Centrafrique: Aperçu général sur les deux ans de Touadéra au pouvoir

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Le Président Faustin Archange Touadera@Erick NGABA

Par Mark LEBARON
Le pouvoir aurait été particulièrement amer pour le président Faustin-Archange Touadéra, trimballé, comme dans un tourbillon, par les principaux leaders de l’opposition centrafricaine à propos de sa gestion chaotique. A l’occasion de la célébration prochaine de ses deux ans passés au pouvoir, le Chef de l’Etat présentera sans doute un bilan qui fera l’objet de critiques de la part de l’opposition et de la société civile qui étaleront et décortiqueront les multiples tares d’un régime qui étouffe son peuple.
A vrai dire, la déception est grande pour notre peuple face aux promesses non tenues  sur le plan de la sécurité, du retour de la paix, de l’amélioration des conditions de vie et de l’emploi des jeunes. 2017 et 2018 certainement, ce sont deux années difficiles pour les populations, confrontées à différentes formes d’insécurité, de précarité, de mauvaise gouvernance et surtout de déficit d’Etat.
Les épreuves endurées ont contribué à éroder le pouvoir d’achat des populations et créé un malaise dans les régions encore victimes des méfaits de l’occupation.
C’est pourquoi en ce moment, les « vrais » opposants démocratiques dénoncent une « action publique sans but, sans visibilité, un exercice du pouvoir qui tourne à vide… », L’absence de réformes et donc de direction.
Ils s’interrogent sur le manque d’ambitions de la gouvernance actuelle ; sur l’Etat et ses démembrements (la Défense, l’administration, la santé, la justice, la sécurité, l’emploi…), leurs capacités à délivrer les services de base ; sur les spoliations, les multiples tracasseries dont les centrafricains font l’objet. Les principaux leaders de l’opposition doivent dire les vérités, mêmes les plus drues, sur les dérives du régime de FAT et la gestion catastrophique du chef de l’Etat qui ont mis le peuple centrafricain à terre.
Situation sécuritaire préoccupante ?
Par rapport à la situation sécuritaire, jamais le peuple et la nation n’ont été autant endurés même sous la transition. Selon les chiffres donnés par les humanitaires, plus de 25.000 personnes ont été tuées pendant les deux ans de règne de Touadéra. L’instabilité s’est propagée. Elle confine à l’anarchie dans certaines zones.
« Les témoignages concordent: à 300 kms de Bangui, il n’y a plus d’État, au-delà de Bambari, il n’y a plus de Centrafrique», regrettent certains observateurs.
Les routes ne sont plus sûres dans plusieurs régions. La multiplication des actions terroristes ou de banditisme donnent le frisson. Le processus de paix est enlisé, faute de vision et du fait de l’immobilisme du Gouvernement.
L’amateurisme, les tâtonnements et les improvisations ont fini par exaspérer les uns et les autres. La faiblesse de l’État, l’absence de stratégie et la recrudescence des activités des groupes des mercenaires de la séléka font peser de sérieuses menaces sur la Centrafrique.
Du nord au sud de notre pays, l’insécurité s’est installée de façon presque permanente. Par ailleurs, certains observateurs rappellent avoir maintes fois attiré l’attention  sur les dangers de la signature des accords aux mercenaires des factions de la séléka dont l’application (leur nomination par-ci et là) entrainerait la Centrafrique vers la persistance de la crise. Il reconnaît que nous ne sommes pas loin d’un tel scénario aujourd’hui dans la mesure où les formats et les calendriers ne sont pas tenus, la confiance se fait attendre et nous sommes devenus tributaires des événements.
« L’histoire nous donne malheureusement raison: le déploiement de nos forces n’est toujours pas effectif sur toutes l’étendue de notre territoire; le déploiement des agents et fonctionnaires de l’Etat dans les recoins du pays piétine; l’administration n’est toujours pas de retour; des milliers d’enfants sont privés d’école; les centres de santé ne fonctionnent pas; les réfugiés et déplacés tardent à regagner leur foyer », se désolent d’autres compatriotes.
Autrement dit, la Centrafrique a payé un prix fort à l’insécurité en passe et marquée par un niveau jusque-là inédit d’exactions dont les plus marquants ont incontestablement été celles et attaques d’ordre criminel qui ont été perpétrés un peu partout sur le territoire national contre les personnes et leurs biens, les symboles de l’Etat, les forces armées de défense et de sécurité ainsi que les forces internationales présentes en Centrafrique dans le cadre de la mission de stabilisation sous mandat des Nations Unies. Ces actes criminels ont coûté la vie à plusieurs de nos concitoyens, sans compter leur impact sur l’image et la notoriété de notre pays.
Sur l’Accord pour la paix, le cessez-le-feu et la réconciliation issu de plusieurs initiatives d’autres compatriotes se disent nullement surpris des difficultés actuelles que connaissent ces initiatives dans leur mise en œuvre. Car, les questions de fond, qui auraient dû mobiliser l’ensemble des centrafricains autour de la refondation du pays  et être la quintessence des priorités de l’heure, n’ont pas reçu le traitement approprié.
Mauvaise gouvernance et chaos social
Au-delà de l’insécurité, d’autres compatriotes ont fait des observations concernant la gestion, qui a plombé les ailes du pays et plongé les centrafricains dans de chaos sécuritaire, humanitaire, social…
« Nous continuons à dénoncer avec force : le pilotage à vue sans cap ni vision; les scandales financiers à répétition; l’impunité érigée en système; la politisation de l’administration; la caporalisation des médias d’Etat; le népotisme et la patrimonialisation des moyens de l’Etat; la gestion chaotique des entreprises parapubliques ; la gestion désastreuse des logements sociaux… le Pays est malade, malade de sa gouvernance, toutes choses qui plongent notre économie dans une dangereuse léthargie ».
S’agissant du chômage des jeunes, les observateurs avertis rappellent que cette  gangrène mortifère continue de ronger notre tissu social poussant nos jeunes à tenter dans les aventures bizarres, notamment les rebellions et autres actes de banditisme. Sur cette question lancinante et plus que préoccupante de gouvernance, d’autres,  dénoncent l’absence de vision et de cap de la part de ceux qui ont en charge actuellement la gestion des affaires publiques. Sur un autre plan, certains ne passent pas sous silence le déficit d’Etat, la cherté de la vie, la paupérisation constante des conditions de vie des populations et les scandales de tous ordres qui ont jalonné la vie de notre pays.
Que dire des incohérences du gouvernement dans la gestion des problèmes aussi importants. Depuis deux ans, notre peuple attend toujours que l’Etat affirme son autorité, qu’il prenne ses responsabilités, et d’abord ses responsabilités en matière de sécurité et de défense du territoire. Il réclame le respect des lois, une justice égale pour tous.
Il souhaite que le pays connaisse la stabilité, que l’action des autorités publiques soit transparente et contrôlable. Il nous faut sortir de l’immobilisme actuel et redonner espoir à nos populations. Les centrafricains attendent un Etat fort, un Etat solide, stable et juste, un Etat stratège capable de donner une direction au pays.
Ils veulent un Etat au service du développement et de l’économie, qui soutient les initiatives des citoyens pour le développement, garantit la création de richesses par le secteur privé, souhaitent une redistribution équitable des richesses, et une solidarité agissante avec les plus démunies. Un Etat qui saura unir la Nation et la protéger. Un État qui crée l’espoir.
Ce pays se trouverait dans des mains inexpertes, capables de le plonger dans des abîmes encore plus profonds. FAT vient de détailler les tares de ce régime incompétent, incapable d’affronter les problèmes réels du pays. Tous les Ministres nommés le sont par sa bénédiction. C’est le clan et la famille qui dirigent le pays. La proximité de la famille avec l’état est très mal perçue par la population.

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