Violée par son père à 2 ans, elle crie chaque nuit : « Papa, je n’ai dit à personne. »

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Centrafrique-Veuve-Ndjoni-Sango
Une femme violée, image d'illustration

femme violées

A 14 ans, elle est enceinte de son propre père, cet homme qui lui a donné la vie. Il a engrossé le sang de son sang. La chair de sa chair. Oui, il l’a violé. Cette histoire qui bouleverse des habitants de Douala, capitale économique du Cameroun, depuis quelques jours m’a rappelé l’enquête que j’ai faite il y a quelques temps et dont j’ai publié une version dans un blog

J’ai passé des semaines à rédiger cette enquête. J’ai parcouru de longues distances pour rencontrer des sources qui parfois, annulaient des rendez-vous sans explication. Je ne parviens d’ailleurs pas à oublier cette peur exagérée, cette angoisse permanente, ces yeux vides de sens comme ceux d’un adulte à qui la vie n’a rien apporté, cette haine des hommes… que j’ai lue dans le regard de ces petits enfants violés.

Violée par son père à 2 ans, elle crie chaque nuit : « Papa, je n’ai dit à personne. »

La première victime que j’ai rencontré était âgée de 4 ans. Elle dormait. A l’écoute de ma voix, elle a sursauté, s’est réveillée et s’est mise à pleurer. Pour une fois, mon sourire n’a pas opéré chez un petit enfant. Sa mère a fini par la calmer et elle s’est endormie, le pouce droit dans la bouche. Elle semblait si agitée. Ses mains retenaient la jupe de sa mère comme si elle s’attendait à ce qu’un mauvais ange vienne la kidnapper dans son sommeil.

« Elle a été violée par mon mari. Son propre père. Il s’est enfui après son acte », m’explique la mère de la petite fille, les larmes ruisselant sur son visage. Elle semble perdue dans ses pensées. « A l’hôpital, les médecins ont constaté que mon petit bébé a été violé plusieurs fois de suite », continue-t-elle, la voix enrouée.

Depuis cette période, la petite fille si joyeuse avant est devenue renfermée. Elle ne joue plus avec ses petits amis. Elle a peur de tout le monde, même de ses grands-parents. L’enfant est aujourd’hui suivi par un psychologue. La mère a été obligée de déménager à deux reprises parce que son enfant criait en pleine nuit. Le même rêve nocturne se poursuit pourtant depuis près de deux ans. La phrase de fin est toujours : « Papa, je n’ai dit à personne »… que tu m’as violée (j’imagine cette fin chers lecteurs et lectrices). La petite fille pense dans son rêve que son papa est toujours là.

« Papa a dit que si je le trahis, il me tue. »

Lorsque le regard d’une petite fille âgée de 6 ans, au visage émacié, a croisé le mien dans un quartier populeux de Douala, j’ai sursauté. Le regard qui me fixait semblait rempli de haine et vide à la fois. C’était le regard d’une petite fille qui avait été violée par son tuteur, un jour de décembre. Sa mère m’a confié entre deux sanglots que sa fille n’acceptait plus de rester seule. Cette jeune fille (26 ans), m’a dit que son unique enfant était devenu « bizarre ». « Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle ne m’avait pas dit qu’on la violait, elle m’a alors lancé cette phrase : ‘papa a dit que si je le trahis, il me tue », me raconte la maman.

« Je te le jure papa, je ne dirai à personne que tu m’as violé »

Au fil de mon enquête, j’ai rencontré des petits garçons violés (sodomisés, c’est comme vous voulez) par leur père, certains par leurs oncles et voisins. J’ai rencontré des petites filles qui avaient peur de tous les visages masculins qu’elles croisaient sur leur chemin. Certaines ne voulaient plus aller à l’école.

Je me souviens d’une journée, en particulier, passée au milieu d’enfants violés qui essayaient d’évacuer leur peine en peignant et en interprétant une pièce théâtrale. Sur les tableaux, on pouvait voir des scènes de viol. Les légendes rédigées dans un français approximatif étaient aussi parlantes. Les personnages avaient toujours une phrase déguisée et cachée parfois : « Je te le jure papa, je ne dirai à personne que tu m’as violé(e) ». Vous l’avez compris ! Le violeur, influent, menace l’enfant. Et la victime a toujours peur de son bourreau.

 Dénoncez le violeur, même s’il est le père ou le plus riche de la famille

S’il y a une chose que j’ai retenue au cours de cette enquête, après avoir rencontré des victimes, psychologues, psychopathologues, enquêteurs sur des questions de viol (police et gendarmerie), responsables d’association de lutte contre le viol, enseignants et avocats, c’est qu’il faut dénoncer le violeur. Il faut le dénoncer même s’il est le père, l’oncle, l’époux ou le grand-père. Il ne faut pas avoir honte du qu’en-dira-t-on et du regard de la société. Je sais que c’est pénible.

Dénoncez pour avoir la conscience tranquille. Dénoncez surtout pour que vos enfants et les autres enfants soient épargnés. Portez plainte et suivez la procédure jusqu’à la fin (que ce soit au commissariat, gendarmerie ou au tribunal) pour que d’autres violeurs prennent peur et ne violent plus de petits enfants. Dénoncez ce crime…

N.B : Le mot « papa » est un mot noble. Je le concède, chers lecteurs et lectrices. Je n’aurais jamais voulu l’utiliser n’importe comment. Je m’excuse si sa « vulgarisation » dans mon billet vous a indigné. Je tiens juste à préciser que l’enfant violé appelle généralement son bourreau « papa », qu’il soit son vrai père, son beau-père, son oncle, son grand-père, l’ami à papa ou maman, le voisin, le boutiquier ou le grand-frère.

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