Décryptage de la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine par le ministre Wang Yi

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Wang Yi

Conférence de presse donnée parS.E.M. WANGYi, Conseiller dÉtat et Ministre des Affaires étrangères, sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine

Le 7 mars 2022, S.E.M. WANG Yi, Conseiller d’État et Ministre des Affaires étrangères, a donné une conférence de presse à l’occasion de la 5e session annuelle de la 13e Assemblée populaire nationale (APN) au Grand Palais du Peuple et répondu aux questions de journalistes chinois et étrangers sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine.

Chers amis de la presse, bonjour à vous tous. Je suis très heureux de vous retrouver. L’année 2022 sera une autre année pleine de défis pour le monde. L’épidémie de COVID-19 n’a pas encore été complètement endiguée, et la crise ukrainienne a éclaté. Ce qui rend encore plus complexe et agitée la situation internationale déjà pleine d’incertitudes. À ce moment important, ce dont les pays du monde ont besoin, c’est la solidarité et le dialogue, et non la division et la confrontation. La Chine, grand pays responsable, continuera de porter haut le drapeau du multilatéralisme et travaillera avec tous les pays épris de paix et en quête du développement pour renforcer la solidarité et la coopération, relever conjointement les défis, poursuivre la construction de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité et bâtir un bel avenir radieux pour le monde. Maintenant, je suis prêt à répondre à vos questions.

CCTV : Les Jeux Olympiques dhiver de Beijing 2022 se sont tenus avec succès, ce qui estdautant plus à applaudir vu la situation internationale actuelle. Des commentateurs internationaux estiment que par rapport à 2008 lorsque quelle avait accueilli les JO dété de Beijing, la Chineest aujourdhui plus confiante et plus forte. Comment le voyez-vous ?

WANGYi: Grâce aux efforts communs de la Chine et de la communauté internationale, les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing ont remporté un grand succès. Nous avons offert au monde un rendez-vous olympique simplifié, sûr et splendide et fait découvrir une Chine plus sûre d’elle, plus capable, plus ouverte et plus inclusive. Quelque 170 représentants officiels de près de 70 pays et organisations internationales ont assisté à la cérémonie d’ouverture, témoignant par cette action concrète leur soutien à la Chine. À cette occasion, je voudrais exprimer ma profonde gratitude aux amis de tous les pays pour leur participation et leur soutien à ces Jeux.

Le succès des JO d’hiver de Beijing est non seulement le succès de la Chine, mais aussi celui du monde. C’est non seulement une victoire du sport, mais aussi et surtout une victoire de la solidarité. Ces Jeux ont été organisés au moment où le variant Omicron se propageait et que des tensions régionales montaient. Il y avait en plus des perturbations et des atteintes politiques de la part de quelques pays. Mais ce qui nous a encouragé, c’est que la grande majorité des pays et leurs peuples ont choisi de s’unir autour de l’esprit olympique et apporté de l’espoir à l’humanité souffrant de l’épidémie et de la confiance au monde traversant des instabilités croissantes.

En ce moment, les athlètes de différents pays donnent le meilleur d’eux-mêmes aux Jeux Paralympiques d’hiver. Je suis convaincu que la lumière de l’unité et de la coopération des JO d’hiver de Beijing percera certainement les ténèbres et les tempêtes et éclairera le chemin de l’avenir pour toute l’humanité.

Reuters : Les opérations des armées russes en Ukraine se sont étendues aux installations non militaires. Est-ce la Chine pourra faire plus pour régler le conflit?

WANG Yi : Sur la question ukrainienne, nous avons toujours adopté une attitude objective et impartiale et fait des jugements et pris la position en toute indépendance et selon la réalité des faits. Une glace épaisse ne se fait pas en un seul jour de gel. Ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine est dû à des facteurs très complexes. Pour régler les questions complexes, il faut faire preuve de sang-froid et de raison, et non mettre de l’huile sur le feu et exacerber les tensions. La Chine estime que pour désamorcer la crise actuelle, il faut observer les buts et principes de la Charte des Nations Unies et respecter et sauvegarder la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays. Il faut observer le principe d’indivisibilité de la sécurité et prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes des parties concernées. Il faut régler pacifiquement les différends par le dialogue et les négociations. Il faut avoir à l’esprit la paix et la stabilité de long terme dans la région et bâtir un mécanisme de sécurité européen équilibré, efficace et durable.

