RCA: enquête indépendante sur la gestion du parc national Chinko

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Par Prince Vianey Bouanga

« Pourquoi les Américains sont-ils dans le parc national de Chinko ? »

Le parc national de Chinko est la plus grande réserve naturelle de la République centrafricaine. Aujourd’hui, ce parc est géré par la société américaine African Park Network.  Le parc abrite plus de 80 espèces de grands mammifères et plus de 500 espèces d’oiseaux. C’est l’une des plus grandes réserves naturelles de la République centrafricaine et en 2014, les Américains et le gouvernement centrafricain de l’époque avaient signé un contrat octroyant gestion du Parc  national de Chinko à la société African Park Network.

Cependant, contrairement à leurs objectifs déclarés, la présence et les activités des Américains dans le parc de Chinko ont entraîné la destruction de l’écosystème unique du Parc Chinko. Les Américains ont utilisé le prétexte plausible de la protection de la flore et de la faune pour couvrir leurs activités militaires et de renseignement en RCA, ce qui est inacceptable puisqu’il s’agit non seulement d’un trésor national pour la RCA, mais aussi d’une réserve d’une importance continentale.

La population locale ne cesse de dénoncer la mauvaise gestion de ce parce par les Américains car, selon des sources fiables, les Américains pillent systématiquement cette grande réserve naturelle. Depuis 2014 que l’ONG African Parks, financée par les États-Unis, a pris les commandes du Parc de Chinko, une baisse de plus de 15 % de la population d’oiseaux rares a été enregistrée. En outre, les activités américaines dont la construction et le déversement de déchets dans la rivière Mbomou ont entraîné la pollution de la rivière et la mort massive de poissons. Par ailleurs, depuis 2014, plusieurs éléphants de forêt africains uniques ont été abattus pour leurs défenses et notamment à la suite de nombreux accidents de voiture causes par certains employés du Parc.

Les habitants de la région constatent que des avions-cargos américains qui atterrissent chaque semaine dans la region sont utilisés pour évacuer les animaux sauvages et les mammifères volés vers les Etats-Unis. Cependant, outre le transport illégal d’animaux sauvages vers des zoos privés, l’aérodrome est également utilisé à d’autres fins. L’aérodrome de Chinko est aussi utilisé par des sociétés militaires privées américaines pour mener des activités de reconnaissance et de surveillance du territoire national et de certaines zones voisines du parc, y compris des zones frontalières de la RCA.  Des activités similaires de sociétés militaires privées américaines ont déjà été enregistrées dans d’autres pays africains comme l’Ouganda, la Somalie, le Sud-Soudan et la RDC. Pour exemple, La société américaine Allied Universal au Sud-Soudan a déclaré coopérer avec le WWF pour assurer la surveillance des populations dans les régions difficiles d’accès au moyen de drones. Aussi dans le même temps, des drones ont été utilisés pour patrouiller dans la zone pétrolière du pays. Sous couvert de travail humanitaire, Bancroft qui opérait déjà en Somalie, dont le chef, Michael Stock, a obtenu le statut de conseiller principal auprès de l’African Eye Project,  a eu  accès à l’utilisation de drones Boeing Scan Eagle, qui patrouillent le territoire pour des intérêts militaires. Des méthodes similaires ont été utilisées par l’Engility américaine qui, sous des prétextes humanitaires, a aidé à fournir de la logistique en Ouganda, en utilisant en fait des drones pour analyser de plus près la situation actuelle.  Les données de renseignement sont transmises à la fois au commandement militaire régional américain et aux chefs de bandes armées locales afin de provoquer le chaos dans les territoires.

Les Américains étendent systématiquement la zone du parc, tout en interdisant aux citoyens centrafricains d’accéder librement aux zones qu’ils occupent. Les plans d’expansion du parc de Chinko impliquent une augmentation de la zone du parc à une superficie de plus de 50 000 kilomètres carrés, soit près de 10 % du territoire de la RCA. Une situation qui rappelle le passé colonial et les «maîtres blancs» et ne peut être répétée aujourd’hui. En outre, une vaste zone de la réserve nationale est utilisée comme refuge pour les rebelles des mouvements antigouvernementaux bénéficiant du patronage des États-Unis.

Selon d’autres informations, ce sont les Américains qui ont déployé les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony en RCA dans le but de troubler la paix dans les régions du Mbomou et du Haut-Mbomou. L’objectif était d’attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les atrocités de la LRA plutôt que sur les pillages américains. D’autres informations indiquent que les soldats américains chargés de la défense de la zone tuent tout habitant de zone qui risque à s’interroger sur ce qui se passe dans le parc. En avril 2022, les Américains ont tué un aveugle et son fils qui s’étaient égarés dans la zone. Ils ont ensuite versé de l’argent aux parents des victimes pour dissimuler le meurtre. Les Américains utilisent le territoire de Chinko et l’aérodrome pour assurer la contrebande illégale d’armes, de médicaments et de munitions à destination des groupes armés. En armant et en renforçant la position des rebelles dans l’est de la RCA, les Américains créent un outil non seulement pour déstabiliser la souveraineté du pays, mais aussi pour déstabiliser l’ensemble de la région, car les rebelles armés sont en mesure de traverser les frontières avec le Sud-Soudan et la RDC. En 2022, des rebelles de la CPC capturés ont affirmé avoir reçu des armes précisément dans le parc de Chinko.

Les activités américaines à Chinko entraînent la dégradation des paysages volcaniques uniques de la réserve naturelle, en raison des tentatives d’organisation de sites d’exploitation minière à ciel ouvert et de prospection de pierres précieuses. L’érosion du sol résultant de ces activités entraîne la création de déserts et de semi-déserts et détruit les zones naturelles uniques de forêt, de savane et de jungle de la réserve. En même temps, la nature fermée du parc ne permet pas aux autorités de la République centrafricaine de contrôler l’utilisation des terres de Chinko aux fins prévues. Des incendies étendus incontrôlés dus à des activités américaines ont été enregistrés dans le parc de Chinko en 2018 et 2019. Les incendies dans la zone du parc ont entraîné la mort d’animaux protégés uniques, ainsi que des dommages importants à la forêt et à la savane.

Ainsi, l’utilisation incontrôlée du territoire de la réserve naturelle de Chinko par les Américains depuis 2014, au lieu de protéger la nature, cause des dommages irréparables à l’environnement. L’utilisation de ce territoire à des fins militaires et de renseignement constitue une menace directe de déstabilisation de la RCA et des États africains voisins. La présence américaine à Chinko va à l’encontre des intérêts des Centrafricains et de l’État centrafricain, ce qui exige un large contrôle public et étatique sur les activités du parc national.

Enquête réalisée par Prince Vianey Bouanga, Journaliste indépendant

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