RCA: l’Accord de paix du 6 février 2019 jugé caduc

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signature de l'accord de paix entre le gouvernement et les groupes armés le février 2019 à Bangui@photo Erick Ngaba

Saint-Cyr GBEGBE-NGAÏNA

Bangui 12 juin 2021—(Ndjoni Sango) : Plus de deux ans après la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA) paraphé à Khartoum et signé à Bangui le 6 février 2019, entre le gouvernement centrafricain et les leaders des 14 groupes armés, les Centrafricains jugent la caducité de cet accord à quelques jours du dialogue Républicain annoncé par le Président de la République, Professeur Faustin Archange Touadéra. Cette position est partagée par le Rapporteur général et Porte-parole du Mouvement Citoyen pour l’Eveil des Consciences (MCEC), Koï Euloge Doctrouvé au cours d’une interview exclusive accordée à Ndjoni Sango.

Depuis l’accession à la magistrature suprême de l’Etat en 2016, le Président Faustin Archange Touadéra a hérité une situation de non-Etat, où le pays a été contrôlé à plus de 80% par des bandits de grand chemin. Comment peut-on faire pour sortir de ce bourbier ?

C’est pourquoi, arrivé en début d’année 2019, avec l’appui même de la communauté internationale, un Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine a été paraphé à Khartoum et signé à Bangui le 6 février 2019.

Cet accord a un objectif bien déterminé, d’abord de conduire à la cession des hostilités, à l’arrêt de tout acte de violences et de violations des droits humains, qui étaient monnaie courante sur le territoire centrafricain, également la suppression sans condition des groupes armés, et la lutte contre l’impunité. Mais, qu’est-ce que les Centrafricains assistent aujourd’hui ?

A en croire plusieurs observateurs, depuis la signature de cet accord, le gouvernement a toujours respecté. C’est ainsi qu’au sortir de ces assises, un gouvernement inclusif a été mis en place conduit par Firmin Ngrébada jusqu’à sa démission le 10 juin dernier.

Des représentants des groupes armés ont été nommés dans presque toutes les institutions de la République. Des éléments des groupes armés ont été recrutés dans l’armée, la gendarmerie et la police. Des Unités Spéciales Mixtes de Sécurité ont été créées en faveur des groupes armés. Que sais-je encore ?

Du côté des groupes armés maintenant, c’est la campagne de tuerie à outrance, des exactions sur de paisibles populations civiles, le prélèvement des taxes illicites, l’occupation des bâtiments publics. Tous ces actes sont contraires à leur engagement pris dans ledit accord qui est celui de faire la paix afin de participer au relèvement de la République centrafricaine.

Ces groupes armés, au lieu de rester à leur niveau de violations de leur engagement pris dans cet accord de paix, ils sont allés loin fin décembre 2020 pour se constituer en une nouvelle coalition dite «CPC», dans le but d’empêcher la tenue des élections dans le pays. Cela est une violation grave de droit national et international vis-à-vis des Centrafricains qui n’aspirent qu’à la paix.

Aujourd’hui, à quelques jours d’un nouveau dialogue Républicain annoncé par le Président de la République, Professeur Faustin Archange Touadéra, il est important de tirer les choses au clair.

Bon nombre des Centrafricains si on l’interroge, sur l’Accord de Paix et de Réconciliation, ces Centrafricains ont déclaré que cet accord est déjà caduc. Vue plusieurs violations de cet accord par les partis signataires, notamment du côté des groupes armés.

Cette position entièrement partagée par le Rapporteur général et Porte-parole du Mouvement citoyen pour l’Eveil des Consciences (MCEC), Koï Euloge Doctrouvé. Ce leader d’opinion déclare la caducité de l’Accord de Bangui du 6 février 2019.

«Depuis la signature de cet accord, les groupes armés n’ont pas joué un franc jeu. Ils ont fait la preuve manifestement de la mauvaise foi lorsqu’ils ont commencé à bouter hors de leur périmètre cet accord. Ils ont marché sur cet accord. Je dirai même à la limite, ils ont pissé sur cet accord qui, pourtant, avait pour vocation de ramener la paix durable dans le pays. Pour ce faire, le gouvernement ne peut pas continuer à œuvrer seul tout en subissant au jour le jour les caprices de ces bandits qui veulent tout simplement jouer avec les sentiments du gouvernement, et le Chef de l’Etat. Et donc, il est tout à fait normal qu’on puisse aujourd’hui remarquer que cet accord n’a plus son sens d’être. Il ne peut être valide que lorsque les deux parties respectent leurs engagements», a-t-il déclaré.

Le leader du Mouvement citoyen pour l’Eveil des Consciences, Koï Euloge Doctrouvé, est sidéré de la position de la communauté internationale, notamment la France qui serait en train de faire pression sur le Président Touadéra afin d’accepter de dialoguer avec les groupes armés.

«Nous voyons tout ce qui se trame à l’horizon. Nous savons qu’il y a des uns et des autres qui agissent dans l’ombre, qui veulent imposer un dialogue avec les groupes armés. Ce qui est contraire à la volonté du peuple centrafricain. Ce qui est contraire dans le principe de cet accord qu’ils ne cessent de soutenir. Comment comprendre qu’à chaque fois qu’ils commettent des exactions et ils reviennent dans l’Accord de Khartoum ».

Et d’ajouter sous l’effet de colère que «Nous nous inscrivons en faux contre toute position d’une main étrangère qui serait tentée de faire main basse sur nos institutions. Qui serait tentée de faire pression sur nos autorités, afin de tenir un dialogue avec les groupes armés qui ont tué nos frères, nos sœurs. Qui ont endeuillé les familles centrafricaines. C’est tout simplement inacceptable.

Koï Euloge Doctrouvé est convaincu que le Président de la République, Chef de l’Etat, Professeur Faustin Archange Touadéra et son équipe, ne sont pas des personnes qui sont prêtes à céder au chantage de la communauté internationale, et ce qui serait contraire à la volonté du peuple centrafricain.

Enfin, il lance un appel pressant à la France et à la Communauté internationale de cesser avec ces genres de pratiques. «Nous demandons à communauté internationale, notamment la France de cesser d’agir dans le sens comme elles sont en train de le faire ! Nous leur demandons tout simplement d’agir dans l’intérêt du peuple centrafricain afin de punir ces groupes armés», a-t-il conclu.

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