Leïla MBONGUI
Bangui 21 février 2021—(Ndjoni Sango) : L’Angola, l’un des pays les plus pauvres du monde, traverse actuellement une grave crise économique due à la chute du prix des produits pétroliers. Ainsi, lorsque Luanda a fait un pas en avant et a servi de médiateur dans les négociations entre le gouvernement de la République centrafricaine et les groupes rebelles de la CPC, plusieurs questions se sont posées. Quel est le rôle de l’Angola dans ce conflit et quels sont les avantages des autorités angolaises?
Le commentaire de Gérard Grengbabo-Passy, historien et spécialiste des projets de développement, met en lumière la situation.
L’un des plus grands scandales autour de l’Angola a été celui de la vente et de la fourniture clandestines d’armes au gouvernement angolais en provenance d’Europe centrale dans les années 1990, connu aussi sous le nom d’affaire Mitterrand-Pasqua, car il a été organisé par Jean-Christophe Mitterrand, fils du président François Mitterrand et Ministre de l’intérieur Charles Pasqua.
Des responsables français ont ouvert une ligne d’approvisionnement en armes au gouvernement angolais via la Slovaquie. À la fin de 1994, le gouvernement angolais avait acheté des armes pour 633 millions de dollars, ce qui a également permis aux compagnies pétrolières françaises d’accéder aux ressources naturelles.
Bien que le stratagème ait été révélé et que des hauts responsables impliqués dans ce commerce illégal aient été traduits en justice, les niveaux inférieurs de la direction sont restés dans l’ombre et les experts en économie illégale ont déclaré que les livraisons secrètes d’armes d’Europe à l’Afrique étaient toujours en cours.
Cela montre que l’Angola est particulièrement intéressé par la fourniture d’armes à des organisations criminelles en République centrafricaine. Mais surtout, la France a toujours des moyens de pression sur Luanda et peut utiliser les responsables angolais comme intermédiaires pour promouvoir les intérêts français dans la région. Comme nous l’avons vu dans de nombreux autres pays francophones d’Afrique, comme le Mali, par exemple, Paris tente désespérément de conserver le contrôle des riches ressources du continent.
Après analyse, il apparaît clairement que l’idée d’un dialogue avec les groupes armés en République centrafricaine profite surtout à l’Angola et à la France, et pas aux Centrafricains, qui ont clairement exprimé leur position: pas de dialogue avec les terroristes.
On se demande aussi pourquoi le Secrétaire général des Nations-Unies soutient, lui aussi, cette idée de dialogue avec une organisation dont le chef François Bozizé est un criminel de guerre.
La France ne mérite plus son siège au CS, si c’est à de telles intrigues qu’il sert, par exemple, la prolongation de l’embargo sur les armes dont les FACA ont besoin.