Par Grace NGBALEO
Bangui 15 juillet 2020—(Ndjoni Sango) : Malgré les multiples appels à mobilisation pour inciter les femmes à s’enrôler sur la liste électorale, le taux de participation de leur côté est encore très faible. Sur 53923 inscrits seulement 15619 soit moins de 30% de femmes se sont inscrites sur les listes électorales durant la période du 30 juin au 07 juillet 2020,selon l’Autorité Nationale des Elections (ANE). Mais quelles en sont les raisons ?
La rédaction de Ndjoni-Sango a sillonné quelques centres d’enregistrement, le constat est alors amer. Pour une queue de 30 à 40 personnes, on peut noter la présence de 2 à 3 femmes seulement, attendant s’enrôler. Dans certains centres on note quasiment l’absence des femmes pour l’opération d’enregistrement.
Les raisons de cette démotivation varient d’une femme à une autre.
Dans le centre d’enrôlement du Lycée Miskine situé dans le 5ème arrondissement de Bangui, nous avons croisé Sophie qui n’a pas pu s’enrôler après plus de 3 heures d’attente. Elle s’impatiente à cause de la lenteur dans la procédure.
« Je suis venue m’enregistrer malgré la queue qui n’est pas longue mais l’enregistrement traîne. Je suis obligée de rentrer vaquer à mes occupations »,justifie-t-elle.
Lucienne Bela dort au quartier Linguissa dans le 6ème arrondissement de Bangui. Pour elle, elle ne sait où aller s’inscrire. C’est pourquoi elle ne l’a pas fait jusqu’alors.
« A l’époque, les chefs des quartiers criaient pour dire où aller s’inscrire. Cette fois-ci, telle n’est pas le cas. Moi je sors le matin je vais aux champs pour rentrer le soir. Je n’ai pas le temps d’écouter ni radio ni télévision que je n’aie pas. Je ne sais même pas où se trouve mon centre d’enrôlement. Que faire exactement dans ce cas ? ».
A Kpètènè, Marie Jeannette s’est mise en sanglot quand sa voisine du quartier lui demande d’aller s’inscrire ce qu’elle refuse de faire. Victime des récentes crises qu’à connu le pays, elle n’a plus confiance à aucun homme :
« Je suis une déplacée, j’ai dû quitter mon village Mobaye pour Bangui. Car devant moi, les ex-Séleka ont tué mon garçon. Ils m’ont pillée. Aujourd’hui vous me demandez d’aller m’enregistrer, mais pour voter qui ?Je n’ai plus confiance aux hommes politiques de ce pays », s’indigne-t-elle.
Cette raison évoquée par Marie Jeanne est partagée par plusieurs femmes que nous avons rencontrées en l’occurrence, celles qui ont été soit violées soit ont perdues leurs enfants ou maris dans la crise militaro-politique que le pays a connu.
L’article 281 du code électorale de la République Centrafricaine recommande aux partis politiques, aux associations politiques et aux groupements politiques de présenter au moins 35 % de candidatures féminines pour les élections législatives, sénatoriales et régionales.
Mais si les femmes ne s’inscrivent pas en nombre ci-dessus énuméré, qui votera pour leurs pairs si ce quota de 35% n’est pas respecté ?