RCA: Sylvain Ngakoutou Patassé rompt le silence sur les massacres des civils

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Sylvain Ngakoutou Patassé

Sylvain Ngakoutou Patassé, homme politique centrafricain

Bangui 7 juin 2019–(Ndjoni Sango): Le Président de l’association Centrafrique Nouvel Elan, Sylvain Ngakoutou Patassé s’est décidé de rompre le silence. Dans une interview au journal Le Démocrate, l’ancien candidat aux élections de 2015-2016 en Centrafrique, estime que le gouvernement ne peut pas se contenter de ses traditionnelles condamnations et s’accommoder de l’arrestation de quelques sous-fifres désignés opportunément comme auteurs de ces faits extrêmement graves dans la localité de Paoua.
Le Démocrate (LD) : Monsieur Sylvain Ngakoutou Patassé Bonjour,
Depuis l’élection présidentielle de 2016, vous n’avez plus fait entendre parler de vous.
Que devient l’ancien candidat ?
Sylvain NgakoutouPastassé (SNP) : Bonjour,
La participation à une élection présidentielle est une œuvre exaltante qui requiert beaucoup de sacrifices personnels et d’investissements multiformes.
Après une telle « aventure », il faut prendre le temps de faire le point et notamment de dresser le bilan pour pouvoir projeter l’avenir.
C’est à cet exercice que je me suis livré pendant ces trois (03) années marquées par un silence voulu et entretenu.
Je n’ai pas fait que cela pendant tout ce temps, vous vous-doutez bien.
J’ai, parallèlement, eu le privilège d’avoir été élu Conseiller Économique et Social de la circonscription de mon lieu de résidence, le 1er arrondissement de la ville de Bangui. Mandat auquel je me consacre entièrement depuis lors.
LD : Le Gouvernement est parvenu le 06 février dernier à un accord avec 14 principaux groupes armés qui contrôlent la majeure partie du territoire national.
Que Pensez vous de cette énième entente de paix ?
SNP : Cet accord avait pour but me semble t-il de ramener la paix dans notre pays et de réconcilier les centrafricains avec eux même.
J’ai soutenu cette démarche par ce que je fais partie des personnes qui pensent que la solution à la crise centrafricaine n’est pas forcément militaire.
D’ailleurs a t-on seulement les moyens de mener une guerre en ce moment ?
Malheureusement, c’est l’effet inverse qui se produit aujourd’hui et cela est bien dommage.
LD : Justement, à peine l’accord de Khartoum signé, celui-ci est l’objet de violations particulièrement de la part des groupes armés, pourtant signataires.
Le dernier fait grave enregistré, c’est le massacre perpétré le 21 mai dernier par les hommes du 3R de SIDIKI, sur d’innocentes populations de Paoua et ses environs dont vous êtes originaire.
Quel est votre sentiment à ce sujet ?
SNP : Ce qui s’est produit à Paoua et ses environs est inadmissible.
Le pire c’est que cette barbarie s’est produite sous le nez et la barbe des forces onusiennes basées dans cette région et censées protéger les populations civiles.
Comment peut-on laisser massacrer tout un village sans pouvoir lever le petit doigt ?
Le récit macabre des faits et notamment la passivité des forces internationales venues sur les lieux juste pour compter les cadavres, fait froid au dos.
LD : Comment analysez-vous la réaction du gouvernement face à cette situation ?
SNP : Le gouvernement ne peut pas se contenter de ses traditionnelles condamnations et s’accommoder de l’arrestation de quelques sous-fifres désignés opportunément comme auteurs de ces faits extrêmement graves.
C’est toute la chaine de commandement des 3R et particulièrement son chef SIDIKI qui doivent être tenus responsables.
Au même titre que Jean Pierre BEMBA a été poursuivi pour des faits commis par ses hommes en Centrafrique, SIDIKI doit répondre devant la justice des crimes commis par les hommes qui prennent leur ordre auprès de lui.
LD :Face à ce drame, un « Front Uni pour la défense de la Nation » s’est constitué autour des principaux chefs de partis de l’opposition. Un communiqué, dont le représentant de votre mouvement est signataire, a été publié à cet effet.
Quels sont les objectifs de ce front ?
SNP : Centrafrique Nouvel Elan (CANE), le mouvement que je dirige, avait effectivement été invité pour prendre part à une réunion suite aux différents évènements qui se sont produits notamment dans la Basse Kotto et l’Ouham Pendé.
L’Objectif de cette rencontre, de prime à bord, c’était de prendre position par rapport à ces évènements que nous condamnons avec la dernière rigueur.
Mon représentant qui avait été désigné à cet effet n’avait pas reçu mandat pour engager le mouvement dans un front.
Une telle décision devra être validée par le Bureau de notre organisation qui se réunira ces prochains jours.
LD : Centrafrique Nouvel Elan, mouvement qui vous soutient, n’est encore qu’une association. Comptez vous transformez cette structure en parti politique ?
SNP : A ce jour, je ne puis vous répondre. Des réflexions sont effectivement en cours et le moment venu nous aviserons.
LD : 2021 est à imminent. Sylvain NGAKOUTOU PATASSE sera t-il de nouveau candidat ?
SNP : Ce n’est pas le plus important, aujourd’hui, au moment où des populations innocentes et sans défense se font massacrer.
LD : Quelles sont vos relations avec l’actuel locataire du palais de la renaissance ?
SNP : A ma demande j’ai été reçu à plusieurs reprises de manière informelle par le Président de la République, Chef de l’État. A ces diverses occasions je lui ai fait part de ma vision de la gestion de certaines situations. Ces démarches n’ont chaque fois été guidées que par le souci du bien être de mes compatriotes.
LD : Votre feu père, l’ancien Président Ange Félix PATASSE, a laissé un héritage politique incontestable en Centrafrique et au delà de nos frontières. A ce sujet, lors de la dernière cérémonie commémorative de la date anniversaire de son décès, vous avez annoncé la création d’une fondation dédiée à ses œuvres.
Qu’en est-il ?
SNP :C’est un projet auquel tient la famille et qui est en cours de finalisation. Vous en serez informé au moment opportun.
LD : Votre mot de fin
SNP : Je formule le vœu de voir notre pays retrouver définitivement le chemin de la paix car les populations ne peuvent plus continuer de souffrir de la sorte. J’invite tous les leaders qui qu’ils soient à œuvrer pour cela.
LD : Nous vous remercions
SNP : c’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par Askin B.

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