle proportion lors du dialogue républicain ayant regroupé toutes les forces vives de la Nation et les Centrafricains de l’étranger.
Depuis le dialogue républicain, une grande majorité de la population et des forces vives de la Nation se sont exprimées à travers des pétitions, des mémorandums, des marches organisées sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger.
Le peuple souverain m’invitait donc, en tant que Président démocratiquement élu, garant du fonctionnement régulier et harmonieux des institutions, à doter la République Centrafricaine d’une nouvelle Constitution qui reflète ses aspirations profondes à la paix, à la sécurité, à la stabilité, à la souveraineté effective, à la croissance et à l’émergence.
C’est ainsi que le 27 janvier 2023, j’ai confié à quelques experts nationaux, la mission de rédiger la nouvelle Constitution de la République Centrafricaine.
Dans mon message à la Nation, le 30 mai 2023, je rappelais qu’en ma qualité de Président démocratiquement élu, je ne peux rester insensible aux demandes pressantes et légitimes du Peuple souverain de doter notre pays d’une nouvelle Constitution, car en démocratie, rien, absolument rien n’est au-dessus du peuple.
Après consultation du Président de la Cour Constitutionnelle et du Président de l’Assemblée Nationale, conformément à l’article 90 de la Constitution du 30 mars 2016 et l’article 2 de la Loi du 13 janvier 2023, fixant les procédures du référendum en République Centrafricaine et au regard de leurs avis favorables, j’ai décidé de soumettre au référendum, le projet d’une nouvelle Constitution de la République Centrafricaine.
C’est ainsi que j’ai convoqué, le 30 mai 2023, le corps électoral de la République Centrafricaine, en vue de se prononcer par référendum sur le projet de la nouvelle Constitution.
La campagne référendaire débutera, vous le savez, le 15 juillet 2023 et prendra fin le 28 juillet de la même année.
Toujours soucieux d’assurer la transparence et une meilleure vulgarisation de la nouvelle loi fondamentale, j’ai, dans la tradition républicaine, mis en place une Direction Nationale de Campagne, composée de toutes les sensibilités sociopolitiques du pays.
Aujourd’hui, c’est avec une grande fierté que je remets officiellement à la Direction Nationale de la Campagne référendaire, le projet de la nouvelle Constitution de la République Centrafricaine.
– Monsieur le Directeur National de Campagne ;
– Mesdames et Messieurs les Membres de la Direction Nationale de Campagne ;
La nouvelle République que nous sommes en train de construire, aura l’ambition de créer les conditions d’une émergence plus rapide de notre société.
Les réformes proposées dans ce projet de Constitution briseront la tendance surannée à la méfiance vis-à-vis de la République Centrafricaine et ouvriront les portes de notre pays plus grandes aux investisseurs nationaux et internationaux.
En vous remettant officiellement le projet de la nouvelle Constitution à l’occasion de cette cérémonie à laquelle les Centrafricaines et les Centrafricains ont, une fois de plus démontré par leur présence massive, leur attachement effectif aux idéaux de paix, de sécurité, de gouvernance vertueuse, je vous instruis d’utiliser tous les moyens pour une large communication devant favoriser son appropriation par les Compatriotes, de l’intérieur comme de l’étranger.
Vous mettrez tout en œuvre, dans le respect des textes de la République, en vigueur, pour que tous nos Concitoyens votent la nouvelle Constitution en connaissance de cause.
Vous ne vous attarderez pas sur les arguments spécieux développés par les tenants de la Constitution du 30 mars 2016. Vous savez qu’ils défendent des intérêts étrangers à ceux du peuple centrafricain.
Vous devez veiller à ce que le peuple souverain s’exprime librement, sur l’ensemble du territoire et à l’étranger.
Vous devez également veiller à ce que l’opposition démocratique s’exprime librement, car c’est cela la démocratie.
Soyez guidés, par-dessus tout, par la recherche de la transparence, de la crédibilité du référendum constitutionnel.
Pour ma part, je livrerai, à l’occasion de mon message à la Nation, à la veille de l’ouverture de la campagne référendaire, dans quatre jours, quelques réflexions personnelles sur les réformes majeures proposées à nos Compatriotes.
En vous renouvelant mes remerciements d’avoir accepté cette mission d’intérêt national, je voudrais vous souhaiter bonne chance dans son exécution et vous renouveler toute ma confiance quant à l’issue favorable du référendum constitutionnel.
Vive la démocratie !
Vive la République Centrafricaine !
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son peuple !
Je vous remercie.