Par Dieudonné ZEKE
Bangui 25 mai 2020— (Ndjoni Sango) : Le mercredi dernier, la ville d’Obo dans la préfecture du Haut-Mbomou, a été le théâtre des attaques des éléments d’Ali Darassa de l’UPC sur les positions des FACA. Pour décrypter cette situation, Aïchetou Sanogo, Cheffe de bureau par intérim de la MINUSCA à Obo, a relaté les faits au micro de nos confrères de Guira FM, tout en louant et évoquant le travail par colocation qu’il y a eu entre les FACA et les casques bleus durant les affrontements avec les éléments de l’UPC.
Radio Guira FM : Mme Aïchetou SANOGO, bonjour !
Aïchetou SANOGO (A.S) : Bonjour, Mme la Journaliste !
Vous êtes la cheffe de bureau par intérim de la MINUSCA à Obo, rappelez-nous ce qui s’est passé récemment dans cette ville ?
A.S : Tout un rappel des faits. C’est que le 20 mai dernier au petit matin vers 06h 40mn, on a entendu des tirs, des coups de feu un peu partout. Donc, nous sommes sortis et on a eu des informations auprès de la force des bataillons Marocains du fait que la ville d’Obo était attaquée par des inconnus.
Alors, on s’est vite mis à l’abri, on a commencé à se renseigner alors que nos éléments étaient sur le terrain et les FACA étaient déjà sortis.
Ils ont tenté de combattre durant au moins 05h du temps. Toute la matinée du 20 mai était vraiment difficile pour nous et à la fin vers 11h on nous aurait dit que c’était des éléments de l’UPC qui tentaient de prendre la ville d’Obo. Cela ne nous étonne pas parce que depuis plus d’un mois, même l’année dernière, il y avait eu des rumeurs. Comme nous savons qu’il y a trop de rumeurs mais on fait attention.
De plus en plus les choses se dessinaient avec des informations plus précises, les alertes un peu partout de la population qui était vraiment effrayée. Donc, les hommes étaient déjà près à toute attaque. Voilà un peu ce qui s’est passé.
Alors, qu’est-ce que la MINUSCA a fait concrètement pour défendre la ville d’Obo et protéger la population civile ?
A.S : Bien avant les attaques, on a eu beaucoup de réunions, de dialogues intercommunautaires pour échanger un peu. Même j’ai mené deux missions à Mboki pour évaluer la situation sécuritaire.
On a mené le dialogue avec l’UPC pour que l’autorité de l’Etat puisse être rétablie dans cette deuxième commune de la sous-préfecture d’Obo parce que la population est en souffrance là-bas.
Les droits fondamentaux qui ne sont pas garantis comme la santé, l’éducation même l’eau potable et tout, on avait eu un terrain d’entente pour que l’autorité de l’Etat puisse être rétablie avec la reprise des bâtiments publics, leur réfection, le retour des FACA et des FSI.
Avant même que le conflit n’éclate, on faisait déjà un travail préliminaire pour qu’au moins l’autorité de l’Etat puisse être rétablie et qu’on puisse mieux protéger la population. Notre mandat, c’est de protéger la population.
Malgré tout, le conflit a eu lieu. Ce que la MINUSCA a fait, côté force, le bataillon Marocain qui est ici avec moi, automatiquement est sorti et a fait partie du combat pour combattre au côté des FACA, et, heureusement, on a réussis à protéger les civiles. Après ça, il y a eu les opérations de ratissages l’après-midi pour pouvoir désamorcer toutes les poches de résistance qui restaient.
Donc, c’est une guerre sinistre. On ne sait pas que l’ennemie peut frapper, donc les militaires ont fait une opération de ratissages jusqu’au soir et ont procédé à des arrestations.
Donc, les bataillons Marocains ont eu à arrêter quatre éléments combattants, les FACA en ont arrêté deux. Toutes les deux forces ont eu chacune de son côté a retiré des armes de guerre qu’on a gardées auprès de FSI pour investigations.
Les patrouilles continuent de jour comme de nuit, en tout cas les militaires sont sur le terrain et on est très satisfait de la sécurité actuellement.
Ses opérations ont été menées par les casques bleus et les FACA, c’est dire qu’il y a de bonne collaboration entre ces deux forces sur le terrain ?