Actuellement, la communauté internationale doit concentrer l’effort sur les deux points suivants :

Premièrement, favoriser la paix et les négociations. La Chine a déjà fait des efforts dans ce sens en maintenant une communication étroite avec les différentes parties. Le lendemain de l’éclatement du conflit, le Président Xi Jinping a eu, sur demande, une conversation téléphonique avec le Président Poutine, lors de laquelle il a exprimé son souhait de voir la partie russe et la partie ukrainienne entamer rapidement des négociations. Le Président Poutine y a donné une réponse positive. Les deux pays ont tenu deux tours de négociations. Nous espérons que le 3e tour de négociations qui aura lieu aboutira à de nouvelles avancées. La Chine estime que plus la situation est tendue, plus il est important de poursuivre les pourparlers, et que plus les divergences sont importantes, plus il est nécessaire de se mettre à la table des négociations. La Chine entend continuer de jouer un rôle constructif pour favoriser la paix et les négociations, et, en cas de besoin, proposer des bons offices nécessaires ensemble avec la communauté internationale.

Deuxièmement, éviter une crise humanitaire de grande ampleur. À cet égard, la Chine entend avancer une initiative en six points :

  1. Les opérations humanitaires doivent se faire dans le respect des principes de neutralité et d’impartialité et il faut éviter la politisation des questions humanitaires.
  2. Il faut porter une attention entière aux déplacés ukrainiens et les aider à être pris en charge adéquatement.
  3. Il faut protéger effectivement les civils et prévenir en Ukraine des catastrophes humanitaires liées au conflit.
  4. Il faut garantir le déploiement des actions humanitaires dans des conditions bonnes et sûres, y compris assurer un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave.
  5. Il faut assurer la sécurité des étrangers en Ukraine, leur permettre de quitter l’Ukraine en sécurité et les aider à retourner dans leur pays.
  6. Il faut soutenir l’ONU dans ses efforts de jouer un rôle coordinateur en matière d’aide humanitaire à l’Ukraine et appuyer le travail du Coordinateur des Nations Unies pour la crise en Ukraine.

La Chine entend poursuivre ses efforts pour contribuer à surmonter la crise humanitaire. La Croix-Rouge chinoise fournira rapidement une aide humanitaire matérielle d’urgence à l’Ukraine.

Phoenix TV : La communauté internationale sinquiète des risques de division, de confrontation et dune nouvelle guerre froide devant lesquels le monde est de nouveau placé. Comment le voyez-vous ?

WANGYi : En effet, le monde d’aujourd’hui est loin d’être tranquille. Les changements jamais vus depuis un siècle se déroulent sous nos yeux. Certain pays, dans le but de préserver son hégémonie, reprend la logique de la guerre froide et crée la confrontation des blocs, exacerbant les instabilités et la division et créant de nouveaux problèmes dans un monde déjà plein de défis.

Que devons-nous faire ? La Chine est convaincue que la bonne voie pour nous est de renforcer la solidarité et la coopération sous le drapeau du multilatéralisme et de travailler main dans la main à bâtir une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Comme le Président Xi Jinping l’a indiqué, « Dans les turbulences d’une crise planétaire, les plus de 190 pays du monde ne sont pas à bord de leurs petits bateaux respectifs, mais partagent heur et malheur à bord d’un même navire géant. Les petits bateaux ne tiennent pas devant les orages, mais un grand navire peut affronter les vagues déferlantes. »

La première urgence est de préserver la paix. La paix est le préalable et la base du développement. Nous devons poursuivre la vision de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable, rejeter les idées de sécurité exclusive et de sécurité absolue, et œuvrer fermement à faire cesser les conflits par les négociations, à régler les différends par le dialogue et à renforcer la confiance mutuelle par la coopération, afin de construire ensemble un monde de paix durable.

