RCA : ne pas lire la paix entre les lignes, c’est un processus et un comportement

0
719
Centrafrique-Ngrebada-Ndjoni-Sango
Firmin Ngrebada premier ministre centrafricain@photo Erick Ngaba

Par William K. Feddy NDJAPOU, Analyste politique

Bangui 2 Août 2020—(Ndjoni Sango) : Depuis trois jours, les débats et controverses nationaux sur les réseaux sociaux et les médias traditionnels ont brusquement changé de cap, suite à la publication d’un procès-verbal émanant de la primature, dit de « huit-clos », entre le chef du gouvernement centrafricain, les garants, les facilitateurs et Ali Darassa, le leader du groupe armé UPC.

J’avoue n’avoir la prétention d’entrer dans le secret des dieux, tellement le contenu succinct du PV m’y oblige… Mais ce à quoi je crois : très certainement des explications, débats, négociations, contraintes auraient bel et bien été menés et dialogués longuement afin d’accoucher de ce résumé sommaire. Cinq (5) points ont émaillé l’ordre du jour ; neuf (9) engagements dont sept (7) du leader de l’UPC et deux (2) de la part du gouvernement ont été pris. A leur lecture, et comme quiconque de l’opinion publique dans son ensemble, je tenterais de me prononcer sur le bien-fondé d’une telle assise que je qualifie de salutaire.

Avant toute considération, il est utile de situer le lecteur que des antécédents similaires d’engagements ont été déjà menés avec d’autres groupes armés dans le cas d’espèce de huis-clos. Ils portent présentement des fruits satisfaisants dans la démarche toujours plus positive de rétablissement de la paix et du retour de la sécurité avec le redéploiement des FACA, la mise en œuvre du DDRR et la formation des USMS. Je citerai en exemple le cas de  Abdoulaye HISSEIN à Ndélé. Il parait donc absurde que de soi-disant leaders bondissent inopportunément sur le cas-ci, pensant qu’il s’agit peut-être d’un premier…

Je leur rappellerais simplement que le Premier Ministre, sur instruction du Président de la République Chef de l’Etat, agit ainsi dans un cadre régulier et défini de la mise en œuvre, du suivi et de la régulation de l’Accord de Khartoum.

  • DU CONTEXTE

Nul n’ignore la grande préoccupation de l’heure qui se centre autour de la tenue prochaine des élections cumulées : législative et présidentielle. Le gouvernement a donc le souci majeur d’en boucler le budget, de s’assurer de l’état des avancées de la sécurité sur l’ensemble du territoire de manière à permettre le libre déplacement des acteurs électoraux, enfin, ramener à la raison de gré ou de force la poignée des récalcitrants civils ou des groupes armés perturbateurs du processus. Ali Darassa et ses éléments entrent dans la mire de cette dernière catégorie.

  • DU CONTENU DES 07 ENGAGEMENTS DE L’UPC

– Ne pas enfreindre au déploiement de l’Autorité de l’Etat dans toute ses composantes. – Retirer immédiatement de Bambouti les troupes de l’UPC. – Ne pas avoir de contact avec le mercenaire Moussa Assymei. – Publier sans délai un communiqué de presse annulant la déclaration d’entente avec les 3 R. – Créer les conditions de lancement du DDRR avec l’UPC. –  S’abstenir de poser tout acte qui relève de la compétence régalienne du Gouvernement. – Soutenir le processus électoral en assurant la libre circulation des agents de l’Autorité Nationale des Elections et des différents acteurs.

Comment ne pas comprendre que le Gouvernement est dans son rôle, contraint à prendre toutes les dernières mesures pour faire aboutir les différentes échéances électorales ? Bien entendu, c’est aussi à la demande et aux inquiétudes des concitoyens.

Mais l’attitude contestataire vient toujours des mêmes individus qui, ayant assujetti leur parti ou leur association à leur tendance réfractaire aux actions gouvernementales, vocifèrent à tue-tête. Faut-il encore considérer leurs appréciations ?

A chaque pas posé, pour un oui pour un non, ils s’insurgent : haute trahison, démission du président, démission du premier Ministre, transition, concertation, constitutionnalité des institutions, report des élections et tutti quanti… Dieu merci, rien ne leur réussit : les Centrafricains sont devenus plus mûrs que leurs politiques pour tomber dans des traquenards politiciens.

Nom de Dieu ! Il est dit et répéter que l’Accord de paix de Khartoum avance et produit des résultats probants malgré les embûches que son exécution pose. Ceux-là n’osent jamais y croire, mieux ces avancées semblent les irriter, car pour eux, l’échec du gouvernement ferait leur bonheur argumentaire lors des élections… Quel comportement anti-citoyen ?

Cependant, le Gouvernement assume et s’assume. Il analyse sans cesse et mesure toute la portée nécessaire des défis que posent la faisabilité des élections libres et transparentes et s’y attellent. Les récents engagements pris lors de cet huis-clos résolvent l’avènement de la paix et la sécurité dans les dernières poches de résistance. Ils contraignent définitivement Ali Darassa, l’un des derniers leaders récidivistes des 14 groupes armés de départ, à rengainer son revolver et à se soumettre au respect de l’accord de Khartoum.