A.S: Oui, très bonne collaboration. La preuve est que le Commandant du bataillon Marocain et le Commandant FACA étaient dans le même char de combat pour repousser les assaillants.
A un moment donné, les assaillants ont essayé de prendre la résidence et le bureau du préfet et ensuite ils ont voulu prendre le commissariat, mais ces deux forces unies ont réussis à les repousser. Ce qui a fait que les combats ont pris fin aux environs de 11h30mn.
Peut-on à ce jour craindre une autre attaque de ces éléments armés de l’UPC ?
A.S: Oui, depuis les forces sont en alerte rouge parce que nous avons des informations qui filent partout même en dehors de la préfecture, qu’il y a du renfort qui arrive un peu de partout, de Mboki, Zémio, etc…
Nous sommes très bien préparés et les forces sont actuellement sur le terrain parce que nous venons de recevoir deux alertes de deux cotés de manière simultanée. Les combattants essayent de créer un peu de désordre.
Face à cette crainte-là, quelle est la température actuelle de la ville d’Obo ?
A.S : Vous savez la population était effrayée donc une grande partie était réfugiée à la brousse. Mais hier soir, quand je suis sortie pour faire le monitoring, je me suis rendu compte qu’il y a quelques femmes, des jeunes qui revenaient à la maison et le retour est timide.
Malheureusement, avec les alertes de la nuit, certains sont encore repartis. Mais ceux qui sont restés ont récolté des vivres pour aller remettre aux FACA comme effort de guerre. Vraiment, c’est un signe de patriotisme très élevé.
Mais la communauté musulmane qui s’est retirée en brousse là, est- ce qu’elle se sent menacée, se sent en danger. Pourquoi ce retrait ?
A.S : Bon, il y a des fouilles, les FACA ont eu à perquisitionner certains domiciles et auraient trouvé des armes de guerre et des minutions. Je ne crois que ça dû effrayer les femmes et les enfants, certains hommes qui ont dû partir.
Malheureusement il y a eu des armes qui ont été retrouvées donc ces personnes ont été arrêtées le premier jour c’est-à-dire le 19 mai. On a arrêté quatre personnes qui s’étaient retrouvées en possession d’armes de guerre, par conséquent, c’est une infraction pénale. Les gens ont été retenus pour investigation, deux ont réussis à fuir.
Le jour de conflit, tous ceux qui étaient retrouvés sur le terrain de combat avec des armes ou sans armes ont été arrêtés. Donc six personnes au total qui ont été prises sur les lieux ; par les soldats de la paix, quatre personnes et deux personnes par les FACA avec des armes retirées.
Pour finir Mme Aïchetou SANOGO, quel est votre appel aujourd’hui à la population d’Obo, à toute la population Centrafricaine pour qu’- il y ait ce retour de la paix à Obo qui n’a pas connu de ces attaques là pendant toute la crise que le pays a traversé ?
A.S : Pour le premier, j’appelle aussitôt les groupes armés UPC de s’abstenir de prendre la ville d’Obo, de s’abstenir de mener le combat parce qu’on est tous des Centrafricains. Ils sont tous centrafricains, on ne veut que la paix, la paix c’est un fruit commun, un fruit rare qu’il faut savoir utiliser et préserver, donc le vivre ensemble surtout, s’ils sont d’accord pour vivre comme centrafricain et éviter de prendre les armes.
Pour la population, je demande à la population de rester calme, de faire attention et de rester vraiment chez elle à la maison.
Sur cette question, est ce qu’il y a déjà un bilan de côté civil ?
A.S : Côté civil, nous n’avons pas trouvé de corps jusqu’à présent mais il nous est rapporté hier que trois personnes qui étaient dans leur champ auraient été égorgées par des combattants qui sont en train de fuir à 7 Km de la ville d’Obo.
Et ce matin le préfet nous a dit qu’un chef de quartier aurait été égorgé dans son champ, son corps a été retrouvé, et à 11h, il a été inhumé. A part les arrestations, je n’ai pas retrouvé sur le terrain, je n’ai pas eu vent de corps de combattants retrouvés. Du côté MINUSCA, il n’y a pas de dégâts, du côté FACA…