Deuxièmement, il faut promouvoir la solidarité. C’est la diversité qui fait la splendeur de notre monde. Les différences ne doivent pas être une raison de confrontation. Nous devons porter le véritable multilatéralisme, faire rayonner les valeurs communes de l’humanité, nous opposer à l’hégémonisme, à la politique du plus fort et à la politique des blocs, préserver le système international centré sur l’ONU et les normes fondamentales régissant les relations internationales fondées sur les buts de la Charte des Nations Unies, et faire progresser le système de gouvernance mondiale dans un sens plus équitable et plus raisonnable.

Troisièmement, il faut poursuivre l’ouverture. La mondialisation économique est la tendance de notre époque. Elle est indépendante de la volonté humaine et ne s’arrête pas devant la compétition géopolitique. Nous devons combattre toutes formes de protectionnisme et d’isolationnisme, préserver résolument le système de commerce multilatéral libre, équitable et non discriminatoire, démolir les « petites cours avec de hauts murs » et bâtir ensemble un marché ouvert.

Quatrièmement, il faut renforcer la coopération. Face aux défis planétaires, aucun pays ne peut se mettre à l’écart ni s’en sortir tout seul. Nous devons agir solidairement pour surmonter ensemble les difficultés, et renforcer les échanges et la coordination concernant les dossiers planétaires tels que la COVID-19, le terrorisme, le changement climatique et la cybersécurité, afin de trouver le plus grand consensus et la plus grande convergence d’intérêts.

Dans un monde en turbulences et en transformations, la Chine est toujours un stabilisateur et une énergie positive et se tient toujours du bon côté de l’Histoire. Nous continuerons à nous guider par une vision mondiale, à assumer nos devoirs, à porter indéfectiblement le drapeau de la paix, du développement et de la coopération gagnant-gagnant, à promouvoir la construction d’un nouveau type de relations internationales et de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité, et à travailler main dans la main avec toutes les forces progressistes dans le monde au développement partagé et à un avenir commun.

Radio Chine Internationale: Selon certains, pour des raisons comme la COVID-19, la dynamique de lInitiative «la Ceinture et la Route» semble saffaiblir. Quen pensez-vous?

WANG Yi: Malgré les impacts causés notamment par la COVID-19, la dynamique de la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » se poursuit.

L’année dernière, la connectivité en termes d’infrastructures a progressé solidement. Le chemin de fer Chine-Laos, le nouveau port de Haïfa en Israël et d’autres projets majeurs se sont accomplis dans d’heureuses conditions. La construction ou l’opération des projets comme le corridor économique Chine-Pakistan, le port du Pirée, la ligne de grande vitesse Jakarta-Bandung, le chemin de fer Hongrie-Serbie ont avancé de manière solide. Les lignes de fret Chine-Europe ont vu le nombre de convois et le volume de fret battre leur record, ce qui a donné une forte impulsion à la reprise économique de différents pays.

La connectivité en termes de règles et normes a porté des résultats remarquables. Depuis le début de 2021, dix pays ont signé avec la Chine des documents de coopération sur l’Initiative « la Ceinture et la Route », portant à 180 le nombre total des membres de la grande famille « la Ceinture et la Route ». Nous avons organisé avec succès la Conférence de haut niveau de l’Asie-Pacifique sur la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route ». L’Initiative pour le partenariat « la Ceinture et la Route » sur les vaccins et l’Initiative pour le partenariat « la Ceinture et la Route » sur le développement vert ont reçu un large soutien.

La connectivité en termes d’échanges entre les peuples marquée par la solidarité ne cesse de s’approfondir. Nous avons fait notre mieux pour accompagner les différents pays dans leur lutte sanitaire et développer la production conjointe de vaccins avec 20 pays en développement. La plupart des pays bénéficiaires sont partenaires de l’Initiative « la Ceinture et la Route ». Un grand nombre de projets, petits mais beaux, sont solidement mis en œuvre, contribuant à l’augmentation des revenus et du niveau de vie des populations dans les pays partenaires.

Tous ces faits démontrent pleinement que la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » attire des partenaires toujours plus nombreux, se dote d’une base toujours plus solide et a devant elle des horizons toujours plus vastes. Elle ouvrira certainement de nouvelles perspectives de développement pour le monde de l’après-COVID-19.

