RCA: des candidats dénoncent un trafic de cartes d'électeurs

0
11085
SAMSUNG CAMERA PICTURES
Les élections devant un bureau de vote au lycée des Martyrs à Bangui/Eric Ngaba

En République centrafricaine, un trafic de cartes d’électeurs a été signalé par des candidats à la présidentielle ou aux législatives. Plusieurs s’en seraient fait proposer pour 1000 francs CFA pièce. De nouvelles irrégularités présumées qui surviennent alors que les difficultés dans l’organisation des élections ont provoqué leur report de trois jours. Reportage.

La scène est peu banale dans cette rue de Bangui. « J’ai vu un gars avec plein de cartes d’électeur », explique Elvis Bindala. Le candidat aux élections législatives dans la première circonscription du 6e arrondissement ajoute : « Il m’a dit que c’est son cousin qui lui a donné les cartes et son cousin, c’est le président du bureau de Kangala. »

Elvis Bindala pose une dizaine de cartes sur la table, toutes au nom des candidats inscrits dans cette circonscription de la capitale centrafricaine. « Il y a au moins sept jeunes qui sont venus me voir. Ils m’ont présenté neuf cartes, et après ils m’ont demandé de l’argent. J’ai dit non parce que ce n’est pas normal ! », témoigne le candidat.

Stupéfait de ce trafic, Elvis Bindala décide de prévenir le QG du candidat à l’élection présidentielle qu’il soutient : Anicet Georges Dologuélé.

7 000 cartes d’électeurs

Si Elvis Bindala a fait cette découverte par hasard au détour d’une balade dans son quartier, d’autres candidats ont également fait part de choses similaires dans la deuxième circonscription du sixième arrondissement de la capitale.

« Nous avons un candidat dans le 6e qui nous a donné le nom de son compatriote qui détient plus de 7 000 cartes d’électeur et qui les vend », affirme Thierry Patrick Akoloza, le porte-parole du candidat Timoléon Baikoua.

Le ministre de l’Administration territoriale de Centrafrique, Modibo Bachir Walidou, a dit à RFI prendre ces informations très au sérieux et rappelle que des mesures ont été prises en conséquence pour empêcher les fraudes le jour du vote. A l’instar de l’obligation pour tous les citoyens de présenter en plus de leur carte d’électeur, une pièce d’identité.

« Beaucoup de petites erreurs »

« L’Autorité nationale des élections vient à peine de naître, reconnaît le ministre. Elle travaille dans des conditions extrêmement difficiles. Il a fallu partir de zéro et il a fallu faire tout cela à grande vitesse. Et le résultat, c’est qu’il y a beaucoup de petites erreurs, mais on trouve qu’ils ont fait beaucoup d’efforts. Maintenant ce n’est pas parfait, c’est certain. Il y a déjà une enquête judiciaire qui est entamée. Il y a déjà des perquisitions qui sont effectuées chez certains membres de l’ANE. Et si jamais des éléments constitutifs de fraudes, voire d’infractions, sont trouvés, ces personnes en répondraient. »

De son côté, Julius Ngouade-baba, le rapporteur général de l’ANE, confirme que l’agence enquête sur ces allégations et qu’elles ne remettent pas en cause le scrutin : « Nous avions reçu ces cartes, nous les avions conditionnées, […] et nous assurons le suivi pour que ces cartes proviennent aux destinataires. Maintenant, il nous est remonté quelques problèmes. Nous avons constaté [des doublons] et nous avons documenté ça. Maintenant il nous est aussi remonté ces soupçons de ventes de cartes, de rétention de cartes, et nous avons investigué. Dans les quelques cas que nous avons déjà vérifiés, il s’est avéré que ces rumeurs sont non fondées, totalement non fondées. » Mais, assure Julius Ngouade-baba, l’ANE a pris ses dispositions pour que de tels cas soient aussi documentés.

Fraude organisée ou sérieux problème d’organisation ? Face à ce trafic, tous les candidats témoignent d’ores et déjà de leurs inquiétudes quant à la crédibilité du scrutin.

Source: Rfi

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici