Par Cyrille YAPENDE
Bangui 8 janvier 2020—(Ndjoni Sango) : A un mois de l’an 3 de l’APPR-RCA, les quelques groupes armés signataires les plus actifs de cet accord de paix ont claqué au mois de décembre dernier la porte pour se regrouper dans une nouvelle alliance dénommée coalition des patriotes pour le changement (CPC) avec l’objectif, le boycott des élections et le renversement par la force de l’actuel régime de Bangui. En quoi cette offensive armée et coalisée peut-elle provoquer la fin de cet accord ?
Après les pourparlers de Khartoum, les 14 groupes armés du pays et le gouvernement sous l’égide de la communauté internationale, ont signé un accord politique pour la paix et la réconciliation.
Depuis cette signature, les leaders et les représentants de ces forces non conventionnelles ont été nommés au gouvernement, au cabinet de la présidence et à la Primature.
A 29 jours de l’anniversaire de cet accord de paix, plusieurs groupes armés signataires ont plié bagage pour ouvrir la guerre contre les autorités légitimes au moment où le pays se prépare à aller aux élections couplées. Suite à cette désolidarisation par certains signataires, le gouvernement ne tarde pas à réagir.
Une grosse nouvelle, le signe précurseur des raisons funèbres de la mort de cet accord est le décret n° 20.438 rapportant les décisions du décret n° 19.072 du 22 mars 2020, le Président de la République Faustin Archange Touadera a relevé de leurs fonctions Ali Darassa, Maxime Mokom, Abass Sidiki et Mahamat Alkatim, tous les quatre, leaders des groupes armés les plus actifs du pays.
Ce divorce entre le gouvernement et les rebelles qui ont rallié l’alliance de patriotes pour le changement risque d’impacter négativement sur l’accord de la paix de Khartoum. Ce n’est pas tout.
Dans son discours du nouvel an le 31 décembre 2020, le Président de la République face à la tension sécuritaire et postélectoral a déclaré : « J’ai le pénible devoir de vous dire ce soir que nous sommes en guerre. La République est en guerre. Sa survie est menacée. Cette guerre asymétrique, nous allons la gagner ». Cette ferme prise de position du Président Touadera montre clairement que la politique de la main tendue aux rebelles cède aisément la place à la guerre.
« Le limogeage des 4 signataires de l’accord politique pour la paix et la réconciliation du 6 février 2019, explique clairement la mort dudit accord.
Faux ! Rétorque le Premier ministre Firmin Ngrébada sur sa page Facebook qui pense que ce point de vue est loin de la réalité car au lieu de parler de la fin de l’accord, c’est plutôt son application et sa consolidation.
« Avec l’APPR, dans son article 35, il est prévu des sanctions pour ceux qui violent cet accord, qu’ils soient signataires ou non. La reprise de la guerre pour les motifs fallacieux est une violation plus grave de l’APPR et les décrets comptent parmi les sanctions avant que la justice ne fasse son travail et cela, en parfaite harmonie avec les garants et facilitateurs », a répliqué le Chef du gouvernement.
A allure où vont les choses, le destin de l’APPR-RCA dont les partenaires de la République centrafricaine ont mis énormément d’argent, est hypothéqué avec en toile de fond, les offensives armées de la CPC dans les différentes villes de province. Décidément, le Centrafrique est loin de voir le bout du tunnel malgré la signature de ce fameux accord dit de « Khartoum ».