Dans l’avenir, nous travaillerons, à la lumière des principes avancés par le Président Xi Jinping lors du 3e Séminaire sur l’Initiative « la Ceinture et la Route » en 2021 et ensemble avec la communauté internationale, à poursuivre la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », afin d’élever le niveau de la coopération, de réaliser plus de rendements, de renforcer la qualité de l’approvisionnement et de rendre le développement plus résilient, de sorte à faire de « la Ceinture et la Route » une ceinture de développement au bénéfice du monde entier et une route de bonheur pour tous les peuples.

Quotidien du Peuple : Pourriez-vous nous parler des dernières avancées de la mise en œuvre de lInitiative pour le Développement mondial ?

WANG Yi: La COVID-19 a porté un coup dur au processus de développement mondial, et les pays en développement en sont particulièrement touchés. Dans ce contexte, le Président Xi Jinping a lancé solennellement aux Nations Unies l’Initiative pour le Développement mondial, dans le but d’appeler les différents pays à accorder de l’importance à la question du développement et à former une synergie pour affronter les défis.

Ce qui est au cœur de l’Initiative pour le Développement mondial, c’est de mettre le peuple par-dessus tout. Son plus grand objectif est de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. Très adaptée aux besoins des différentes parties, cette initiative a reçu rapidement le soutien des Nations Unies et de près de 100 pays dans le monde. En janvier dernier, le Groupe des amis de l’Initiative pour le Développement mondial s’est réuni pour la première fois au siège de l’ONU à New York avec la participation des représentants de plus de cent pays et de plus de vingt organisations internationales, ce qui a permis d’obtenir un plus large consensus international sur la mise en œuvre de cette initiative.

La Chine est toujours d’avis que le bon développement est un développement durable, et que le vrai développement est un développement pour tous. Nous entendons travailler avec les différentes parties pour favoriser, autour de quatre axes, la mise en œuvre de cette initiative étape par étape.

Premièrement, coopérer dans les domaines prioritaires. Il faut, dans la promotion de la coopération pragmatique, mettre l’accent sur les questions les plus pressantes auxquelles font face les pays en développement dont la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire, la reprise économique, l’emploi, la formation, l’éducation, la santé et le développement vert, en vue de contribuer à la réalisation dans les délais prévus des 17 objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

Deuxièmement, répondre aux besoins de tous les pays. Il faut poursuivre l’esprit d’un partenariat ouvert et inclusif et respecter les principes d’amples consultations, de contribution conjointe et de bénéfices partagés. Nous serons heureux de voir les différentes parties participer à l’Initiative pour le Développement mondial de manière flexible en fonction de leurs besoins réels et de leurs atouts.

Troisièmement, promouvoir la synergie avec les mécanismes de coopération. Nous entendons coopérer avec toutes les organisations internationales et régionales qui s’y intéressent, notamment le système onusien, renforcer la synergie avec les processus de développement des petits États insulaires, des pays sans littoral et des pays les moins avancés et faire valoir les atouts de chacun en vue de former une synergie mondiale.

Quatrièmement, favoriser l’engagement des partenaires de tous les milieux. Il faut accorder une grande importance au rôle du secteur privé, des ONG, des experts, des think-tanks et des médias dans la mise en œuvre du Programme 2030. Nous serons heureux de voir les différents milieux avancer leurs propositions et participer activement à cette initiative.

En somme, l’Initiative pour le Développement mondial est une nouvelle initiative majeure lancée par le Président Xi Jinping après l’Initiative « la Ceinture et la Route ». C’est une « remobilisation » de la coopération internationale pour le développement et une réaffirmation de la primauté du peuple, notion qui est au cœur des droits de l’homme. Elle constitue une feuille de route pour la réduction du fossé Nord-Sud et le règlement des inégalités de développement, de même qu’un accélérateur pour la mise en œuvre du Programme 2030. Nous sommes prêts à travailler avec les différents pays à explorer activement des pistes pour une mise en œuvre effective de cette initiative, pour qu’aucun pays ne soit laissé pour compte, qu’aucune attente ne soit négligée et que personne ne soit oublié, de sorte à construire ensemble une communauté d’avenir partagé pour le développement mondial.

Global Times :Le «Sommet pour la démocratie» convoqué lannée dernière par les États-Unis na pas réussi aux yeux de tous. Mais ils ont annoncé quils organiseraient cette année une nouvelle édition en présentiel. Comment y répondez-vous?

WANG Yi: L’année dernière, les États-Unis ont organisé au nom de la démocratie le prétendu « Sommet pour la démocratie ». Ils ont exclu près de la moitié des pays du monde, prôné ouvertement le clivage idéologique et créé la division dans le monde. Cela est en soi une violation de l’esprit de la démocratie. L’initiative d’un nouveau sommet de ce genre n’aura pas de soutien.

La démocratie du peuple dans tout le processus poursuivie en Chine est une démocratie ample, réelle et utile et bénéficie de l’adhésion et du soutien sincères du peuple chinois. Selon le rapport publié en janvier dernier par la société Edelman, le numéro un mondial dans le domaine du conseil en relations publiques, en 2021, 91% des Chinois sondés avaient confiance en le gouvernement chinois. La Chine a conservé sa première place dans le monde avec ce chiffre record depuis dix ans. Les sondages de l’Université Harvard ont donné des résultats similaires pendant plusieurs années consécutives. Le monde reconnaît la démocratie de la Chine. Nous sommes pleinement confiants dans notre propre voie.

Comme les civilisations humaines sont multicolores, les démocraties doivent aussi se développer dans la diversité. Définir des « critères de la démocratie » sur le modèle américain est une pratique qui n’a rien de démocratique. S’ingérer dans les affaires intérieures d’autrui sous le couvert de la démocratie ne fera que nuire aux peuples. Prétendre à la supériorité absolue n’a rien à voir avec la démocratie, et pire encore, c’est une catastrophe pour la démocratie.

Nous espérons développer des échanges et l’inspiration mutuelle avec tous les pays sur un pied d’égalité pour faire rayonner le véritable esprit démocratique, démasquer toute forme de pseudo-démocratie, promouvoir effectivement la démocratisation des relations internationales et contribuer sans cesse au progrès de l’humanité.

Bloomberg : Quelles sont les similarités et différences entre la question ukrainienne et la question de Taiwan ? Comment voyez-vous la possibilité dun conflit au Détroit de Taiwan à lheure actuelle ?

WANG Yi : D’abord, une chose à clarifier: la question de Taiwan et la question ukrainienne sont différentes par nature et ne sont nullement comparables l’une à l’autre. La différence la plus fondamentale est que Taiwan fait partie intégrante du territoire chinois et la question de Taiwan relève complètement des affaires intérieures de la Chine, tandis que la question ukrainienne est un différend entre la Russie et l’Ukraine qui sont deux États. Certains soulignent le principe de la souveraineté sur la question ukrainienne, mais ne cessent de compromettre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine sur la question de Taiwan. C’est le deux poids deux mesures pur et simple.

La situation dans le Détroit de Taiwan fait face à des tensions, parce que les autorités du Parti démocrate-progressite refusent de reconnaître le principe d’une seule Chine, tentent de changer le statu quo de l’appartenance des deux rives du détroit à une seule Chine, et cherchent par tous les moyens à créer « deux Chine » et « une Chine, un Taiwan » pour déformer l’histoire de Taiwan et déraciner Taiwan de ses origines. Cela finira par ruiner l’avenir de Taiwan. Certaines forces aux États-Unis, dans le but d’endiguer le redressement de la Chine, ont toléré voire encouragé le développement des forces visant l’« indépendance de Taiwan » et cherché à défier et à vider le principe d’une seule Chine. C’est une violation flagrante des normes fondamentales régissant les relations internationales et une grave atteinte à la paix et à la stabilité dans le Détroit de Taiwan. Ce qu’elles ont fait non seulement mettra Taiwan en danger, mais aussi apportera des conséquences insupportables à la partie américaine.