  • DU CONTENU DES ENGAGEMENTS DU GOUVERNEMENT

– L’installation de Monsieur Ali Darassa à Bambari à l’exemple de Sidiki Abass. – Le renforcement d’un mécanisme efficace de communication et de consultation permanente entre le Gouvernement et les leaders des ex groupes armés, l’UPC en occurrence.

Il est coutume qu’en toute négociation, l’on consent à quelques demandes de son vis-à-vis. Cependant, dans la mesure actuelle des avancées sur le terrain, au vu du retour quasi-total de l’Etat à Bambari et du positionnement stratégique des FACA dans toute la ville et ses environnants, l’on ne court aucun risque à un éventuel retour de Ali Darassa, à titre de résident, dans cette ville. D’ailleurs le cantonnement de ses troupes après leur retrait des villes et de Bambouti occupées suivrait automatiquement pour un démarrage tel que stipulé dans le PV du Huis-clos du DDRR au sein de son mouvement. L’enrôlement puis la formation de certains des éléments de l’UPC dans les USMSS peut ainsi commencer. Il est à noter que Darass sera protégé à Bambari par une garde républicaine qui lui sera affectée à titre de Conseiller à la primature et non par ces propres éléments. Alors pas de peur plus que de mal, chers opposants détracteurs ; la commande gouvernementale du PM Ngrébada s’assure avant d’agir.

  • DE LA PRESENCE DES GARANTS ET FACILITATEURS

La crise centrafricaine a une longue histoire tri décennale de médiation. Le gouvernement actuel s’en sert également pour éviter tout dérapage dans le processus de paix et de la réconciliation pour lequel il s’est résolument engagé. Il faut aussi relever que, généralement en cas de conflit armé, la présence des garants et facilitateurs est un atout capital pour rendre compte aux institutions internationales afin d’enclencher dans certains cas le processus de sanction disciplinaire unanime. Puisqu’il nous faut du temps, des moyens militaires, des ressources humaines compétentes et républicaines pour que les FACA s’autonomisent, le pays a encore besoin des casques bleus de l’ONU et de son aide administrative et financière pour appuyer les nôtres sur le terrain. Le témoignage des garants et facilitateurs est donc fondamental. Ainsi ils pourraient rendre compte de la mise en œuvre et du suivi des accords ou autres engagements à l’International. Ainsi va l’administration de l’ONU dans le monde.

  • DE LA STRATEGIE DE LA PAIX ET LA RECONCILIATION EN CENTRAFRIQUE

Il s’assume, notre Président TOUADERA, en dépit des anicroches tendues par les ennemis de la paix internes ou externes. En effet, dès le départ, il voudrait faire taire manifestement les armes par le dialogue franc et la négociation avec ceux qui les portent. La force et l’inévitable opération militaire pourrait venir qu’en assaut après que les récalcitrants n’eussent saisi l’occasion de la main tendue aux différents dialogues. Quoique certains compatriotes dubitatifs désapprouvent, ce qui est de leur droit en la démocratie soutenue par le Président lui-même et le Gouvernement, les résultats de cette politique a finalement préservé la RCA des affrontements sanguinaires, de la reprise de la guerre cyclique enregistrée depuis le régime Patassé.

« Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner cent victoires dans cent combats, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre » disait Sun Tzu, l’un des plus grands stratèges militaires que le monde ait connus.

Des 14 groupes armés de départ, peut-on compter ceux qui agissent encore aujourd’hui ? Même les pires opposants à cette stratégie bégaieront avant d’avancer un nombre : signe de l’efficacité du désarmement des cœurs qui a fait mordre la poussière aux plus rebelles.

La guerre coûte de l’argent et prend d’innombrables vies. Le Président est déprimé à chaque fois que le sang d’un centrafricain verse. Voilà pourquoi, il n’expose ni ses concitoyens dans une aventure de lutte armée, protège et forme l’armée, le tout sans tirer un coup sauf en cas de force majeure. Mieux vaut être plus malin que son ennemi en agissant sur ces forces et ces faiblesses. Et la faiblesse des groupes armés c’est le dialogue…

En définitive, nous pouvons dire merci au Président TOUADERA et son Premier Ministre NGREBADA. La paix, fuyante depuis trois décennies de violences infructueuses, est plus que jamais à la portée des Centrafricains sous leur houlette.

Sans armée au début du mandat, la logique de la guerre et d’affrontement était utopique au regard des rapports de force sur le terrain. Comprendre que le Président et ses gouvernements ont pu reconstruire en un temps record une nouvelle armée qui n’a perdu aucune bataille jusqu’à ce jour. Comprendre que malgré les embargos (sur les armes et sur le diamant), les difficultés de tout genre (naturelle, infrastructurelle, financière, économique) le pays a retrouvé une place dans le concert des nations fréquentables. Comprendre qu’à part quelques opposants nostalgiques, hypocrites et fossoyeurs des initiatives de développement engagé, le monde entier et les Centrafricains sont reconnaissants au régime de TOUADERA, approuvant les efforts titanesques déployés pour sortir le Centrafrique de la marge rouge d’une guerre vaine. Le développement du pays est enfin amorcé et se poursuit. Les conditions pour la justice, la manifestation de la vérité et la réconciliation sont en téléchargement… Les farouches porteurs d’armes sont mobilisés pour la paix, le DDRR et les USMS…

Vive le Gouvernement et le Président TOUADERA, l’Elu du peuple centrafricain.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici