La France mène une guerre de l’information en Centrafrique

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Les instructeurs russes aux côtés des forces armées centrafricaines sur le front près de la ville de Bossembelé en décembre 2020 @crédit photo Erick Ngaba

Par Erick NGABA

Bangui 19 mai 2021—(Ndjoni Sango) : Récemment, un reportage vidéo est sorti chez le média américain Vice Média sur la Centrafrique intitulé La République centrafricaine enrôle les Russes dans sa guerre contre les rebelles. Le reportage par la journaliste Julia Steers consiste des interviews des Centrafricains, des gens simple au ministre de la Défense nationale, qui donnent leurs opinions sur la participation des Russes dans la lutte contre les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement.

En effet, le reportage s’est avéré être plutôt objectif. Beaucoup, comme le préfet de Bouar, sont reconnaissants aux Russes pour leur soutien militaire et trouvent que c’est grâce à eux que la paix se restaure dans le pays ; d’autres, moins nombreux, se méfient des instructeurs russes mais n’en citent pas les raisons.

En tant que Centrafricain et un journaliste, je sais pour de vrai que cela reflète la situation réelle de l’opinion publique sur la présence russe.

Cependant, aujourd’hui, un nouvel article par cette journaliste est sorti portant sur le même sujet. Et là, la tonalité est complètement différente. Ce papier présente aussi des témoignages de trois Centrafricains, dont la fiabilité est toutefois doutable.

Et pour cause : les noms des témoins dans l’article ont été changés et leurs photos ne nous laissent voir que des silhouettes noirs ne permettant nullement de distinguer la personne. Celles-ci racontent des cas d’exactions commis par les Russes en RCA : des brutalités, des viols, et même des meurtres.

La question qui se pose inévitablement est de savoir pourquoi ces témoignages n’ont-ils pas été inclus dans le reportage initial ? Pourquoi tant d’efforts pour cacher les identités des témoins ?

Il est clair comme le jour que ce changement d’attitude et la parution de la suite au reportage ne sont pas survenus par eux-mêmes. Car généralement, les journalistes décents annoncent leurs matériaux connexes dans leur premier reportage, mais ce n’est pas le cas ici. C’est pour cette raison que je suis certain que les journalistes de VICE responsable pour le reportage ont été influencés par quelqu’un qui n’était pas satisfait de l’angle sous lequel le reportage initial avait été produit.

Je trouve fort probable que les intérêts des Français sont mêlés dans l’affaire. Bien que le média soit localisé aux Etats-Unis, il appartient à un Français du nom Matthieu Pigasse qui a des liens étroits au gouvernement français. Comme preuve, il a commencé sa carrière à la Trésorerie en 1994 et a ensuite occupé le poste de chef de cabinet du ministre des Finances Laurent Fabius de 2000 à 2002. Il est donc logique de supposer que son média servirait d’outil de promotion et défense des intérêts politiques français.

Le reportage plutôt neutre n’a probablement pas plu à la partie française qui considère la Russie en tant que son principale adversaire en Centrafrique. Tout fait penser que Julia Steers aurait été approchée par des représentants du gouvernement français et aurait été forcée de compléter le matériel avec des  informations visant à noircir la réputation des Russes en RCA. Même si ces dernières sont fausses et inventées.

Cette version des événements semble d’autant plus probable qu’un nombre de Centrafricains racontent avoir eux-aussi été contactés par des Français qui leur essayaient de faire dire des calomnies à propos des Russes pour de l’argent.

Nous voyons donc que la désinformation, les propos mensongers et la corruption ne sont pas étrangers pour les Français en République centrafricaine, et surtout lorsqu’il s’agit de ternir la réputation de leurs rivaux politiques.

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