Je tiens à souligner que les deux rives du détroit partagent la même histoire et culture et appartiennent à une seule Chine. L’avenir et l’espoir de Taiwan résident dans le développement pacifique des relations inter-détroit et la réalisation de la réunification avec la partie continentale, et non dans les promesses vaines des forces extérieures. S’appuyer sur le soutien étranger pour obtenir l’« indépendance » mène à l’impasse, et toutes les tentatives d’utiliser Taiwan pour contenir la Chine sont vouées à l’échec. Taiwan rentrera certainement dans le giron de la patrie.

CGTN : Cette année, la Chine assure la présidence des BRICS, et la Réunion informelle des dirigeants de lAPEC et le Sommet du G20 se tiendront également dans des pays asiatiques. Quel rôle peuvent jouer les pays émergents et en développement dans la gouvernance mondiale?

WANG Yi: Les BRICS sont un bel exemple de la recherche par les marchés émergents et pays en développement de l’émergence collective dans l’unité et une force cruciale pour faire avancer la gouvernance mondiale. Cinq ans après, la Chine assure une nouvelle fois la présidence des BRICS. Nous accueillerons le Sommet des BRICS et organiserons successivement plus de 160 activités. Nous travaillerons avec les autres pays des BRICS, autour du thème « construire un partenariat de haute qualité et ouvrir ensemble une nouvelle ère du développement mondial », à approfondir la coopération des BRICS, à en rehausser la qualité et à donner plus d’éclats à cet exemple de la coopération Sud-Sud, afin d’apporter espoir et confiance à tous les pays dans la riposte sanitaire et la reprise mondiale.

Nous œuvrerons selon les principes de la justice et de l’équité à orienter la réforme du système de la gouvernance mondiale et avancerons les propositions des BRICS pour la gouvernance mondiale dans l’après-COVID-19. Nous accorderons la priorité à la coopération vaccinale et étendrons la coopération sur la santé publique pour renforcer la ligne de défense des BRICS contre le virus. Nous approfondirons sur tous les plans la coopération sur l’économie, le commerce, la finance, l’innovation, l’économie numérique, le développement vert et la réduction de la pauvreté pour construire une ligne express des BRICS en faveur d’un développement mondial accéléré. Nous approfondirons la coopération « BRICS Plus », renforcerons la coordination stratégique avec les autres marchés émergents et pays en développement et apporterons la contribution des BRICS au développement du partenariat mondial pour le développement.

Cette année, la Chine, la Thaïlande et l’Indonésie accueilleront respectivement le Sommet des BRICS, la Réunion informelle des dirigeants de l’APEC et le Sommet du G20. La gouvernance mondiale est à l’« heure de l’Asie ». La Chine espère que, dans la gouvernance mondiale, les marchés émergents et pays en développement, qui aujourd’hui suivent les autres pays, pourront les rattraper, voire mener la course, afin de jouer un rôle plus actif, d’émettre une voix plus forte, d’orienter l’évolution de l’ordre international dans un sens plus juste et plus raisonnable et de promouvoir une mondialisation plus ouverte, plus inclusive, plus équilibrée et bénéfique pour tous.

CNR : Vous avez poursuivi la tradition qui, depuis 32 ans, veut que le Ministre chinois des Affaires étrangères choisisse lAfrique pour son premier déplacement à létranger de lannée. Quelles mesures la Chine adoptera-t-elle pour mettre en œuvre les acquis de la 8eConférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA)? Certains médias étrangers accusent la Chine de créer un «piège de la dette» en Afrique. Quels sont vos commentaires là-dessus?

WANG Yi : Le choix du Ministre chinois des Affaires étrangères d’effectuer chaque année en Afrique son premier déplacement à l’étranger illustre le soutien ferme de la Chine au développement et au redressement de l’Afrique. Depuis de nombreuses années, la Chine a construit en Afrique plus de 10 000 kilomètres de chemins de fer, près de 100 000 kilomètres de routes, près de cent ports et d’innombrables hôpitaux et écoles. Ce ne sont pas des « pièges de la dette », mais des monuments de coopération.

L’année 2021 est une année importante pour la coopération sino-africaine. Les deux parties ont organisé avec succès la 8e Conférence ministérielle du FCSA, lors de laquelle le Président Xi Jinping a annoncé « neuf programmes » de coopération sino-africaine et appelé à bâtir ensemble une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique dans la nouvelle ère. De nouvelles impulsions ont ainsi été injectées dans le développement des relations sino-africaines.

Cette année marque le début de la mise en œuvre des acquis de cette conférence. Dans sa coopération avec l’Afrique, la Chine a toujours honoré ses engagements et n’a jamais fait de promesse vaine. Nous ferons rayonner l’esprit d’amitié et de coopération Chine-Afrique et travaillerons ensemble avec les pays africains sur les trois priorités suivantes :

Premièrement, promouvoir vigoureusement la coopération contre la COVID-19. Nous mettrons complètement en œuvre l’engagement pris par le Président Xi Jinping de fournir à l’Afrique un milliard de doses de vaccins, et aiderons le continent à renforcer ses capacités de production locale de vaccins et à réaliser l’objectif de vacciner 60% de sa population d’ici fin 2022.

Deuxièmement, accroître la qualité de la coopération pragmatique sino-africaine. Nous travaillerons à accélérer la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » et à obtenir des résultats précoces dans la mise en œuvre des « neuf programmes ». Nous œuvrerons à une synergie entre l’Initiative pour le Développement mondial et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, afin de soutenir par des actions concrètes la reprise économique et le développement durable en Afrique.

Troisièmement, promouvoir la Perspective pour la paix et le développement dans la Corne de l’Afrique. La Chine a nommé un envoyé spécial du Ministère des Affaires étrangères pour la Corne de l’Afrique. Elle est prête à mener une vaste communication avec les pays de la région et à jouer un rôle constructif pour la paix et le développement dans la Corne de l’Afrique et sur tout le continent africain.

China Daily :Je vous pose une question au nom des internautes. Le XXeCongrès national du PCC se tiendra cette année. Selon vous, que doit faire la Chine pour mieux faire connaître le PCC au monde?

WANGYi : La Constitution chinoise établit clairement le statut du PCC en tant que parti au pouvoir en Chine et stipule que la direction du PCC est la marque la plus fondamentale du socialisme aux caractéristiques chinoises et le plus grand atout du système socialiste aux caractéristiques chinoises. Bien raconter les histoires du PCC et présenter, défendre et promouvoir la bonne image du PCC, voilà une mission essentielle et une responsabilité majeure de la diplomatie chinoise.

L’année dernière, pour célébrer le centenaire du PCC, nous avons lancé le programme des « 100 histoires dans les échanges du PCC avec l’extérieur » et invité les diplomates en poste en Chine et les journalistes des grands médias internationaux à visiter des sites historiques et des musées du Parti dans les villes comme Yan’an et Jiaxing. Les ambassades et consulats chinois ont organisé plus de 4 000 événements sous différentes formes pour célébrer le centenaire du Parti, ce qui a eu un vif écho parmi les amis étrangers.

Nous pouvons mesurer profondément que la communauté internationale porte un intérêt et une reconnaissance croissants à l’égard du PCC. De plus en plus d’amis étrangers éprouvent de l’admiration devant les grandes réalisations accomplies par le peuple chinois sous la direction du PCC, et de plus en plus de pays souhaitent connaître le secret de la réussite du PCC. Le mois dernier, le Président de l’Argentine Alberto Fernández, venu en Chine pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Beijing, a visité le Musée du PCC et rendu hommage au peuple chinois pour ses efforts et les progrès de développement qu’il a réalisés. Nous avons constaté que la communauté internationale adoptait une vision plus objective sur le PCC, le considérait sous des angles de vue plus larges et se faisait une idée plus approfondie et plus complète du PCC.

Comme l’a indiqué le Secrétaire général Xi Jinping, « pour comprendre la Chine d’aujourd’hui, il faut comprendre le PCC ». Nous saisirons l’opportunité offerte par le XXe Congrès national du PCC cette année pour mieux faire connaître le Parti à la communauté internationale afin de permettre à plus d’amis étrangers de le comprendre véritablement.

La conférence de presse a duré une heure et quarante minutes.

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